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samedi 4 février 2023

Skinamarink de Kyle Edward Ball (2022) - ★★☆☆☆☆☆☆☆☆

 


 

Intriguant les trois premières minutes, chiant les cent-trente sept restantes, ce qui paraissait être à l'origine l'objet d'une certaine curiosité prend malheureusement très rapidement l'allure d'une œuvre insipide s'acharnant dans un domaine alors même qu'elle aurait mérité, au mieux, un format court d'une poignées de minutes seulement. Quoi de mieux que de citer la fameuse phrase du Père Noël est une ordure de Jean-Marie Poiré dans lequel le génial Jacques François prononçait ceci : ''Mais qu'est-ce que c'est qu'cette matière? C'est d'la merde?''. Question à laquelle le spectateur affligé d'assister au spectacle en cours répondrait : ''Non ! C'est Skinamarink du réalisateur canadien Kyle Edward Ball''. Un long-métrage dont l'unique qualité serait de permettre à tout pourfendeur de la purge d'Oren Peli Paranormal Activity de lui permettre de retrouver un semblant de dignité en révisant son jugement passé. L'amuseur public Laurent Baffie ne se doutait sans doute pas que dix-neuf ans après son unique long-métrage Les clefs de bagnole, son accroche aussi osée que périlleuse siérait parfaitement à une œuvre d'origine canadienne. Car si le film du français est loin d'être la merde qu'il se permettait lui-même d'affirmer (avec tout le sens de l'humour qui est le sien), rien n'est en revanche plus vrai que pour Skinamarink. Un film (dit) d'horreur, expérimental, et qui au vu des choix artistiques et narratifs de son auteur n'est très clairement pas réservé au grand public mais plutôt à celles et ceux qui adorent se faire du bien de la main droite (ou de la gauche) devant des œuvres cinématographiques ''d'obédience'' arty !


Si dans ses premiers instants le long-métrage de Kyle Edward Ball rend forcément curieux par son aspect non-coutumier du septième art, ce qui au mieux ne paraissait pas devoir aller au delà des quelques premières minutes persévère malheureusement jusqu'au terme d'un récit où l'absence d'enjeu véritable confine l’œuvre au fin fond des abysses. Ceux d'un cinéma que n'osent pourtant généralement pas fouler les spectateurs plutôt avides de conformisme mais dans lequel les amateurs de nanars et de séries Z se complaisent ! Sauf que Skinamarink n'arbore ni la facilité des spectacles familiaux, ni le charme de ces bobines qui se prennent au sérieux tout en livrant un spectacle désopilant. Le film est une longue plainte non pas formulée par ses interprètes dont nous ne verrons qu'une paire de jambes à quelques occasions mais par le spectateur, ivre de retrouver un semblant de rythme et d'histoire dans un scénario qui n'a d'utilité, ici, que le nom. Skinamarink est aussi passionnant que de se laisser convier à une soirée diapositives organisée par de parfaits inconnus ! C'est sans ironie aucune que l'on évoquera le fait que la forme ne rejoint pas le fond. En effet, le but ultime de l’œuvre semble être pour le réalisateur de renvoyer son ''exercice de style'' aux peurs enfantines. Ces terreurs nocturnes pouvant prendre diverses formes. Si l'on peut citer parmi les plus sordides la visite régulière d'un parent incestueux dans la chambre d'un enfant ou parmi les plus terrifiantes ces cauchemars récurrents qui réveillèrent n'importe lequel d'entre nous en sursaut et en sueur, Kyle Edward Ball convoque un autre type d'effroi : la peur du noir et de l'abandon parental dans un contexte très particulier.


Évoquant sans doute involontairement l'excellent roman de Serge Lehman Le haut-lieu dans lequel la visite d'un appartement au sein duquel pièces et portes disparaissaient sous forme de trompe-l’œil se transformait en véritable cauchemar, Skinamarink met en scène deux enfants en bas âge se retrouvant seuls et isolés dans la demeure familiale tandis que leur parents disparaissent sans raison apparente. Filmant son œuvre avec insistance au niveau de la moquette si bien que l'on a parfois l'impression de sentir les odeurs de pieds des propriétaires, le canadien persiste à cadrer son film sous des angles inhabituels. Corniches, plinthes, angles de portes et de fenêtres, il n'y a guère que les séquences lors desquelles Kyle Edward Ball fixe l'objectif de sa caméra sur un petit poste de télévision à tube cathodique et au format 4/3 pour nous garder éveillés. Rares occasions, parfois, de donner libre cours à une certaine imagination (la séquence d'un dessin animé tournant en boucle). Alors même que le principe devrait contraindre le spectateur à demeurer aussi éveillé que ses protagonistes (Lucas Paul, Dali Rose Tetreault pour les enfants, Ross Paul et Jaime Hill pour la voix-off des parents), la lenteur du récit cause l'effet inverse et pousse le spectateur à plonger corps et âme dans les bras de Morphée. Visuellement, le spectacle est d'emblée satisfaisant, avec une approche esthétique désuète plutôt séduisante. Un intérêt qui malheureusement retombe très rapidement comme un flan tant le réalisateur semble être incapable de mettre en œuvre ses ambitions. Véritable antithèse d'un Natural Born Killers réalisé presque trente ans plus tôt par Oliver Stone et constituant à l'époque un véritable prodige en terme de montage ultra-cut, Skinamarink oscille entre travelling mous, passant de la droite de l'écran à la gauche et vice-versa à la manière d'une caméra de surveillance, à la vue subjective dont l'emploi unique d'une lampe-torche éclairant des surfaces fadasses ne fera que vous abîmer les yeux. Terne, sans véritables enjeux, d'un lenteur abyssale, Skinamarink ferait presque passer le très prétentieux A Ghost Story de David Lowery (2017) pour un film d'action ! À réserver à celles et ceux qui aiment s'extasier et bavarder dans des galeries d'art devant des œuvres qui ne ressemblent à rien, flûte de champagne à la main...

 

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