Je me souviens encore
très bien de cette époque où le seul moyen de pouvoir découvrir
un film qui n'était plus à l'affiche des cinémas était de
patienter jusqu'à sa diffusion à la télévision. Une autre
solution s'imposait pour les plus impatients : les vidéoclubs.
Ces cavernes remplies de cassettes vidéos au format VHS
dont les jaquettes promettaient monts et merveilles. Surtout le rayon
pornographique que l'on n'osait pas trop approcher de peur d'être
aperçu en train de lorgner vers les images plus qu'explicites de
femmes dénudées dans des postures équivoques. Et puis, celui du
cinéma d'horreur, avec ses jaquettes promettant des hectolitres de
sang, des déluges de violence, bref, de quoi contenter la passion du
cinéphage pour l'hémoglobine et la tripaille. Parmi tout un tas
d’œuvres plus ou moins recommandables, The
Exterminator de
James Glickenhaus fit partie de cette horde de cassettes qui
attisaient l'appétit. L'image iconique de ce type au visage planqué
sous un casque de moto, vêtu d'un débardeur ainsi que d'un pantalon
de cuir noir et armé d'un lance-flammes avait de quoi donner envie
de se délester de sa monnaie pour découvrir son contenu. Il y a
malheureusement des films dont l'enrobage est en tous points
différents du dit contenu. Comme précisément, The
Exterminator qui,
plutôt que d'assouvir notre passion pour l'horreur s'avère en fait
beaucoup moins graphique que nous ne l'espérions. Il faut tout
d'abord savoir que le film est avant tout un Vigilante.
Un type de long-métrage mettant en scène un individu outrepassant
ses droits en se plaçant au dessus des lois et des autorités
policières en se faisant justice lui-même. Charles Branson et la
série des Death Wish
demeurant l'éternelle référence en la matière (n'oublions tout de
même pas l'excellent Vigilante
que réalisa William ''Maniac''
Lustig en 1983), l’œuvre de James Glickenhaus fait pâle figure
en comparaison. En effet, l'idée du bonhomme se prenant pour un
justicier défouraillant parmi la population de voyous et de
criminels sévissant en ville étant généralement un concept
relativement jouissif, celui de The Exterminator
n'a de véritable intérêt que sa prédisposition à user d'armes
diverses et variées...
Flingue,
lance-flamme, essence, hachoir à viande géant, la panoplie est
assez large pour qu'en théorie le spectateur n'aie pas le temps de
s'ennuyer. Sauf que le film, en lui-même, se montre assez pompeux,
bavard et au final rachitique en terme d'impact visuel. À dire vrai,
ce qui fait regretter que le long-métrage du réalisateur américain
n'atteigne pas les objectifs qu'il prétend vouloir viser, c'est sa
vision d'un New York crapoteux visible en quelques rares occasions.
Même les séquences amenées à devenir anthologiques de par leur
côté glauque sont mal menées et demeurent donc superficielles. Le
problème est que The Exterminator transpire
le film fauché. Bénéficiant d'un budget pourtant six fois
supérieur à celui du Maniac
de William Lustig dont l'efficacité n'a jamais été remise en
question, le film de James Glickenhaus repose sur un concept en trois
actes se répétant à l'envi : visite du héros/exterminateur à
son ancien compagnon d'arme qui survit paralysé dans une chambre
d’hôpital, meurtres commis sur des individus responsables d'actes
criminels et rencontre avec le flic chargé de l'enquête. Estampillé
''Unrated'',
on se dit en outre que cette version risque d'être gratinée... Tu
pense... Toutes les scènes de meurtres sont filmées hors-champ et
ne contenteront donc pas grand monde. Quant à l'enquête policière
confiée à l'inspecteur James Dalton qu'incarne l'acteur Christopher
George (lequel jouera la même année dans le chef-d’œuvre de
Lucio Fulci, Frayeurs),
elle n'a absolument aucun intérêt et sert de subterfuge à un film
assez creux en terme d'écriture. Outre les exactions commises par
l'ancien vétéran du Vietnam John Eastland (interprété par Robert
''Les Têtes brûlées''
Ginty), on aurait sans doute aimé que le réalisateur appuie sur le
retour à la vie civile pour cet ancien soldat de l'armée américaine
et des difficultés de réintégration. Mais non, tout ce
qu'entreprend James Glickenhaus sur la base de son propre scénario
tombe à plat. Un comble pour un film de ce type qui devrait
principalement reposer sur l'action mais qui avec ses longues plages
de dialogues se montre soporifique. Bref, de la légende qui
entourait les diverses cassettes vidéos du film qui trônaient dans
les vidéoclubs de notre enfance, que reste-t-il ? Pas grand
chose, malheureusement...
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