Alors qu'il s'apprête à
prendre la relève d'Olivier Baroux en réalisant le cinquième opus
de l'interminable saga de la famille Tuche, Jean-Paul Rouve à depuis
maintes années prouvé son éclectisme en matière d'artiste. Qu'il
s'agisse des diverses bouffonneries dont il fut l'un des initiateurs
au sein de la troupe des Robins des bois, de ses diverses apparitions
sur grand écran entre drames et comédies, l'homme ne cesse
d'étonner. Comme en 2014, justement. Entre le téléfilm de Pierre
Aknine '' Ce soir je vais tuer l'assassin de mon fils '' et la
comédie '' Les nouvelles aventures d'Aladin '' d'Arthur Benzaquen,
l'ancien '' Monsieur Orange '' allait nous servir un met de choix à
travers l'émouvante histoire de Madeleine, de son fils Michel et de
son petit-fils Romain (auxquels nous ajouterons dans une moindre
mesure l'épouse du second, Nathalie, interprétée par Chantal Lauby
ou Karim, incarné par William Lebghil). '' Les souvenirs '' mêle
divers états d'âme. Ceux des héros, justement. D'abord celui de
Michel, tout jeune retraité de la fonction publique qui vit mal sa
nouvelle situation. Celle de Madeleine ensuite, qui sur décision
générale de ses trois fils va découvrir qu'ils ont décidé de la
placer en maison de retraite et de mettre en vente son appartement.
Enfin, celle du petit dernier de la famille qui désespère de
trouver l'élue de son cœur. Ajoutons un colocataire addict aux jeux
vidéos qui tente lui aussi par tous les moyens (même les plus
improbables) de trouver chaussure à son pied ou une épouse qui, au
contact d'un Michel apparemment indifférent, s'ennuie au point de
monter un subterfuge contre lui consistant à le faire réagir !
Autant la joie
s'exprime-t-elle à travers l'éternelle positivité de la géniale
actrice et chanteuse belge Annie Cordy, autant Michel Blanc semble
ici capable d'une hypocrisie démesurée tout en décrivant de
manière forcément caricaturale, tout ce qui est de près ou de loin
en rapport avec un hypothétique burnout à venir. Michel le mal
aimé, qui se croit responsable de tous les maux tout en étant
objectivement responsable d'une majeure partie d'entre eux.
Madeleine, sans être véritablement le personnage central du récit
puisque la quasi totalité des séquences sont surtout
majoritairement accompagnées par la présence à l'image du très
convaincant Mathieu Spinosi, reste cependant celle dont les
spectateurs se souviendront le plus longuement. Sans être tout à
fait au crépuscule de son existence, Annie Cordy interprète une
Madeleine bouleversante, aidée en cela par une mise en scène et une
direction d'acteurs toutes en nuance et en sincérité de la part
d'un Jean-Paul Rouve qui délaisse son ton parfois absurde pour nous
offrir une très belle tranche de vie entre divers représentants
d'une même famille. S'il s'offre le tout petit rôle de Philippe,
c'est d'ailleurs pour mieux laisser la place à ses interprètes de
s'exprimer. Doux et sans véritable amertume, '' Les souvenirs '' est
un beau film qui prend soin de chaque personnage et donc de chacun de
leurs interprètes. Même lorsque le réalisateur et scénariste qui
adapte en sa compagnie, l'ouvrage éponyme de David Foenkinos, se
laisse aller à quelques idées d'écriture absurdes comme à travers
le personnage de la directrice de la maison de retraite interprétée
par Audrey Lamy. Un grand OUI...
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