Si sur le papier Gaia
de Jaco Bouwer est ambitieux, l’œuvre du réalisateur sud-africain
n'atteint malheureusement pas d'autres objectifs que de se montrer
parfois terriblement ennuyeux. Sur un sujet très contemporain
positionnant l'humain comme principal responsable des maux qui
gangrènent notre planète et précisément d'un point de vue
environnemental, le réalisateur convoque le lien ténu qui peut
exister entre l'homme et la mère nature qui une fois en danger n'a
d'autre solution que de réagir face au ''cancer'' qui la ronge. Ici,
le long-métrage prend des allures d’œuvre initiatique, créant
une nouvelle forme de religion, de foi, voire de fanatisme dans un
contexte apocalyptique pseudo-écologique dans lequel ses personnages
se retrouvent confrontés à un étrange phénomène qui n'a pourtant
rien de véritablement extraordinaire puisqu'on le rencontre
effectivement dans la nature. Aussi terrifiant que puisse être
l'évocation d'une telle théorie, il existe sur notre planète un
certain nombre d'espèces fongiques capables de prendre le contrôle
d'espèces minuscules comme les fourmis et dont certaines seraient
même capables de s'en prendre à l'homme. Connus sous le nom de
champignon Ophiocordyceps, ces derniers parasitent de petites espèces
animales. Celui connu sous le nom de unilateralis serait même
capable d'en prendre le contrôle en infectant leur cerveau ! Ne
connaissant le jeu vidéo The Last of Us
que de nom mais ayant découvert récemment le premier épisode de
son adaptation télévisée, il est étonnant de constater combien
l’œuvre du sud-africain emprunte à la création de la société
de développement de jeux vidéos Naughty
Dog qui fut conçue dix années en arrière.
En effet, ce dernier évoquait bien avant Gaia
l'hypothèse d'une pandémie due à une infection au champignon
cordyceps. Sauf que dans le cas qui nous intéresse ici, on nous
présente un trio de personnages reclus au cœur d'une forêt
primaire où sévit un champignon du même type qui s'attaque cette
fois-ci à l'homme. Tout commence avec Winston et Gabi (interprétés
par Anthony Oseyemi et Monique Rockman), deux gardes forestiers
chargés de recueillir des informations enregistrées dans des
boîtiers fixés aux arbres. Séparés, Gabi se blesse au pied sur un
piège installé par Barend et Stefan (Carel Nel et Alex van Dyk),
deux survivalistes vivant au cœur de la forêt dans une cabane
isolée...
Le
concept n'étant donc pas tout à fait inédit, il restait à Jaco
Bouwer l'éventualité d'évoquer le sujet sous un angle différent
de celui de The Last of Us.
Soit, une intrigue se déroulant au cœur d'une forêt dense
permettant de créer de nouvelles situations anxiogènes. L'un des
problèmes majeurs de Gaia,
c'est son rythme. Parfois contemplatif à défaut de nous proposer
des séquences relevées en terme d'action, on aurait pu compter sur
son formidable environnement pour que s'y crée une œuvre
mystico-religieuse et pré-apocalyptique inspirée. Mais en dehors de
la simple évocation des prémices d'une ''invasion'' façon ''Body
Snatchers'', on a droit à un long-métrage qui failli tout d'abord
en terme d'intrigue. Beaucoup de dialogues pour peu d'enjeux. Dans le
rôle du ''gourou'' dont la désociabilisation est à l'aune de sa
ferveur pour cette nouvelle forme de vie qu'a engendré le fameux
champignon, on reste circonspect devant un personnage qui ne sait
tout d'abord pas sur quel pied danser. La physionomie du récit étant
relativement bancale, Gaia
oscille entre film d'horreur raté, nouvel ordre religieux tout ce
qu'il y a de plus convenu et message écologique confondant de
naïveté ! Les trois principaux interprètes font le taf, c'est
déjà ça de gagné. Concernant le titre du long-métrage, sa
signification remonte au temps de la Grèce antique puisqu'il était
donné à la déesse mère, laquelle était à l'origine de la
création du monde. Un monde qui dans le cas présent semble prôner
soit l'extermination de l'espèce humaine, soit une prise de contrôle
sur ses représentants. Une nouvelle forme de vie n'étant plus fixée
sur ses propres racines mais devenant parfaitement autonome. De
manière générale, et même si certains plans s'avèrent fascinants
(comme ceux ouvrant le bal, aériens et filmés à l'aide de drones,
ou les quelques séquences oniriques), le film montre rapidement ses
limites budgétaires. Les créatures, que l'on pourrait comparer à
des hommes-champignons (!!!) sont plutôt bien conçus quoique
souvent risibles mais leurs interactions sont souvent mises en scène
hors-champ. Il est bon de noter qu'en leur présence, les héros du
récit doivent respecter un silence total s'ils ne veulent pas être
repérés... Oui, oui, tout comme dans le A Quiet
Place de
John Krasinski sorti trois ans auparavant Ce qui donne à l'ensemble
des affrontements une drôle d'allure à l'ensemble. Gaia
vaut
avant tout pour ses origines sud-africaine, ce qui n'est pas si
courant, mais pour le reste, le film est une amère déception...
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