Un film d'action
américano-britannique réalisé par un français pour un budget de
cinquante millions de dollars, forcément, ça sent le blockbuster à
''petit budget''. Le héros incarné par l'acteur Gerard Butler
auquel on devait le rôle de John Garretty dans le film catastrophe
de Tic Roman Waugh Greenland
en 2020 incarne ici le commandant de bord d'un avion de ligne
s'écrasant sur l'île de Jolo dans les Philippines. Alors, Jolo,
terre d'accueil pour touristes en mal d'évasion ? Pas vraiment.
Car si l'on consulte les archives concernant cette petit île
volcanique située au sud-sud-ouest des Philippines dans l'archipel
des Sulu, on découvre rapidement une affaire concernant une prise
d'otages ayant eu lieu en avril de l'année 2020 revendiquée par un
commando islamiste indépendantiste du nom de Abu
Sayyaf.
Jolo encore puisqu'en tentant d’atterrir sur cette même l'île, un
avion militaire de type Lockheed
C-130 Hercules s'y
écrase le 4 juillet 2021, faisant ainsi cinquante morts dont trois
civils. Deux événements qui n'ont peut-être aucun lien direct avec
le long-métrage du réalisateur français Jean-François Richet mais
qui trouvent cependant une résonance avec les événements qui s'y
produisent. En effet, alors que le vol aux commandes duquel se trouve
le commandant Brodie Torrance est pris en plein cœur d'un violent
orage, une panne électrique paralyse l'avion et contraint celui-ci à
atterrir d'urgence et le plus rapidement possible. Délestant l'avion
d'une grande partie de son carburant mais n'ayant aucun moyen de
savoir où son appareil se situe dans les airs, Brodie Torrance
parvient malgré tout à le faire atterrir dans un champ dégagé de
l’île de Julu. Problème : l'île est infestée de
mercenaires à la tête desquels se trouve un certain Datu Junmar
(l'acteur Evan Dane Taylor) qui ne mettront pas longtemps avant
d'apprendre qu'à la surface de leur territoire se trouve un avion
ainsi que de potentiels otages... Mayday
est donc le dernier long-métrage de Jean-François Richet et pour
un film qui fleure bon l'actioner et le gros tas de billets verts, le
spectateur aura la désagréable sensation de sortir de la projection
l'estomac pratiquement vide. Tout ou presque prend la forme d'un
petit film d'action sans trop d'envergure...
Dès
l'entame et cette longue séquence précédent l’atterrissage forcé
de l'avion, on se demande où donc est passé le budget dont le plus
gros ne semble pas avoir bénéficié aux effets-spéciaux tant la
séquence se montre avare d'un point de vue spectaculaire. Sans
vouloir être trop méchant ou trop exigeant, disons que Mayday
n'offre dans ce premier acte, rien de mieux qu'une banale
reconstitution d'un crash comme en proposent les documentaires
consacrés aux véritables catastrophes aériennes. Concernant la
suite, le spectateur est donc d'ors et déjà averti. Avec son
prisonnier contraint de partager le vol avec des passagers lambda, on
se doute bien avant que cela ne soit clair à l'écran que le
bonhomme (Mike Colter dans le rôle de Louis Gaspare) participera aux
manœuvres du commandant visant à faire libérer ses passagers des
mercenaires guidés par le sanguinaire Datu Junmar. Film d'action,
certes, mais également d'aventures puisque nos deux héros
s'enfonceront dans la forêt, visiteront un bâtiment désaffecté et
iront même jusqu'à plonger tête la première dans la gueule du
loup... avant que les secours (des soldats surarmés) ne volent à
leur secours in-extremis. Et c'est bien là le principal soucis de
Mayday.
Un scénario qui décrit de solides enjeux, lesquels paraissent
malheureusement gâchés par une ambition revue à la baisse une fois
transposés à l'écran. D'une durée avoisinant pourtant les
cent-dix minutes, le film passe à toute allure. On se demande bien
comment tant il se traîne parfois en longueur et tant l'on peut se
sentir lésés face à un spectacle qui ne tient pas toutes ses
promesses. Un duel entre le pilote et un mercenaire filmé en
plan-séquence, certes. Mais pour le reste, il faudra se contenter
d'un ersatz de la série L'agence tous risques
à cinquante millions de dollars. Une œuvre qui au fond rend hommage
au cinéma d'action des temps anciens, celui des années
quatre-vingt, voire de la décennie suivante, tout en étant pourtant
inférieur aux prototypes du genre que furent, au hasard,
Die Hard
ou Predator
de John McTiernan... La fibre nostalgique fonctionnera certainement
sur une partie du public tandis que l'autre se permettra sans doute
d’émettre quelques réserves concernant l'importance à apporter à
ce film d'action finalement mineur...
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