L'employée du mois
de
Véronique Jadin avait tout pour être un ''grand petit film''. Des
origines belges et un sujet pas vraiment neuf mais qui permet
généralement de savoureuses situations. De celles dont s'abreuvent
celles et ceux qui en ont marre de bosser depuis des décennies dans
la même boite tout en ne bénéficiant jamais de la moindre
reconnaissance. C'est un peu ce qui arrive à l'héroïne de ce
long-métrage dont la principale qualité est sa courte durée. Une
heure, quatorze minutes et une poignée de secondes ! Ce qui au
vu du résultat est très largement suffisant. Que peut-on ou que
doit-on attendre de ce genre de proposition ? Une succession de
meurtres gratinés. Des punchlines qui défrisent. Bref, le genre de
choses auxquelles l'on n'ose généralement pas rêver s'adonner
soit-même histoire de ne pas se retrouver à pointer au chômage ou
finir entre les quatre murs d'une cellule de prison. Mais cette
petite gâterie que prétend être L'employée du
mois
est d'un goût douteux. Sans presque aucune saveur, d'une linéarité
et d'un attentisme qui frisent littéralement l'ennui. Confié à
Rémy Belvaux, André Bonzel, Benoît Poelvoorde et un certain nombre
de leurs compatriotes, le scénario et la mise en scène auraient
fait des merveilles. Le problème avec Véronique Jadin, c'est
qu'elle retient chacun des coups qu'elle porte à celles et ceux que
l'on considérera immédiatement comme faisant partie des
antagonistes. De la patronne de société de vente de produits
d'entretien (l'actrice Laurence Bibot) jusqu'au supérieur direct de
l'héroïne (Peter Van den Begin dans le rôle de Patrick) en passant
par un duo de personnages totalement inutiles et surtout, le beauf de
service interprété par le ''sosie''
de l'acteur britannique Hugh Grant, Alex Vizorek (dans le rôle de
Nico). L'héroïne, prénommée Inès, est quant à elle interprétée
par l'actrice Jasmina Douieb qui dans la journée de galère qui se
profile sera ''assistée''
par la stagiaire Melody qu'incarne Lætitia Mampaka. L'exercice
faisant forcément appel aux grandes lignes du machisme et de la
misogynie d'où découlent en premier lieu les inégalités
salariales, L'employée du mois
cultive tout d'abord l'idée d'un rabaissement systématiquement de
la femme à laquelle échoit les tâches les plus ingrates :
préparer le café, changer les rouleaux de papier-toilette, etc...
Mais
aussi parfois dans certaines circonstances comme celle-ci,
l'essentiel du travail qu'Inès abat à elle-seule sans jamais
pouvoir rien attendre en retour. C'est alors que survient l'accident.
Patrick meurt dans d'ubuesques, accidentelles et sanguinaires
circonstances. Et comme Melody et Inès imaginent qu'elles seront les
premières à être suspectées, elles choisissent de faire
disparaître le corps ! Pour en arriver là, il va falloir
patienter vingt-cinq longues, très longues minutes. Soit, un tiers
du long-métrage. Cela peut paraître insignifiant mais malgré tout,
le sentiment d'avoir perdu son temps devant les épisodes les plus
pénibles de la série télévisée Caméra café
est
des plus concret. Une impression qui se généralise même lorsque
interviennent les situations censées donner au film son cachet de
comédie noire. Toute tentative est ici vouée à l'échec en raison
d'un rythme en total diapason avec le vain projet de transformer une
situation déjà désespérée en descente aux enfers prônant malgré
tout le burlesque. L'employée du mois situe
la totalité de son action dans les locaux d'une petites entreprises
peuplée d'individus tous plus exécrables les uns que les autres.
Réalisé mais également écrit par Véronique Jadin qui s'adjoint
pour l'occasion les services de la scénariste belge Nina Vanspranghe
(qui à son actif n'a pour l'instant que l'écriture du court-métrage
d'Aude Verbiguié, Stay Quiet Please
et cinq épisode de la série Plus belle la vie),
L'employée du mois
rate complètement l'objectif que ses auteurs semblaient pourtant
ambitionner de lui offrir. L'humour grinçant est abandonné au
profit d'un récit soporifique et dénué de tout tempo et de toute
originalité. De la pâlotte mise en scène découle une
interprétation mollassonne. Les enjeux sont pourtant nombreux. De
l'arrivée d'une inspectrice du fisc (Ingrid Heiderscheidt dans le
rôle de Van Duyne) jusqu'aux meurtres dont l'un, au moins, n'est
pourtant absolument pas justifié, en passant par les diverses mises
en situation (les employés passant et repassant sans cesse à
proximité du lieu du crime), la promesse de passer un moment de
franche rigolade tombe malheureusement à l'eau !
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