Après La mouche
de David Cronenberg, les Nuls créèrent La
Mèche
de David Kronenbourg, parodie du chef-d’œuvre réalisé par le
cinéaste canadien en 1986... Lorsque l'on vient d'assister à la
projection de Metamorphosis de
George Eastman, on est en droit de se demander s'il n'a pas lui-même
plagié la parodie plutôt que l’œuvre originale tant cette purge
paraît en dessous de tout. Nous sommes en 1990 et apparemment, en
Italie, on n'a pas abandonné le principe consistant à prendre un
long-métrage à succès venu d'ailleurs dans l'intention d'en
extraire la substantielle moelle pour, au final, en régurgiter une
version en tous points déplorable ! Le meilleur de
Metamorphosis ?
Son affiche. Le pire ? Tout le reste. Alors même que le film
entre de plain-pied dans les années quatre-vingt dix, la bande-son
signée de Luigi Ceccarelli s’échine à sonner comme un pur
produit de la décennie précédente. De la soupe au rabais, genre
pop de supermarché vendue à un euro à l'entrée des caisses de
votre supérette favorite ! George Eastman signe ici son tout
premier et dernier long-métrage. Enfin, son second si l'on tient
compte du fait qu'il participa sept ans auparavant à la mise en
scène de I Gladiatori del Futuro
(2020 Texas Gladiators)
de Joe D'Amato sans que son nom n'apparaisse pour autant au titre de
co-réalisateur. En cette année 1990 sortirent sur les écrans
quelques œuvres reconnues comme étant de brillantes réussites
telles que L'échelle de Jacob
d'Adrian Lyne, La Nuit des morts-vivants
de Tom Savini, Predator 2 de
Stephen Hopkins ou encore le film gore hexagonal, Baby
Blood
d'Alain Robak...
C'est
donc au sein d'un vivier de longs-métrages qui méritaient toute
l'attention des amateurs d'horreur et de fantastique qu'allait
échouer dans les salles transalpines ce salmigondis de fautes de
goûts qu'est Metamorphosis.
Un film dont l'ambition n'a d'égal que sa laideur, sa piètre
interprétation et sa morne mise en scène. Mais qui est donc George
Eastman ? Pour celles et ceux qui n'avaient pas de magnétoscope
à l'époque et n'avaient donc pas le moindre film au format VHS à
se mettre sous la dent, c'est sans doute le souvenir d'une soirée
tardive sur Canal+
qui vint combler leur lacune concernant ce film de Joe D'Amato dont
la réputation était si grande qu'il est resté jusqu'à aujourd'hui
une légende (largement surestimée) du cinéma gore italien. On
parle bien évidemment de Anthropophagous
et à commencer par sa célèbre affiche sur laquelle trônait un
géant dégarni dévorant littéralement ses propres entrailles. Un
festival de séquences proprement hallucinantes pour l'époque mais
qui aujourd'hui nous feraient bien rire (le fœtus que dévore la
créature n'était en fait que le cadavre d'un lapin dépecé). Et
bien, sachez (et là je m'adresses aux profanes) que le cannibale se
cachant sous le nom de Nikos Karamanlis était interprété par
George Eastman lui-même. Faisant ainsi de lui une véritable légende
du cinéma d'horreur et d'épouvante italien en cette année 1980
bien qu'il avait amorcé sa carrière d'acteur quatorze années
auparavant en apparaissant dans Django Spara per
Primo
(Django tire le premier)
d'Alberto De Martino. Reprenant notamment le rôle de l'anthropophage
dans la pseudo-suite Rosso Sangue
(Horrible),
toujours réalisé par Joe D'Amato avec lequel il collabora sur un
nombre important de longs-métrages, voilà que l'idée de
passer derrière la caméra lui titilla l'entrejambe !
Il
faudra donc attendre 1990 pour que George Eastman choisisse un sujet
ô combien similaire au chef-d’œuvre du plus célèbre des
réalisateur canadiens. Mais George Eastman n'étant pas David
Cronenberg et son principal interprète Gene LeBrock n'étant pas
Jeff Goldblum, les deux longs-métrages ne partagent que ce même
goût de l'horreur façon Body
Horror.
Une gageure pour l'italien lorsqu'on sait combien David Cronenberg
maîtrise à l'époque le sujet sur le bout des doigts. Terminée la
formidable et tragique histoire d'amour entre Seth Brundle et
Veronica Quaife (l'actrice américaine Geena Davis). Terminée la
lente et douloureuse agonie du scientifique qui eut le malheur
d'expérimenter sur sa propre personne son programme de
téléportation. Terminés, enfin, les sublimes effets-spéciaux de
Chris Walas et de son équipe en charge des troublantes
transformations du héros. En 1990, c'est au tour du pas du tout
charismatique Gene LeBrock de prendre la relève dans le rôle du
docteur Peter Houseman et au tour de Maurizio Trani de signer les
effets-spéciaux en lieu et place de Chris Walas. George Eastman ne
s'embarrasse pas du prestige de l’œuvre qu'il pille et signe une
série Z déplaisante à force de vouloir copier l'original sans une
once de talent. Décors et photographie sont d'une laideur
''téléfilmesque''. Metamorphosis est
d'un ennui sidérant pour quiconque garde en mémoire l'intensité de
l’œuvre de David Cronenberg. Pourtant, une récompense attendra
celle ou celui qui aura la patience et la ténacité de regarder le
bousin jusqu'au bout : découvrir l'une des créatures les plus
ridicules que nous ait offert le cinéma fantastique !
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