J'avais prévu au départ
de poursuivre ''l'aventure Sion Sono'' avec Tag (Riaru
Onigokko)
,
l'un des six longs-métrages que le réalisateur japonais réalisa en
cette seule année 2015 mais vue l'ampleur de la déception, j'ai
très rapidement changé d'avis afin de me concentrer sur The
Whispering Star
qui lui-même est sorti la même année. Il faut dire que si la forme
est demeurée la même que pour la plupart de ses précédentes
œuvres, le fond, lui, est fut aux abonnés absents. On va donc la
faire courte et énumérer les très rares qualités de ce film qui
heureusement ne dépasse pas les quatre-vingt cinq minutes. Ce qui,
vu le vide scénariste qui sépare Tag
du reste de la filmographie de Sion Sono, est déjà une épreuve
difficile à accomplir jusqu'à son terme. Elles sont jeunes, elles
sont belles (la palme revenant sans doute à l'actrice
austro-japonaise Reina Triendl qui y tient le personnage de Mitsuko)
et retiendront tout d'abord l'attention des amateurs d'étudiantes
japonaises en uniforme. Chemisiers blancs, cravates et jupes (très)
courtes à carreaux bruns laissant apparaître de soyeuses culottes
immaculées, ceux qui espéraient découvrir de délurées écolières
seront pourtant déçus. Ici, pas de sexe, pas même un baiser et
tout au plus, la main d'une étudiante passant dans la chevelure de
l'une de ses camarades. C'est donc sur autre chose que repose Tag.
Et certainement pas sur son scénario, écrit par Sion Sono lui-même,
peu inspiré bien qu'il s'agisse de l'adaptation du roman Riaru
Onigokko
de Yūsuke Yamada. Le japonais n'est donc pas allé chercher parmi
les amateurs de volupté charnelle ou de sexualité bestiale mais du
côté de ceux qui apprécient, aiment, adorent ou idolâtrent le
sang et les tripes ! Ici, ces derniers seront en partie
servis...
Des
dizaines de corps coupés en deux lors d'un voyage scolaire, une
fusillades alignant les victimes à l'intérieur d'un lycée, un
mariage qui vire au carnage ou un marathon qui se transforme en
course-poursuite ! Généralement réalisés à l'aide
d'effets-spéciaux numériques du plus mauvais goût, les plus
anciens auront bien du mal à se sentir rassasiés par les séquences
horrifiques. D'autant plus qu'entre ces effusions gores, le film ne
propose pas de réel challenge aux spectateurs. Lui qui avait pour
habitude de nous offrir des œuvres dont l'intérêt reposait autant
sur le fond que sur la forme, Sion Sono réalise avec Tag
un long-métrage étonnamment plat. Sans enjeu véritable autre que
d'assister à la course perpétuelle de son héroïne dont l'identité
changera à plusieurs reprises en cours de route. Le film ressemble
vaguement à une pâle copie asiatique de la franchise américaine
Destination finale
à laquelle aurait été quasiment ôté le côté ludique. On
s'ennuie. Ferme ! Espérant même que le film rattrapera ses
lacunes grâce à ses effets visuels (qui pourtant laissent craindre
d'emblée leur superficialité) ou à quelques plans érotiques dont
le réalisateur et scénariste dote un nombre conséquent de ses
œuvres. Tag
part dans toutes les sens. Un peu comme d'habitude diront certains,
et ils n'auront pas tort. Sauf que le scénario ne rattrape jamais la
délirante mise en scène et ne sert aucun propos à proprement
parler. Du moins certains auront-il la pudeur d'accorder à Sion Sono
sa tentative de twist final, si grotesque soit-elle. Le message
reposant vaguement sur l'idée du contrôle de son propre destin, le
faible budget d'un millions et deux-cent cinquante mille dollars
s'étale disgracieusement à l'écran. Dans sa vaine volonté
d'émouvoir, le japonais signe un drama mâtiné d'horreur et
d'action très ennuyeux qui de surcroît ne rempli pas le dixième du
cahier des charges habituel de son auteur. Finalement moins inspiré
que lorsqu'il travaille sur la base de ses propres scénarii, Sion
Sono déçoit. Six longs-métrages réalisés la même année...
voilà qui justifie peut-être les raisons d'un tel échec...
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