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jeudi 4 mai 2023

Antiporno (Anchiporuno) de Sion Sono (2017) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Toujours prompt à nous servir des œuvres cinématographiques complexes versant à profusion dans le sexe et le sang, le réalisateur japonais Sion Sono se lâchait une nouvelle fois en cette année 2016 avec Antiporno (Anchiporuno). Œuvre très graphique situant principalement son intrigue dans une pièce unique, entièrement peinte en jaune, couvertes de toiles... jaunes elles aussi, que vient tout juste perturber des toilettes rouges où s'y déplace l'héroïne non pas pour chier ni pisser, mais vomir. D'une durée inhabituelle chez Sion Sono puisque ne dépassant pas les soixante-seize minutes, Antiporno semble de part sa courte durée confirmer de l'utilité de prendre son temps avec son histoire et ses personnages. Dépasser les cent minutes réglementaires, c'est s'assurer la pleine compréhension d'un récit voguant au grès de l'esprit apparemment tourmenté de son auteur. On en viendrait presque en effet à se demander ce qui ne va pas chez le réalisateur et scénariste japonais. Ce qui ne tourne pas rond dans sa tête. Quand bien même Sion Sono fait unilatéralement subir les pires outrages à ses interprètes féminines sous couvert d'un passé généralement traumatique, c'est peut-être dans le sien qu'il faut chercher la clé des délires qu'il déverse pour l'inconfort des spectateurs qui oseraient se brûler les yeux et se rendre sourds devant l'hystérie collective qui s'empare de ses personnages. Des parents sévères et une éducation stricte ont donc sans doute façonné l'esprit chez un fils devenu un cinéaste au propos souvent nihiliste. Que faut-il donc comprendre derrière Antiporno ? Quel message se cache derrière un titre qui laisse entendre que nul acte sexuel explicite n'y sera perpétré ? Difficile de répondre à cette question tant le récit semble se rapprocher d'un exercice de style visuel contemporain flamboyant, mais au discours embrouillé. Il se cache pourtant derrière l'histoire de Kyoko (l'actrice Ami Tomite), jeune artiste-peintre et romancière à succès, un passé traumatisant que Sion Sono explore à travers des tableaux déviants, ultra-colorés (les décors de Takashi Matsuzuka et la photographie de Maki Itō explosent littéralement les rétines) et des lignes de dialogues foisonnantes d'un imaginaire tantôt graveleux, tantôt poétique...


Faux-semblants et flash-back s'imbriquent dans un récit qui explore l'état mental de son héroïne, son passé et un présent qui fait la confusion entre le réel et la fiction. Le film est produit par le groupe de cinéma japonais Nikkatsu Corporation dont la spécialité est depuis le courant des années soixante-dix, le Pinku Eiga ou, Roman-Porno. Une qualification trompeuse puisque les films qui en résultent sont davantage portés sur l'érotisme que sur la pornographie. C'est donc ici le cas avec Antiporno dans lequel une certaine idée dépravée du sexe est évoquée. Humiliation, flagellation et asservissement sont au cœur d'une œuvre qui percute autant visuellement que par le propos qu'elle assène et qui renvoie souvent aux travaux précédents de l'auteur de Strange Circus dont nous retrouvons quelques bribes à travers cette existence imaginaire en marge que s'est créée l'héroïne du récit. Mais plus que le simple étalages de propos salaces et d'actes sexuels simulés par de superbes interprètes japonaises, le long-métrage de Sion Sono est le parfait exemple de récit auquel le réalisateur et scénariste s'emploie depuis des années. Faire vivre et évoluer ses personnages dans des univers fantasmagoriques tout en prenant soin de ne point trop perdre ses spectateurs à travers des révélations certes bouleversantes, mais que l'on a, à force, appris à anticiper. Sion Sono continue ici son ''petit'' bonhomme de chemin en explorant de nouvelles facettes d'un art porté sur la sexualité de ses personnages généralement féminins. Des tabous qu'il met en image et en lumière. Douze années après avoir évoqué le difficile sujet de l'inceste avec le formidable et outrancier Strange Circus (Kimyô na Sâkasu) en 2005, Sion Sono n'a pas lâché la bride d'un style qui n'appartient qu'à lui. En résulte une véritable œuvre d'art, difficile à dompter, que l'on déconseillera tout de même aux novices, curieux de découvrir le cinéma de cet électron libre du cinéma japonais, au profit, sans doute, d'une œuvre plus ''légère'' ou du moins, beaucoup plus accessible...

 

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