Quel étrange film que ce
The Stringer
réalisé en 1999 par le français Klaus Biedermann. Déjà parce que
le bonhomme avait plutôt coutume de tourner pour la télévision des
épisodes de séries télévisées telle que Tatort,
Julie Lescaut ou
Commissaire Moulin.
Ensuite parce que le propos de Stringer
rappelle étonnamment celui de Night Call que
réalisera quinze ans plus tard l'américain Dan Gilroy. En effet,
l'un comme l'autre, les héros Filo et Lou Bloom travaillent dans le
domaine de l'audiovisuel pour le compte d'individus peu scrupuleux
désirant tirer profit de faits-divers dramatiques. Si le second
travaille pour la directrice de l'information d'une chaîne de
télévision, Filo est employé par Wolko, un journaliste prêt à
tout pour obtenir du sensationnel et ainsi se remplir les poches.
D'abord réticent, le jeune homme accepte de filmer des scènes de
crimes et autres suicides, ce qui lui permet de gagner beaucoup
d'argent en attendant de pouvoir tourner son premier film. Autre
chose relativement curieuse, le duo formé par Elie Semoun et
l'acteur américain Burt Reynolds. Un tandem auquel on ne s'attendait
certainement pas de la part de l'humoriste et acteur français qui
nous avait surtout jusque là habitué à des rôles nettement plus
légers. Car The Stringer
est sombre. Désespéré. D'une noirceur peu commune dans le paysage
cinématographique hexagonal de la fin du siècle dernier. Pour
autant, le film de Klaus Biedermann ne brille pas vraiment. Et même
si Elie Semoun fait ce qu'il peut pour rendre crédible son
personnage, son manque de ''carrure'', voire de ''charisme'', ne nous
permet pas toujours de valider son interprétation. Évoluant dans un
monde nocturne en proie à de multiples tourments, comme ceux qui
l'habitent à mesure qu'il se retrouve face à des faits-divers
sordides et une histoire personnelle délicate, on le découvre dans
un rôle dramatique qui l'éloigne radicalement de l'univers auquel
il appartient généralement...
Un
peu à la manière de Patrick Timsit dans Le
cousin
d'Alain Corneau et plus encore de Paparazzi
d'Alain Berberian dans lequel il interprétait de son côté un
photographe de presse people. Une comédie qui finissait au final par
devenir dérangeante... Klaus Biedermann insiste sur l'aspect
malsain et contagieux du métier de reporter, de cameraman et de
journaliste et semble vouloir signer avec The Stringer
un brûlot malsain, une critique des médias se fourvoyant dans
l'indicible au dépend de l'aspect humain. Pourtant, il y a ça et là
quelques éléments qui tentent à démontrer la volonté du
réalisateur d'humaniser le personnage de Filo. Mais à trop vouloir
le caricaturer, au point d'en faire un ''obsédé'' de l'image dont
la morale part en fumée à mesure des rencontres inopinées qu'il
effectue auprès de diverses victimes, on a bien du mal à s'attacher
au héros de ce récit parfois maladroit. Mais Elie Semoun est encore
celui qui s'en sort le mieux puisque le reste du casting n'est que le
faire-valoir du personnage principal. À commencer par la présence
de Burt Reynolds dans le rôle de Wolko et qui n'apparaît que de
manière sporadique même si les différentes affiches du
long-métrages se permettent de le mettre sur le même plan qu'Elie
Semoun. Et comme si cela ne suffisait pas, comme si tout espoir était
vain (comme le soulignera la nihiliste conclusion), aucun personnage
ne semble avoir grâce aux yeux du réalisateur et de son scénariste
Alain Le henry. Pas même Marie qu'interprète l'actrice Christina
Perry et à laquelle les deux hommes réservent le rôle de danseuse
dans une boite de nuit un brin sordide ! Tourné aux États-Unis,
à New York, The Stringer
(nom généralement donné aux journalistes pigistes) devient
incommodant à trop vouloir noircir le trait. Un cauchemar urbain,
une critique des médias, un portrait dérangeant, mais au final, une
œuvre plus pathétique que remarquable...
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