Durant la première
guerre mondiale, un soldat français est touché par plusieurs tirs
allemands. Alors qu'infirmières et médecins tentent de lui sauver
la vie, un chirurgien lui ôte un projectile en argent qui ne semble
pas provenir d'un tir ennemi... Le récit de The Cursed
que l'on appellera sous son autre nom Eight for
Silver
pour ne pas le confondre avec le film éponyme de Yong-wan Kim
retourne ensuite trente-cinq ans en arrière, à la fin du
dix-neuvième siècle. Toujours situé sur le territoire français
(malgré les origines américaines du film), Eight
for Silver
confronte ensuite de riches propriétaires de terres revendiquées
par une population de gitans installés sur celles-ci. Le cadastre
certifiant qu'en effet ces terres appartiennent bien à ces gens du
voyage, les villageois décident de prendre une décision radicale et
chassent hommes et femmes de leur campement de fortune sans oublier
de faire un exemple pour leur ôter tout idée de revenir : ils
coupent les mains et les pieds d'un hommes et le crucifient tel un
épouvantail puis enterrent vivante une femme. La plus vieille
d'entre elles crachant alors au visage de l'un des agresseurs tout en
proférant une malédiction sur lui et tous ceux qui ont entrepris de
les chasser elle et sa communauté... Avec un tel synopsis, on se dit
que ouais, l'idée d'intégrer à un récit fantastique une légende
qui proviendrait éventuellement de la culture tzigane peut être
intéressante. Mais alors que Eight for Silver
semble
partir en ce sens, le spectateur constatera rapidement que la
communauté en question sera très rapidement remisée au placard
pour ne nous servir plus qu'une histoire de malédiction certes
servie par une photographie (due à Sean Ellis) et une direction
artistique (due à Patrick Schmitt) générales particulièrement
savoureuses...
Des
teintes monotones et des décors plongés sous une chape de brume
cultivant le mystère entourant celle malédiction lâchée par une
vielle dame à l'attention de ces riches propriétaires qui bien des
années plus tard vont payer cher leurs agissements. Après qu'une
bande de gamins ait déterré un dentier (!?!) en argent enterré au
pied du crucifié qui depuis n'est plus constitué que d'os et
vêtements en charpie, voici que l'un d'entre eux va être victime
d'un mal étrange. On hésite : Loup-garou ? Nouvelle
créature à intégrer dans le bestiaire du fantastique ? Car il
faut bien reconnaître que pour l'un des représentants de cette
espèce mi-homme, mi-loup, la bestiole manque cruellement de poils. À
moins qu'elle ne soit tout simplement imberbe ? Si visuellement
le film nous offre des décors conçus par Pascal Le Guellec souvent
saisissants plongés dans une lumière étouffée par des légions de
fumigènes heureusement plutôt crédibles, la créature est en
elle-même sinon ridicule, du moins assez mal fagotée. Difficile en
effet de ne point y déceler les effets-spéciaux qui se cachent
derrière sa création. Le contexte choisi est quant à lui
relativement étonnant. Car à moins que la peur de réveiller de
mauvais souvenirs n'ait fait réfléchir le réalisateur britannique
Sean Ellis, Eight for Silver
aurait tout aussi bien pu s'inscrire lors du second conflit mondial
s'étant déroulé entre 1939 et 1945 et lors duquel le peuple
tzigane y connu un sort particulièrement tragique puisque comme les
juifs, celui-ci fut victime d'un génocide commis par le régime nazi
avec pour conséquences, le massacre de centaines de milliers d'entre
eux...
Un
chiffre estimé entre 300 000 et 500 000 disparitions d'hommes,
femmes et enfants... L'acteur et mannequin Boyd Holbrook y incarne le
personnage de John McBride, pathologiste arrivant sur les terres du
baron Seamus Laurent (le britannique Alistair Petrie) et de son
épouse Isabelle (Kelly Reilly) pour y enquêter sur la mort d'un
adolescent retrouvé mutilé dans une cabane en bois. Ce qui donne
d'ailleurs lieu à un anachronisme d'ampleur puisque lorsque le héros
du récit arrive pour mener son investigation, le jeune garçon n'a
en réalité pas encore été tué. Tout en essayant de conserver un
certain mystère entourant la bête responsable de sa mort, le
spectateur ne mettra pas plus d'une poignée de secondes avant de
comprendre qui en est l'auteur. Doté d'effets gore particulièrement
efficaces, Eight for Silver a
pour principal intérêt de plonger ses protagonistes à une époque
reculée que l'on ne retrouve en grande partie que dans l'âge d'or
du cinéma fantastique de la première moitié du vingtième siècle.
Ici, pas de vampires, ni même de loup-garou au fond, plutôt une
créature hybride dont une autopsie démontre une affiliation
certaine avec la body
horror
du The Thing
de John Carpenter. Agréable surprise pourtant plombée par quelques
maladresses (la séquences lors de laquelle les gamins déterrent les
dents d'argent est ridiculement abordée) et invraisemblances (la
réaction de la sœur de la première victime qui semble indifférente
à l'agression de son frère alors même que le village plonge dans
une torpeur et une série de meurtres sans précédents), le
long-métrage de Sean Ellis vaut surtout pour son ambiance délétère
et une interprétation générale plutôt convaincante...
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