Il y a ceux qui n'aiment
pas les films d'horreur. Ceux qui n'aiment pas les films de cape et
d'épée. Ceux qui n'aiment pas les films de science-fiction. Ceux
qui n'aiment pas les films d'aventure. Ceux qui n'aiment pas les
films de cul (Vraiment ?). Etc, etc, etc... Moi, c'est les films sur
la Mafia et sur la drogue. Enfin, à part quelques rares exemples
bien entendu. Comme The King of New York
et Bad Lieutenant
tout deux signés d'Abel Ferrara ou Scarface
de Brian de Palma. Tiens ! Justement le réalisateur dont on va
parler dans cet article. Je n'adhère donc qu'avec parcimonie au
cinéma de Martin Scorsese. Taxi Driver
par exemple et surtout lorsqu'il sort de sa zone de confort (After
Hours).
Dix ans après le chef-d’œuvre Scarface,
Brian de Palma, donc, retrouvait l'acteur Al Pacino, immense
interprète à la flamboyante carrière et aux multiples rôles de
mafieux. Rien d'étonnant à ce qu'on le retrouve alors au générique
de L'impasse
en 1993, soit dix années après leur première collaboration. Si
dans Scarface
Al Pacino incarnait un jeune homme ambitieux débutant sa carrière
dans le monde de la drogue avec pour objectif de devenir le nouveau
parrain, L'impasse
suit les aventures d'un homme qui s'est déjà imposé dans le milieu
bien avant que le film ne démarre...
Lorsque
Carlito Brigante sort de prison après avoir purgé une peine de cinq
ans (au lieu des trente années prévues), le monde autour de lui a
changé. Bien décidé à prendre sa retraite, s'il y a bien une
chose qui par contre est demeurée intacte, c'est son amour pour Gail
qu'il retrouvera bientôt. Alors que tout le monde s'attendait sans
doute à retrouver Brian de Palma et Al Pacino dans une œuvre
uniquement centrée sur la drogue et la Mafia, certains spectateurs
se sont sans doute sentis lésés une fois le long-métrage arrivé à
son terme. Car s'il y existe bel et bien un domaine dans lequel le
réalisateur excelle et se complaît souvent, c'est l'amour. Oui, les
histoires d'amour ne sont pas rares chez Brian de Palma et ici comme
très souvent, les choses finissent mal. C'est en tout cas ce que
semblent vouloir nous démontrer les premières images, sublimement
accompagnées par la partition musicale de Patrick Doyle qui prend
donc la place d'Ennio Morricone ou Pino Donaggio au générique. Si
le changement d'époque ne saute pas directement aux yeux du
spectateur, Brian de Palma se sert assez maladroitement de la bande
musicale pour tenter de créer un décalage entre le monde qu'a connu
Carlito Brigante et celui dans lequel il est désormais condamné à
vivre. À ce titre, le film est tout d'abord plongé sous un amas de
séquences situées dans une boite de nuit et même en extérieur, de
plein jour, où hommes et femmes dansent sur des airs de salsa. Le
héros du récit évoque alors cette nouvelle mode qui ne correspond
pas à ses goûts : ce disco qui émerge alors puisque
l'intrigue se déroule au beau milieu des années soixante-dix.
Pourtant, à ce moment très précis, le genre n'a pas encore fait
son apparition à l'écran et débarque subitement comme un cheveu
dans la soupe...
Une
manière pour Brian de Palma d'évoquer le temps qui a passé.
Carlito Brigante a beau être devenu un personnage légendaire, une
icône du trafic de cocaïne, cette nouvelle génération de
trafiquants sans foi ni loi qui règnent désormais sur la ville
définit les contours d'un personnage faisant partie d'un passé
révolu où ''intégrité'', fidélité et ''valeurs morales''
avaient encore un sens. Brian de Palma qui avait pour habitude de
rendre déchirantes des histoires d'amour qui se terminaient mal
(Blow Out)
semble avoir déjà nettement plus de mal à convaincre ici. Et
pourtant, le jeu d'Al Pacino face à Penelope Ann Miller séduit,
amuse et touche. Redevenant l'enfant innocent que fut sans doute son
personnage. Entouré d'une panoplie de seconds-rôles (dont un Sean
Penn en avocat cocaïnomane méconnaissable) comme les chérit
habituellement Martin Scorsese, le cinéma de Brian de Palma se fait
ici, bizarrement tout petit malgré des séquences qui marquent
instantanément les esprits (la tuerie située dans la salle de
billard, etc...). L'on retrouve sporadiquement le génie du
réalisateur sans qu'il ait pour autant recours à certains des
éléments qui participèrent de sa légende (Plans-séquences,
Split-screen). Mais ces travelling circulaires, ces contre-plongées
ou ces vues subjectives sont bien sa marque de fabrique. Au final,
L'impasse est
un excellent mélange entre film de gangsters, drame et thriller qui
reste cependant en deçà de ce qu'était capable de produite à
l'époque l'auteur de Phantom of the Paradise,
Body Double ou
Les Incorruptibles...
L'un de mes De Palma préférés, avec un Al Pacino sobre (quel contraste avec celui de Scarface !), au contraire de Penn, et comme indiqué, des scènes marquantes (le billard, la poursuite et fusillade finale dans le métro...).
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