Juste ciel... pourrions-nous nous écrier devant cette indigence dont
le titre est d'autant plus proche du ressentiment qu'évoque son
contenu qu'il étonne plus ou moins lorsque l'on remonte le fil de la
filmographie de son auteur. Car Laurent Tirard, dont les trois
derniers longs-métrages étaient franchement très encourageants au
regard d'un cinéma humoristique français périclitant, n'a pas
toujours été prompt à signer des comédies de qualité. Sans pour
autant penser aux deux premières adaptations du Petit Nicolas
de René Goscinny et Jean-Jacques Sempé, Laurent Tirard démontra
qu'il était capable du pire en signant le piteux Astérix
et Obélix : au service de Sa Majesté en
2012. Après Un homme à la hauteur
en 2016, Le retour du héros
en 2018 et Le discours
en 2020, le réalisateur français nous revient avec une comédie
franchouillarde que l'on croirait presque sorti de l'esprit
démesurément désuet de Michèle Laroque. Alors que jusqu'à
présent Laurent Tirard s'était entouré de Grégoire Vigneron à
l'écriture des scénarii de ses précédents films (en dehors du
Discours
qui reposait à l'origine sur le roman éponyme de Fabrice Caro), il
confie celui de Juste ciel ! à
Cécile Larripa et Philippe Pinel. Une ''chance'' pour ces deux là
qui ne réussissent malheureusement pas à la saisir. Avant cela,
d'un côté comme de l'autre, ils ne travaillèrent que sur une
poignée de courts-métrages. D'emblée, le nouveau long-métrage de
Laurent Tirard ne fait absolument pas mystère de son accointance
avec le pire de la comédie hexagonale et s'en va rejoindre non plus
la pléthorique liste des purges qui sont produites et réalisées
depuis des années sur le sol français mais bien ce que l'on avait
coutume d'appeler des ''comédies franchouillardes'' dans le courant
des années soixante-dix et quatre-vingt. Consciemment ou pas,
Laurent Tirard s'en va rejoindre les Max Pécas, Michel Gérard et
autre Philippe Clair du cinéma le plus populaire qui soit, signant
une excroissance à ce cinéma que l'on pensait perdu et oublié à
tout jamais. Un film quasiment cent pour cent féminin où la
masculinité n'est représentée que par Jean-Michel Lahmi qui
interprète le Père Abbé et François Morel qui lui, interprète
monsieur Pierre. On pourrait aussi évoquer Henri Guybet qui à une
certaine époque était l'un des parangons de la comédie
franchouillarde de qualité (les second et troisième volets de la
trilogie La septième compagnie)
mais celui-ci ne fait qu'une courte apparition dans le rôle d'un
pensionnaire d'Ehpad. Ce mouroir qui depuis la sinistre affaire Orpea
semble vouloir se rappeler au bon souvenir des scénaristes qui
depuis exploitent ces lieux de fin de vie où patientent jusqu'à la
mort nos anciens (Maison de retraite de
Thomas Gilou)...
Le
troisième âge étant ''à la mode'', l'on remarquera tout de même
qu'il est difficile d'envisager d'exploiter ses représentants
ailleurs que dans des productions qui produisent autant de
désagréments que cette inconfortable odeur de rance que dégagent
les vielles armoires ! Juste ciel !
ne déroge malheureusement pas à cette règle et la présence au
générique de Valérie Bonnetion, de Camille Chamoux, de Claire
Nadeau (dont les scénaristes exploitent désormais sa capacité à
faire silence ou exprimer sa pensée sous forme de borborygmes comme
dans le cas de la franchise Les Tuche)
ou de Guilaine Londez (l’irrésistible secrétaire de Richard Berry
dans Une journée de merde
de Miguel Courtois en 1999) dans le rôle de religieuses n'y changera
rien et aura même tendance à appuyer là où ça fait mal. Ici,
aucune profondeur. On est dans la comédie d'entrée de gamme que
l'on trouvera sans doute bientôt à l'entrée des caisses de
supermarchés au format DVD
pour
une poignée d'euros. Pour sauver l'Ehpad du petit village de
campagne où Mère Véronique et ses nonnes sont installées,
celles-ci décident de participer à une course de cyclisme lors de
laquelle le vainqueur remportera la somme de trente-cinq mille euros
et une visite à Rome. De quoi satisfaire le rêve de Mère Véronique
dont l'objectif est d'y rencontrer le souverain pontife et d'empocher
l'argent qui permettrait de rénover l'Ehpad. Malheureusement pour
elle et les sœurs Augustine, Bernadette, Béatrice et la stagiaire
Gwendoline, une vieille connaissance débarque et s'installe à
l'abbaye (le long-métrage a été tourné à celle de Saint-Pierre
de Baume-les-Messieurs) afin de participer elle aussi à la course.
Rivale depuis des décennies de Mère Véronique, Mère Joséphine
(l'actrice danoise Sidse Babett Knudsen) lui a toujours fait de
l'ombre. Ce sera cette fois-ci l'occasion pour la première de
prendre sa revanche sur la seconde ! À scénario basique, mise
en scène basique. Ce qui ne l'est pas en revanche, c'est
l'interprétation abusivement théâtrale des principales intéressées
qui en font des tonnes. En France comme en Belgique, le film sort sur
les écran le 15 février dernier alors qu'il ne méritait sans doute
qu'un passage à la télévision. Juste ciel !
est pathétique. Et même si lors de quelques très courtes occasions
le film pourra faire sourire, dans sa globalité, le long-métrage de
Laurent Tirard indispose. Sa carence en matière de séquences
réellement amusantes et son aspect hautement ringard font de son
dernier film l'une des pires comédies de cette première moitié de
l'année 2023. Difficile donc d'imaginer derrière Juste
ciel !
l'auteur du Discours
ou du Retour du Héros...
Laurent Tirard : "Promis, l'an prochain je fais le même avec des hijabs, des burkinis et une caricature du Prophète !"
RépondreSupprimerMDR...