Le nom de la Toho
revient comme un leitmotiv chaque fois qu'un Kaiju Eiga
est concerné. Et pourtant, elle n'est pas le seul studio de cinéma
japonais à avoir profité du lucratif thème des monstres géants
typiques du Pays du Soleil Levant puisque d'autres comme la Shōchiku
tentèrent à leur tour de se lancer dans le genre. Mais ça n'est
pas parce que l'on est motivé et que les idées éclosent et se
bousculent dans le cerveau de certains opportunistes que cela est
synonyme de succès et de réussite comme nous l'aura notamment
démontré Itoka, le monstre des galaxies (Uchu
Daikaijû Girara)
de Kazui Nihonmatsu. Tout est dit ou presque dans ce seul titre qui
fleure bon le gros nanar qui tâche. Allez savoir pourquoi en France
le nom de la créature du film est passé de Girala
la géante de l'espace à Itoka, le monstre des galaxies,
toujours est-il que dans le genre Kaiju
Eiga,
nous tenons là un sacré spécimen. Né le 9 avril 1922, le japonais
Kazui Nihonmatsu aura réalisé en tout et pour tout quatre
longs-métrages. Un film romantique (Lover),
une comédie (A Good Guy, A Naughty Genius),
un film de science-fiction horrifique (Konchû
daisensô)
et donc, cet ''Itokatoutentoc'' qui, lui, mêle science-fiction et
Keiju Eiga.
Le récit démarre sur un projet de vol vers Mars à bord d'un
vaisseau spatial nucléaire. Quatre astronautes, le capitaine Sano
(l'acteur Shun'ya Wazaki), l'exobiologiste Lisa (l'actrice américaine
Peggy Neal), le docteur Sioda (Keisule Sonoi) et le chef des
transmissions Miyamoto (Shin'ichi Yanagisawa) sont chargés de
réussir là où les précédentes missions ont échouées.
Malheureusement, lors du vol, ils sont contraints de stopper net le
voyage en raison de la présence d'une soucoupe volante. Après un
court passage dans une base implantée sur la Lune, les astronautes
reviennent sur Terre mais ont embarqué avec eux de curieuses spores
dont l'origine serait une supernova. Analysées en laboratoires,
celles-ci disparaissent mystérieusement et donnent naissance à une
créature qui va croître et atteindre une hauteur de deux-cent pieds
et un poids de quinze-mille tonnes. Semant la terreur sur son
passage, causant des mouvements de foules et détruisant des villes
entières, les scientifiques vont tenter de trouver un moyen de
détruire Girala
tandis que l'armée, impuissante, tente de son côté de freiner la
lente progression de la créature vers la ville de Tokyo...
Itoka, le monstre
des galaxies
lorgne très visiblement du côté de la plus mythique créature du
genre Keiju Eiga,
le bien nommé Godzilla. Un corps de dinosaure et une crête dans le
dos qui agit en fonction de ses ressources en électricité et en
radioactivité. Kazui Nihonmatsu n'étant pas Ishirō Honda, le film
est bien en deçà de ce que l'on pouvait espérer découvrir.
Pourtant produit par l'un des studios les plus prestigieux et les
plus anciens du Pays (le second à avoir vu le jour huit ans après
la naissance de la Nikkatsu
en
1912), Itoka, le monstre des galaxies,
à défaut d'être magnifiquement mis en scène, propose tout de même
un spectacle qui lui, sera parfois à la hauteur des attentes des
amateurs du genre. La Shōchiku
qui
produit donc le long-métrage fera d'ailleurs une nouvelle fois appel
à Kazui Nihonmatsu l'année suivante en 1968 afin de mettre en
scène son dernier long-métrage en tant que réalisateur, Konchû
Daisensô
dans lequel les insectes deviendront agressifs et s'attaqueront à
l'homme. Écrit par Kazui Nihonmatsu lui-même avec l'aide de
Moriyoshi Ishida et de Eibi Motomochi, Itoka, le
monstre des galaxies arbore
une créature peu aisée à définir d'un point de vue physique.
Outre les attributs dorsaux dont il est pourvu, des cuisses
saillantes et une queue comparable à l'un des plus célèbres
dragons du septième art qui dans sa langue d'origine se nomme
Gojira,
Itoka
est malheureusement affublé d'une tête qui laissera tout loisir au
spectateur de se payer une bonne tranche de rigolade ! Qu'est-il
donc passé par la tête des concepteurs en effets-spéciaux Kaimai
Eizo, Hiroshi Ikeda et Keiji Kawakami pour avoir supposé judicieuse
l'idée de fabriquer une tête aussi ridicule ? Même en se
concentrant durant de longues minutes sur sa trogne, il demeure
difficile d'en faire une description nette et précise : un bec
de rapace, deux yeux rouges et globuleux, deux longues antennes
surmontées de globes blanc laiteux, une sorte de trompette juchée à
l'avant du crâne et un visage qui dans sa globalité et sous un
certain angle peu (ou pas) rappeler la forme d'une soucoupe
volante...
Niveau
effets-spéciaux, ceux concernant les séquences propres à
l'approche science-fictionnelle du récit rappellent davantage ceux
de la série britannique Les Sentinelles de l'air
de
Gerry et Sylvia Anderson qui vit le jour deux ans auparavant que ceux
de 2011 l'odyssée de l'espace de
Stanley Kubrick qui lui, ne sortira sur les écrans que l'année
suivante en 1968. Une seule année de différence entre le
chef-d’œuvre du réalisateur américain et celui du japonais et
pourtant le fossé technologique entre les deux œuvres paraît
infranchissable pour ce dernier. D'un côté, un budget de douze
millions de dollars (une somme pour l'époque) quand de l'autre l'on
imagine que le financement fut rachitique. Ce que compensent fort
heureusement les séquences de destruction de masse où les trois
spécialistes des effets-spéciaux s'en donnent à cœur joie !
Itoka défonce en effet tout ce qui se trouve sur son chemin. Des
maquettes de taille importante qu'il détruit à coups de poings ou
en écrasant les structures à l'aide de ses pieds de poule géante
(!?!). Visuellement, on a vu pire. Et sans doute mieux il est vrai,
mais tout de même, ne boudons pas notre plaisir lors de ce spectacle
de pyrotechnie où interviennent tanks et avions de chasse dont
l'effort de guerre sera évidemment inutile. Notons que les traumas
causés par les bombardements atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki
semblent à l'époque encore dans tous les esprits puisque leur
évocation lors de la recherche d'une solution pour éradiquer Itoka
renvoie justement aux événements dramatiques survenus les 6 et 9
août 1945...
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