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dimanche 7 mai 2023

Le Masque de Satan (La Maschera del Demonio) de Lamberto Bava (1989) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

En fouillant dans le grenier imaginaire de mon adolescence où se concentrèrent toutes mes passions juvéniles, je tombais sur une vielle cassette VHS poussiéreuse renfermant un trésor oublié. Un enregistrement remontant aux calendes grecques, à la bande magnétique fatiguée, usée, sur laquelle fut copié pour l'éternité un téléfilm au titre évocateur. Le Masque de Satan (La Maschera del Demonio) de Lamberto Bava. En 1960, ''papa'' signait ce qui allait devenir l'un des classiques du cinéma transalpin avec Le Masque du démon. Presque trente ans plus tard, en 1989, le fiston allait tenter de lui rendre hommage en réalisant pour la télévision un remake intitulé Le Masque de Satan (La Maschera del Demonio). L'on remarquera que seul le titre français se permettait une légère subtilité, évitant ainsi aux éventuels amateurs de ne pas confondre l'original avec la version de Lamberto Bava. Nous ne reviendrons pas sur la piteuse carrière de ce dernier. D'une part pour n'influencer personne, dans un sens ou dans l'autre. Et d'autre part parce que moyennant un certain sens de l'occupation des espaces, le réalisateur italien est parvenu à accoucher d'une œuvre télévisuelle qui dépasse de très loin ce qu'il a produit pour les salles obscures. Si on lui doit notamment Macabro en 1980 et le diptyque Démons I & II en 1985 et 1986, on pourrait presque envisager Le Masque de Satan comme une suite à ces derniers. Un troisième volet qui abandonnerait le concept de mise en abîme du cinéma et de la télévision pour se pencher sur un cadre historique de triste mémoire (La chasse aux sorcières). Mais Lamberto Bava n'étant pas Ken Russell et Le Masque de Satan n'ayant pas l'ampleur de The Devils que le réalisateur britannique réalisa dix-huit ans plus tôt, c'est toutes proportions gardées qu'il faudra aborder le téléfilm...


Passons d'emblée sur les interprètes presque tous atteints d'une tare quasiment génétique touchant une bonne partie du cinéma italien horrifique des années quatre-vingt et où le concept de ''jeu d'acteur'' semblait n'être très souvent que d'un intérêt secondaire. À propos d'intérêt, celui-ci réside ici dans la version d'origine qu'il est expressément conseillé de dénicher. Reconnaissons que le doublage, et concernant notamment le cinéma d'horreur, fut souvent malmené. Coproduction italo-franco-germano-hispano-portugaise, Le Masque de Satan prend toute sa dimension dans sa version originale italienne. Alors, que Giovanni Guidelli, Debora Caprioglio, Stanko Molnar, Michele Soavi (réalisateur, en outre, des excellents Bloody Bird en 1987 et Dellamorte Dellamore en 1994) soient on ne peut plus outranciers dans leur jeu d'acteur n'a pas vraiment d'importance ici puisque la plupart des protagonistes jouiront de cette nécessaire liberté d'en faire des tonnes. Huit jeunes adultes parmi lesquels Davide, Sabina, Bebo, Sergio et Alessandra effectuent une randonnée dans une montagne enneigée lorsqu'un éboulement les fait chuter dans une crevasse. Tandis que Davide s'active auprès de Sabina qui vient de se casser la jambe droite, les autres tentent de trouver un moyen de remonter à la surface. C'est alors qu'est mis à jour le cadavre d'une femme portant sur le visage un masque que le groupe s'empresse de lui arracher et de s'échanger dans une séquence digne d'une échauffourée de cours d'école ! Un nouvel éboulement cause la mort de Sergio (Stefano Molinari), lequel est empalé par un stalactite de très bonne taille, ce dont personne ne semble tout d'abord se soucier ou en tout cas, de s'émouvoir. Partant à la recherche d'une issue qui leur permettrait de se dégager du gouffre dans lequel ils sont tombés, ils découvrent un temple, puis un village pratiquement abandonné puisque n'y survit qu'un étrange prêtre au teint blafard interprété par le très charismatique acteur croate Stanko Molnar. Avec une gueule pareille, le type devait sans doute avoir ses entrées dans les soirées gothiques...


Un regard si pénétrant que sa seule présence justifie le visionnage du téléfilm. Celui que l'on va d'emblée considérer comme l'antagoniste du récit s’avérera pourtant être un bienfaiteur, avertissant le groupe des risques qu'il encoure. En effet, les imbéciles, en ayant retiré le masque de celle qui se fera très vite appeler Aniba (l'actrice Eva Grimaldi), verront le retour à la vie d'une sorcière qui fut condamnée au bûcher au dix-septième siècle. Notamment produit par Lamberto Bava lui-même et par la société de production de cinéma et de télévision italienne Silvio Berlusconi Communications, Le Masque de Satan bénéficie de décors peu anodins et qu'il est intéressant d'évoquer : un temple chrétien et un village perdu dans les montagnes. Un cadre perpétuellement enneigé, bleuté, où va principalement se jouer la survie de Davide face à une cohorte d'(anciens)amis tous possédés par l'esprit d'Anibas. Le titre anglais donne une idée assez précise du spectacle auquel nous allons assister : "Sabbath" The Mask of Satan. En effet, c'est bien d'un sabbat dont il va s'agir ici. Des interprètes tous voués à la cause d'un réalisateur qui va leur demander de gémir, de rire comme des simples d'esprit, de se mouvoir dans des postures sexuelles plus qu'explicites, les actrice féminines gratifiant parfois le spectateur de généreuses poitrines dénudées. Le Masque de Satan sent le souffre et alors que l'on avait une image d'un Enfer nettement plus ''enflammé'', c'est dans un décor recouvert d'un blanc manteau que tout va dégénérer ! Le téléfilm de Lamberto Bava tient pratiquement du miracle, et pour sa propre carrière, et pour la débâcle du cinéma d'horreur transalpin de cette fin des années quatre-vingt. Le réalisateur italien joue avec sa caméra comme le fit en son temps un certain Sam Raimi sur le tournage du cultissime Evil Dead. Rasant le sol à vive allure, usant de travellings intelligents (la découvertes des frises macabres racontant les faits survenus trois-cent ans plus tôt dans le village), on peine parfois à croire que Lamberto Bava fut l'auteur de ce téléfilm qui vaut très largement une quantité non négligeable de longs-métrages ayant eu, eux, la chance de connaître une sortie sur grand écran. Le regard de Stanko Molnar est aussi inquiétant qu'hypnotique, le corset d'Eva Grimaldi/Anibas (entraperçue dans son état normal lors du flash-back) fort aguichant. L'hystérie et les décors s'avèrent quant à eux parfaitement immersifs. Bref, Le Masque de Satan est un bel hommage au père Mario Bava même si la comparaison reste difficile entre l’œuvre de 1960 et celle du fiston...

 

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