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dimanche 9 avril 2023

The Stringer de Klaus Biedermann (1999) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Quel étrange film que ce The Stringer réalisé en 1999 par le français Klaus Biedermann. Déjà parce que le bonhomme avait plutôt coutume de tourner pour la télévision des épisodes de séries télévisées telle que Tatort, Julie Lescaut ou Commissaire Moulin. Ensuite parce que le propos de Stringer rappelle étonnamment celui de Night Call que réalisera quinze ans plus tard l'américain Dan Gilroy. En effet, l'un comme l'autre, les héros Filo et Lou Bloom travaillent dans le domaine de l'audiovisuel pour le compte d'individus peu scrupuleux désirant tirer profit de faits-divers dramatiques. Si le second travaille pour la directrice de l'information d'une chaîne de télévision, Filo est employé par Wolko, un journaliste prêt à tout pour obtenir du sensationnel et ainsi se remplir les poches. D'abord réticent, le jeune homme accepte de filmer des scènes de crimes et autres suicides, ce qui lui permet de gagner beaucoup d'argent en attendant de pouvoir tourner son premier film. Autre chose relativement curieuse, le duo formé par Elie Semoun et l'acteur américain Burt Reynolds. Un tandem auquel on ne s'attendait certainement pas de la part de l'humoriste et acteur français qui nous avait surtout jusque là habitué à des rôles nettement plus légers. Car The Stringer est sombre. Désespéré. D'une noirceur peu commune dans le paysage cinématographique hexagonal de la fin du siècle dernier. Pour autant, le film de Klaus Biedermann ne brille pas vraiment. Et même si Elie Semoun fait ce qu'il peut pour rendre crédible son personnage, son manque de ''carrure'', voire de ''charisme'', ne nous permet pas toujours de valider son interprétation. Évoluant dans un monde nocturne en proie à de multiples tourments, comme ceux qui l'habitent à mesure qu'il se retrouve face à des faits-divers sordides et une histoire personnelle délicate, on le découvre dans un rôle dramatique qui l'éloigne radicalement de l'univers auquel il appartient généralement...


Un peu à la manière de Patrick Timsit dans Le cousin d'Alain Corneau et plus encore de Paparazzi d'Alain Berberian dans lequel il interprétait de son côté un photographe de presse people. Une comédie qui finissait au final par devenir dérangeante... Klaus Biedermann insiste sur l'aspect malsain et contagieux du métier de reporter, de cameraman et de journaliste et semble vouloir signer avec The Stringer un brûlot malsain, une critique des médias se fourvoyant dans l'indicible au dépend de l'aspect humain. Pourtant, il y a ça et là quelques éléments qui tentent à démontrer la volonté du réalisateur d'humaniser le personnage de Filo. Mais à trop vouloir le caricaturer, au point d'en faire un ''obsédé'' de l'image dont la morale part en fumée à mesure des rencontres inopinées qu'il effectue auprès de diverses victimes, on a bien du mal à s'attacher au héros de ce récit parfois maladroit. Mais Elie Semoun est encore celui qui s'en sort le mieux puisque le reste du casting n'est que le faire-valoir du personnage principal. À commencer par la présence de Burt Reynolds dans le rôle de Wolko et qui n'apparaît que de manière sporadique même si les différentes affiches du long-métrages se permettent de le mettre sur le même plan qu'Elie Semoun. Et comme si cela ne suffisait pas, comme si tout espoir était vain (comme le soulignera la nihiliste conclusion), aucun personnage ne semble avoir grâce aux yeux du réalisateur et de son scénariste Alain Le henry. Pas même Marie qu'interprète l'actrice Christina Perry et à laquelle les deux hommes réservent le rôle de danseuse dans une boite de nuit un brin sordide ! Tourné aux États-Unis, à New York, The Stringer (nom généralement donné aux journalistes pigistes) devient incommodant à trop vouloir noircir le trait. Un cauchemar urbain, une critique des médias, un portrait dérangeant, mais au final, une œuvre plus pathétique que remarquable...

 

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