Plus le temps passe et
plus je me positionne sur un plan outre-atlantico-sceptique. Si au
cœur du foyer encore incandescent du cinéma américain quelques
génies parviennent toujours à donner signe de vie (au choix, David
Lynch, David Cronenberg, John Carpenter...), ils sont nombreux ceux
qui pervertissent l'image de ce média ô combien fascinant. La
science-fiction ? Laissez moi rire. L'hégémonique Star
Wars
ne passera pas par moi et blindés de billets verts, les blockbusters
super-héroïques non plus ! Les comédies ? À part les
vieux ZAZ
et les visions trash ou noires de John Waters ou Todd Solondz, là
encore, je préfère me référer au cinéma français ou
britannique. Preuve que de l'autre côté de l'océan l'on est peu à
l'aise avec les dialogues : Suffit de jeter un œil à n'importe
quel remake de n'importe quelle comédie hexagonale pour s'en rendre
compte immédiatement. Concernant le thriller, c'est la même chose.
Il n'existe selon moi rien de plus savoureux qu'une œuvre dont le
goût rappelle le Bibimbap, le semla ou la fabada. La Corée du sud,
les pays scandinaves et l'Espagne nous ont prouvé à maintes
reprises qu'ils sont les maîtres indétrônables en la matière.
Pourtant, Infiesto
de Patxi Amezcua aura semble-t-il beaucoup de mal à rejoindre les
classiques d'un genre empiété par les phénoménaux Tesis
ou
Abre los Ojos
tout deux signés coup sur coup par Alejandro Amenábar en 1996 et
1997. Mis à disposition des abonnés Netflix
depuis hier, ce thriller d'origine espagnole s'inscrit dans un
contexte qui pourra tout aussi bien paraître logique comme étant
tout bonnement hors-circuit. Une œuvre récente, donc, mais dont le
scénario signé de Patxi Amezcua lui-même, choisi comme cadre celui
du Covid-19. Démarrant d'ailleurs l'intrigue lors du tout premier
jour de confinement. Un détail permettant non seulement de justifier
le découpage de l'intrigue en divers actes mais également
d'inscrire le récit au cœur d'un manifeste expliquant les raisons
pour lesquelles un trio d'individus ayant incontestablement perdu
quelques cellules grises à décidé d'enlever et de sacrifier des
adolescents. Il est fou de constater que l'emploi du Covid-19 au
cœur de ce récit est à l'image même de la mise en scène, de
l'interprétation et des enjeux du récit. Dans le moindre détail,
Infiesto sent
le faisandé. Se revendiquant ainsi d'un présent tout récent et
proche des préoccupation dont se soucièrent sans doute les
habitants d'un pays tout entier, le long-métrage du réalisateur et
scénariste espagnol est d'un académisme si prononcé qu'il sera
compliqué de rester tout à fait concentré sur le récit. Le type
d'intrigue relativement ronflante, avec ses codes et surtout ses
stéréotypes d'un autre âge (les deux jeunes consommateurs d'herbe
immédiatement identifiés par la sous-inspectrice Castro (l'atrice
Iria del Rio) comme étant des ''hippies'' !!!).
Patxi
Amezcua cultive l'aspect rudimentaire de l'action et de l'enquête
que mènent la jeune femme et l'inspecteur-chef Samuel García
qu'interprète quant à lui l'acteur Isak Férriz. Le directeur de la
photographie Josu Inchaústegui imprime pourtant au long-métrage une
atmosphère souvent poisseuse, seul élément véritablement notable
d'une œuvre trop proche de ses voisines hispaniques ou scandinaves
pour parvenir à faire la différence. Pourtant récent, Infiesto
sent très rapidement le ''vieux'' ! Mais là où le film pèche
surtout plutôt que du côté d'une mise en scène il est vrai, tout
de même mollassonne, c'est au sujet de l'écriture. On se demande
sans cesse quel rapport il peut y avoir entre la mise en situation de
l'intrigue en plein cœur de la pandémie de Covid-19 et les
agissements de trois criminels qui kidnappent de jeunes filles et
garçons afin de les sacrifier. Si l'on sent bien que dans la tête
de ces timbrés résonne l'idée d'une fin du monde, le long-métrage
n'innove jamais et reprend même la plupart des codes habituellement
en rigueur dans le thriller tout en les traitant de manière
poussive. Servant de bouche-trou, le Covid-19 met en exergue des
proches atteints de la maladie (ici, bêtement traitée comme un
virus que serait aussi dangereux qu'Ebola) mais sans jamais vraiment
s'y intéresser. Une manière assurément maladroite de donner du
corps aux deux protagonistes puisque l'on n'y croit pas un seul
instant. C'est toute la relativité du phénomène lié à la
pandémie qui s'exprime ici. Alors que tout semble être presque
rentré dans l'ordre et que malgré les six millions et huit-cent
cinquante milles morts la maladie semble beaucoup moins dangereuse
qu'il n'y paraît, Patxi Amezcua tente d'inscrire son œuvre au sein
d'un ''mythe'' qui pourrait mener l'humanité à ne pas y survivre et
donc chercher par tous les moyens à s'en défendre. Caricatural à
souhait (les ''hippies'' donc, ou le dingue de service campé par
José Manuel Poga), beaucoup trop convenu et pourtant plutôt bien
interprété et bénéficiant d'une très belle photographie,
Infiesto n'est
malheureusement pas le thriller espagnol que nous espérions pouvoir
découvrir. Une déception donc...
Et oui, qu'est-ce que nous sommes ethnocentrés (zique comme cinoche) ! Normal me direz-vous, avec la force de frappe US dont nous ne sommes finalement plus qu'une colonie (surtout depuis que le nabot nous a réintégré dans l'OTAN - en emporte le vent -...). Et difficile d'avoir des sources d'informations sur les autres cultures de ce monde, à part ceux qui arrivent à percer à l'international...
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