Janvier 2023. Le premier
long-métrage de la réalisatrice française Sophie Boudre sort sur
les écrans. Il s'intitule Un petit Miracle
et, comme je l'indiquais il y a quelques mois dans un article qui lui
était consacré, le film n'était pas franchement fou ni réellement
original. Après les œuvres portant sur des sports collectifs
intégrant des catégories d'individus dits ''minoritairement
représentés'' (homosexuels, déficients mentaux, etc...), l'un des
concepts dont se sont emparés certains scénaristes et réalisateurs
porte désormais sur les maisons de retraite, les Ehpads
ainsi que sur leur résidents. Pourquoi pas. Nos vieux ont eux aussi
droit à leur moment de gloire. Sophie Boudre et ses deux scénaristes
Sarah Kaminsky et Julie Manoukian imaginaient une classe de jeunes
élèves intégrant les locaux d'une maison de retraite après que
l'école du village soit partie en fumée. Une cohabitation forcée
entre ses résidents et de jeunes têtes blondes pas vraiment
convaincante ! Les grands (et les petits) esprits se
rencontrant parfois ponctuellement sur grand écran, Andréa Bescond
et Éric Métayer voient leur second projet en commun sortir dans les
salles obscures trois mois plus tard. Écrit et réalisé par le duo
de metteurs en scène, scénaristes et comédiens, Quand
tu seras grand
aurait tout l'air de s'être inspiré du long-métrage de Sophie
Boudre s'il ne s'agissait pas d'une pure coïncidence. Car en effet,
le récit situe une nouvelle fois son action dans une maison de
retraite dont les pensionnaires vont devoir partager le réfectoire
avec une classe d'élèves dont certains vont s'avérer
particulièrement agités. Autant dire que d'emblée, à la lecture
du synopsis, on n'a pas trop envie de se plonger dans ces aventures
principalement interprétées par Vincent Macaigne et Aïssa Maïga.
Si c'est pour se retaper pour la seconde fois une histoire de
cohabitation entre les pensionnaires d'une maison de retraite et des
gamins pour tout à fait disciplinés, non merci. Et pourtant, les
nombreux défauts qui empêchèrent Un petit
Miracle
de devenir l'une des meilleures comédies de ce début d'année
semble avoir totalement échappé au long-métrage de Andréa
Bescond et Éric Métayer. Tout ne semblait cependant pas gagné
d'avance. Bien que Vincent Macaigne dans le rôle de l'interne
Yannick et Aïssa Maïga dans celui de l'animatrice Aude fassent le
taf, il manque tout d'abord à Quand tu seras
grand,
cette touche d'originalité que ne parvient même pas à
contrebalancer l'énergie déployée par l'un et l'autre.
Sans
mauvais jeu de mots (parce qu'il ne faudrait pas systématiquement
penser qu'un film avec des ''vieux'' sent forcément le formol), le
film souffre de rhumatismes scénaristiques qui nuisent tout d'abord
au bon cheminement du récit. Comprendre par là que parmi les
spectateurs, certains des moins patients risquent de couper court à
l'aventure bien avant que le véritable intérêt de l'histoire ne
s'y exprime enfin. Car, allez savoir pourquoi, ce qui jusque là ne
semblait être que l'observation des dégradations d'un lieu de vie
regroupant nos aînés et l'affrontement de l'un de ses employés
avec une animatrice au fort caractère se mue en une toute autre
histoire. La présence du jeune Kristen Billon dans le rôle de
Brieuc n'y étant pas tout à fait étrangère, ce jeune ''rebelle''
d'une dizaine d'années, amateur de skateboard mais pas de discipline
va être au centre d'un récit profondément émouvant touchant
principalement l'un des résidents de la maison de retraite prénommé
Yvon. Un rôle remarquablement interprété par Christian Sinniger
dont le nom est certainement moins connu que la trogne mais auquel le
film semble rendre hommage en lui offrant un rôle dur et poignant.
Le déroulement de Quand tu seras grand
s'avère donc étonnant. Comme si ses auteurs s'étaient rendus
compte en cours de route que leur scénario ne tenait pas vraiment la
route ou ne reposait que sur de fragiles acquis. On sourit tout
d'abord à peine devant des scènes qui même parfois sont
malaisantes à force de montrer l'état des lieux ou l'abandon des
pensionnaires par leur propre famille. Ne parlons même pas des
moyens dérisoires mis entre les mains des employés. Le sujet est
survolé grâce à un Vincent Macaigne qui agit comme une véritable
boule d'énergie mais n'est jamais réellement approfondi. L'arrivée
de Christian Sinniger et du jeune Kristen Billon va changer la
donne et transformer cette comédie sociale au départ tout à fait
anodine en un concentré d'émotions qui mettent en valeur l'écriture
et la sensibilité des auteurs et de leurs interprètes. Nous
pensions tomber sur une comédie, nous avons eu à ,faire avec un
drame larmoyant dans ce que le terme peut avoir de moins péjoratif !
Si Vincent Macaigne et Aïssa Maïga forment un duo amusant, voire
attachant, Christian Sinniger et Kristen Billon (sans oublier Evelyne
Istria qui dans le rôle de Gigi incarne une compagne hémiplégique
d'Yvon plus vraie que nature) campent un tandem attendrissant et
même, parfois, bouleversant...
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