Genre typiquement transalpin, le giallo a charrié autant de
chefs-d’œuvres que d'immondices. C'est même à se demander si ces
derniers ne furent pas en plus grand nombre. Et parmi eux se situe le
Morirai a Mezzanotte de Lamberto Bava qui signifie Tu
mourras à minuit mais
que les distributeurs étrangers préférèrent apparemment traduire
sous le titre Midnight
Horror !
Les principaux codes du giallo sont respectés puisqu'un tueur ganté
et dont l'identité nous est dissimulée durant tout ou partie du
récit commet des meurtres sur de jeunes et jolies femmes tandis
qu'un flic (Paolo Malco dans le rôle du Commissaire Piero Terzi)
mène son enquête à l'allure d'un cul-de-jatte. Comme si la
présence dans le rôle de metteur en scène du fils de Mario Bava
suffisait pour que l'intégralité des aspects techniques d'une œuvre
soit vérolés, l'illustre compositeur Claudio Simonetti, membre du
non moins renommé groupe de rock progressif italien Goblin
auquel on doit notamment les bandes-originales de Zombie
de
George Romero ou de Profondo
Rosso
de Dario Argento, signe ici une piètre partition. De la bouillie
sonore constituée de titres pop-rock indigestes qui ne participent
pas à l'élaboration d'une ambiance horrifique. Ce que le spectateur
est pourtant en droit d'attendre vu le concept. Quelques meurtres
vaguement sanglants, graphiquement appuyés par une hémoglobine qui
semble davantage provenir de tubes de vernis à ongles que d'un
savant mélange dont ont le secret les spécialistes en charge des
effets-spéciaux. Paolo Malco incarne donc le rôle du policier de
service chargé d'enquêter sur une série de meurtres dont le
suspect est tout d'abord l'époux d'une femme qui vient de mourir
sous les coups répétés d'un pic à glace. En effet, l'homme en
question, après avoir suivi son épouse dans une galerie marchande
et jusque dans un magasin de lingerie féminine (un an auparavant
sortait en Europe le chef-d’œuvre de Brian de Palma
Body Double
dans lequel l'acteur Craig Wasson suivait lui-même la sublime
Deborah Shelton), il constatait que celle-ci entretenait une relation
avec un inconnu. Bref, de retour à la maison s'ensuivait une
engueulade et de violentes exactions entre mari et femme jusqu'à ce
que cette dernière soit retrouvée morte, éventrée dans sa
baignoire à l'aide d'un pic à glace (vingt-six ans après Janet
Leigh dans l'immense Psychose
d'Alfred Hitchcock)...
Pour
celles et ceux qui ne l'auraient pas reconnu, Paolo Malco n'était à
l'époque pas un apprenti-acteur puisqu'on le vit notamment chez
Lucio Fulci (La maison
près du cimetière
en 1981, L'éventreur
de New York
en 1982), Sergio Martino (Crime
au cimetière étrusque
en 1982) ou Enzo G. Castellari (Les
guerriers du Bronx 2 en
1983) quelques années auparavant. Complètement effacé, sa présence
dans Morirai a
Mezzanotte est
totalement superficielle. En réalité, le film tourne autour de sa
fille Carol (Lara Wendel) et de la criminologue Anna Berardi (Valeria
d'Obici), toutes deux convaincues que les meurtres sont perpétrés
par un certain Tribbo (Peter Pitsh), un psychopathe qui après son
arrestation fut enfermé en hôpital psychiatrique où il mourut lors
d'un grave incendie. L'on suppose alors que l'homme est toujours en
vie et qu'il a repris sont activité de tueur en série. Très malin
(ou alors, prenant les spectateurs pour des imbéciles), Lamberto
fait effectivement intervenir le personnage de Tribbo, ne cachant
plus l'identité du tueur afin de rendre plus incroyable le twist
final qui révélera, on s'en doute, le nom du véritable assassin.
Et cela, ah, ah, ah, de manière si invraisemblable et grotesque que
l'on n'y croira pas un seul instant... Morirai
a Mezzanotte est
à l'image du cinéma horrifique italien de la fin des années
quatre-vingt : insipide ! Lamberto Bava prouve une fois
encore qu'il n'est pas le fils digne de poursuivre l’œuvre de son
père avec ce sous-giallo jamais inspiré, dont les meurtres sont
filmés avec une mollesse qui donne envie de plonger dans l'écran
afin de saisir l'arme du tueur et de commettre les crimes à sa
place. Le réalisateur laisse pointer un bout de sein histoire de
profiter un cours instant de la plastique de l'actrice Barbara
Scoppa, première victime à mourir devant la caméra et s'avère
plutôt radin lorsqu'il s'agit de faire parler le sang !
Interprété avec le talent et l'engouement d'une moule accrochée à
son rocher par la plupart des acteurs et actrices, il est difficile
de demeurer devant Morirai
a Mezzanotte jusqu'au
terme d'un récit d'une affligeante banalité. Définissant assez
justement le peu de talent dont fait preuve Lamberto Bava dans la
mise en scène, il suffirait juste de faire la comparaison entre la
séquence des cabines d'essayage et la flippante scène lors de
laquelle le tueur du Maniac
de William Lustig traquait de son côté l'une de ses victimes dans
les chiottes de métro New-yorkais... Vous saisissez la nuance... ?
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