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lundi 10 avril 2023

Troll 2 de Claudio Fragasso (1990) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Ça y est, le le tiens entre les mains. Le Saint Graal du Nanar. Cette légendaire pellicule réalisée en 1990 par l'italien Claudio Fragasso sous le pseudonyme de Drake Floyd. Troll 2. Fausse suite de Troll réalisé par l'américain John Carl Buechler quatre ans auparavant. On le sait, chez les transalpins, c'est une habitude. On pourrait quasiment les considérer comme les plus gros producteurs de Mockbusters de la planète. Du moins, semble-t-il, furent-il prolifiques dans les années quatre-vingt lorsqu'ils s'attaquèrent aux grands classiques outre-atlantiques de la science-fiction post-apocalyptique, horrifique et dystopique. Combien de sous Alien, New York 1997 ou Zombie virent le jour ? Impossible de répondre à cette question, sinon par les plus grands spécialistes du genre. Dans le genre, Claudio Fragasso fut un sacré coquin. Quoiqu'il fut parfois innocent du traitement qui fut infligé à certaines de ses œuvres (si Zombie 4 est la suite de Zombi 3 des légendaires Lucio Fulci et Bruno Mattei mais pas une séquelle du mythique Zombie de George Romero, le titre original fut en réalité Oltre la Morte), La Casa 5 (ou Au-delà des ténèbres chez nous) n'a quant à lui rien à voir avec La Casa 1 & 2, films dont les titres originaux sont The Evil Dead 1 & 2 de Sam Raimi. Je sais, c'est compliqué, mais avec un minimum de concentration et d'effort, tout fini par entrer dans l'ordre. Tout, surtout, n'est bien évidemment qu'une question d'objectif commercial. Ou comment faire du blé sur la réputation d'une franchise... Mais le long-métrage de John Carl Buechler n'étant pas franchement une réussite, on peut se demander ce qui est passé par la tête de Claudio Fragasso au moment de donner son nom au film qu'il réalisa donc en 1990. D'emblée, on sent bien que l'expérience Troll 2 ne va pas être de tout repos. Dès le générique, le film sent le faisandé. La sous-production télévisuelle italienne. La blague de potaches pour spectateurs en mal de Muppet Show ou de Eworks, ces petites boules de poils issues de l'univers Star Wars. Et cette musique de supermarché signée du compositeur italien Carlo Maria Cordio... Vous allez saigner des oreilles les amis... En plus, niveau incohérence...


Je veux bien que le film porte le nom de ces vilaines petites créatures issues de la mythologie nordique, mais alors pourquoi le conteur du récit évoque-t-il des gobelins ? '' L'étrange décoction qu'elle lui présenta était délicieuse...''. Ouais, pour rappel, le dit breuvage que tend aux lèvres d'un certain Peter une jolie jeune femme affublée de fasses tâches de rousseur (ri-di-cu-le!!!) n'est pas sans rappeler le vomi des extraterrestres du film culte de Peter Jackson, Bad Taste. Si après ça vous n'avez pas l'impression que l'on se fiche de vous ou que Claudio Fragasso vit dans un monde dont les modèles de (d'in)sanité diffèrent des vôtres, alors vous êtes bon pour suivre Troll 2 jusqu'à son terme... Le film débute donc comme un conte pour enfants offert par un grand-père (l'acteur Robert Ormsby) à son petit-fils. Et à la limite, on peut accepter le principe vues les merdes qui sont produites généralement à l'attention de nos chères petites têtes blondes (Les Télétubbies et autres programmes hautement perchés). Mais non, le film semble ensuite s'inscrire dans un contexte tout à fait réaliste dans lequel l'on explique que les gobelins n'existent pas. Le récit se concentre alors autour de la famille Waits qui part s'installer pour les vacances dans la ville imaginaire de Nilbog (mot apparemment d'origine Gaélique écossaise!). Sur la route, le minot est victime d'un abominable cauchemar hanté par des trolls gobelins et dans lequel une plante lui sort du ventre (la série française de science-fiction Noires sont les galaxies serait-elle passée par là?). Vu le cadre (peu idyllique) et l'accueil (plutôt froid) des habitants de la ville, on se demande quelle pensée saugrenue a pu passer par la tête du père de famille de venir s'y installer. Un bled paumé, aux façades décaties, peuplé de péquenauds ! C'est à se demander si l'on n'y croisera pas la ferme de la famille Sawyer (Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper)...


Bon, pour être tout à fait honnête, et après des débuts plus que mitigés, les dernières minutes qui viennent tout juste de s'écouler sont plutôt encourageantes. Mais vu le statut de Nanar que se coltine Troll 2, on ne va pas trop rapidement s'emballer. Échange de bons procédés entre la famille Waits et ceux chez qui ils vont s'installer durant un mois. Putain, c'est quoi cet accueil ? Vraiment chelous cette famille de rednecks portant sur l'épiderme d'étranges stigmates. N'importe qui de censé prendrait la fuite mais pas les Waits, non, surtout pas eux ! Les rats des campagnes ayant plié bagages sans un mot et sans un sourire mais après quelques menues recommandations, le couple et leurs deux enfants s'installent donc dans leur nouveau ''nid (pas vraiment) douillet''. Aux abords de la demeure se sont installés quatre adolescents dont l'un est le petit ami de la fille Waits. Un camping-car planté en pleine campagne sur le territoire des gobelins ! Lesquels ne tarderont pas à venir faire coucou à l'un d'entre eux. L'on comprend alors pourquoi Troll 2 bénéficie d'une telle réputation. Les maquillages sont littéralement ''à pisser de rire'' ! Mais ça ne s'arrête pas là ! Certains personnages semblent issus du théâtre du Grand Guignol et s'avèrent donc très caricaturaux. Et dans le domaine l'on décernera une double palme d'or aux acteur Mike Hamill et Deborah Reed dans les rôles respectifs du révérend Bells et de la sorcière Creedence Leonore Gielgud. Entre l'attitude exacerbée de ces deux là, le stoïcisme incarné par les membres de la famille Waits (les acteurs George Hardy, Margo Prey, Connie Young et le jeune Michael Stephenson) auquel l'on ajoutera l'amateurisme des seconds rôles probablement issus du cru de la région où fut tourné le film, Troll 2 arbore effectivement les atours du Nanar à son apogée. Mais comme disait un certain Dieudonné lors de son sketch sur le cancer, il y a moyen de se faire encore quelques billets : Car si l'interprétation est à la ramasse, participant ainsi des qualités essentielles qui font d'un nanar ce qu'il est, le film repose surtout sur une succession de séquences absolument remarquables pour quiconque apprécie ce genre de long-métrage ! Si l'évocation du vomit renvoyait directement au Bad Taste de Peter Jackson, d'autres éléments paraissent également s'y rattacher. De là à dire qu'il y a plagiat...


Les habitants de Nilbog (nom dont nous découvrirons plus tard la signification) ne s'éloignent en effet pas tant que cela des extraterrestres du premier long-métrage du réalisateur néo-zélandais. Sauf que dans le cas présent, les créatures semblent provenir d'une faille créée à l'intérieur d'une église tenue par la maudite Creedence Leonore Gielgud. Une sorcière/gobeline vêtue de noir, aux dents pourries et dont les décoctions visent à transformer la ''viande humaine'' en végétaux afin de les nourrir, elle et son espèce. Bourré d'idées aussi farfelues les unes que les autres, Troll 2 part même carrément en vrille lors du dernier acte. Mutant en farce (ce qu'il était déjà au demeurant), l’œuvre du réalisateur italien passe de l'horreur et du fantastique à la comédie lorsque Creedence etc... ressort de la dite faille en brune ténébreuse et déboule dans le camping-car auprès de l'un des adolescents pour une séquence aussi improbable qu'anthologique. La digestion de tout ce que tente de nous faire avaler Claudio Fragasso pourra parfois s'avérer difficile à admettre chez certains et pourtant, malgré son aura de nanar, Troll 2 se regarde avec un plaisir à peine honteux. Généreux en terme d'investissement scénaristique (des gobelins, une sorcière, un gourou et des fanatiques végétariens, le fantôme du grand-père, des hommes-plantes, des décoctions et autres boissons et nourritures verdâtres, du cannibalisme), doté de quelques effets gore plutôt sympathiques (l'un des adolescents se muant peu à peu en plante), mais aussi (et c'est ce qui participe en partie de l'intérêt du film), une interprétation souvent désastreuse, une mise en scène foutraque, une bande-musicale entre rock FM, trompette et violons synthétiques et nappes électroniques, des attitudes invraisemblables (l'attentisme des personnages face à l'horreur de certaines situations est absolument abracadabrant) presque dignes de celles du cultissime L'avion de l'apocalypse de Umberto Lenzi ou de celles de Virus Cannibale de Bruno Mattei... Bref, Troll 2 est absolument... génial ! Mais s'il mérite son titre de l'un des plus gros nanars du cinéma, cela ne veut pas pour autant dire qu'il est mauvais. Bien au contraire. Il s'agit là d'un pur divertissement. Pas de frissons, mais une franche rigolade...

 

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