J'étais prévenu,
certes, et pourtant, je ne m'attendais pas à un tel naufrage. On dit
souvent qu'il est facile de tirer sur l'ambulance ou d'enfoncer des
portes ouvertes mais comment voulez-vous faire dans le cas de 65 :
la Terre d'avant ?
Scrupuleusement et avec une attention qui frise l'obsession, Scott
Beck et Bryan Woods semblent avoir voulu produire une sorte de nanar
de science-fiction, hommage avéré ou non au cinéma italien des
années quatre-vingt. Celui qui mit au monde ces formidables plagiats
du cinéma américain post-apocalyptique qui depuis sont devenus
cultes. Pourtant, ici, rien n'y fait... Pas même les quarante-cinq
millions de dollars qui furent employés. Décidément, il n'y a pas
qu'en France que l'on jette l'argent par les fenêtres. On pourra
donc considérer le long-métrage de Scott Beck et Bryan Woods comme
l'équivalent du navrant Astérix et Obélix :
L'Empire du Milieu
de Guillaume Canet sorti un mois auparavant. Après les films
d'horreur Night Light
et Haunt,
les deux hommes continuent donc en 2023 de collaborer pour nous
offrir l'une de ces engeances qu'il est toujours navrant de devoir
découvrir en sacrifiant quelques euros lors de leur projection en
salle. Si les teasers ont pu en allécher certains, d'autres purent y
dénicher d'emblée quelques visuels grotesques laissant apparaître
ce qui sur la durée demeure bien l'un des pires (et rares) films de
science-fiction a avoir été projetés dans les salles obscures en
ce début d'année. Pour commencer, revenons sur le titre qui à lui
seul, ruine bien entendu toute surprise concernant la planète sur
laquelle vont s'écraser les deux seuls personnages du film, Mills
(Adam Driver) et Koa (Ariana Greenblatt). Si la volonté de ne pas
maintenir le suspens à ce sujet est clairement établi, on peut tout
de même râler sur ce choix scénaristique. Bon, après, ne vous
attendez pas à ce que nos deux héros croisent en chemin les Beatles
ou les Rolling
Stones
car l'intrigue ne se déroule non pas dans les années soixante du
siècle dernier mais bien soixante-cinq millions d'années avant
notre ère. Là encore, Scott Beck et Bryan Woods ne font aucun
mystère de ce détail qui pourtant aura son importance...
Les
seuls moyens de défense de Mills seront un fusil à laser et des
boules explosives qui dans un monde dominé par des dinosaures auront
leur utilité. Mais qu'est-ce donc que 65 :
la Terre d'avant ?
Un Jurassic Park
du pauvre, qui trente ans après son aîné se coltine des
effets-spéciaux numériques revus à la baisse et des créatures
dont on se demande où les deux réalisateurs et scénaristes sont
allés pécher les origines. Une heure et trente trois minutes, pas
une de plus. C'est le temps que durera l'épreuve non seulement pour
ses personnages mais aussi et surtout ses spectateurs qui n'auront
d'autre chose à faire que d'assister à de longues, trop longues
séquences situant leur intérêt dans la traversée d'un territoire
aux milles dangers. Si Scott Beck et Bryan Woods tentent d'apporter
une petite touche d' émotion à travers l'imagerie familiale
(la séquence de l'hologramme est franchement lamentable) et
notamment la fille du héros tombée très gravement malade, c'est
raté ! On se fiche des uns et des autres comme de notre
première chaussette trouée. Le film est court et donc, l'intrigue
devrait logiquement être dense... Tu parles. L'ennui est sidérant
et s'attaque d'emblée à notre quota de sommeil. Mal dirigé, Adam
Driver s'en sort à peine dans ce rôle qu'il n'arrive jamais à
élever au delà du seuil de l'amateurisme. Lorsqu'il s'agit
d'exprimer la moindre émotion, c'est bien simple, on n'y croit
absolument pas. Scénaristes sur Sans un bruit
de John Krasinski, Scott Beck et Bryan Woods semblent avoir trouvé
le filon pour quiconque ne veut pas s'embarrasser d'un trop plein de
dialogues. Au silence, les deux réalisateurs/scénaristes ont cette
fois-ci préféré offrir à leur interprète féminine une langue
étrangère. Ce qui écourtera les lignes de dialogues entre les deux
protagonistes. Sam Raimi s'étant imposé à la production, on
s'attendait à un produit final de meilleure qualité. C'est donc au
troisième degré qu'il faudra aborder le film et sans envisager la
moindre révolution en matière de science-fiction. Mieux :
attendez donc que 65 : la Terre d'avant
soit projeté à la télévision ou sur une plateforme de streaming.
N'allez pas jeter votre argent par les fenêtres. Vous n'en
ressortiriez pas indemne...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire