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mardi 14 février 2023

Le traitement de Hans Herbots (2014) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Se traînant une réputation de film dérangeant, glauque et voire même parfois repoussant, le sixième long-métrage du réalisateur belge Hans Herbots s'avère cependant très largement surcoté. Généralement comparé au Se7ven de David Fincher pour son approche crépusculaire du thriller, Le traitement (curieusement retitré The Beast en France) a effectivement la lourde charge d'endosser un sujet des plus délicats : celui de la pédophilie et des meurtres d'enfants. S'engager sur cette voie est forcément une prise de risque conséquente et particulièrement osée (quant pourrons-nous enfin découvrir chez nous aux formats DVD et Blu-ray la très belle histoire d'amour entre l'adolescente et le quadragénaire de La petite sirène de Roger Andrieux?). Un thème que peu de réalisateurs ont choisi d'aborder dans leur carrière de manière frontale (Mysterious Skin de Gregg Araki et Tras el Cristal de Agusti Villaronga demeurant parmi les exemples les plus notables) et que le réalisateur belge traite donc sous l'angle du thriller. Mais pas n'importe quel genre de thriller puisque le sien ressemble beaucoup à la vague de ceux que produisent les pays scandinaves depuis un certain nombre d'années. On retrouve effectivement chez Hans Herbots ce même choix pour les teintes décolorées et le ton très premier degré de certains films policiers danois. Une absence d'humour sans doute encore plus prononcée chez le belge que chez ses voisins. En Belgique, l'ombre du pédophile Marc Dutroux plane évidemment toujours beaucoup au dessus des têtes des habitants du pays qui découvrirent avec effroi les horreurs perpétrées par cet individu qui depuis 2004 est emprisonné à perpétuité. Dix ans après son incarcération sort alors le film de Hans Herbots. Un enfant de neuf ans disparaît et c'est le branle-bas de combat parmi l'équipe d'inspecteurs chargés d'enquêter sur sa disparition. Nick Cafmeyer se voit saisi de l'affaire par sa supérieure Danni Petit (l'actrice Ina Geerts) qui connaît bien le passé de son subalterne mais lui fait confiance. En effet, tout petit, Nick fut lui-même le témoin d'une affaire similaire qui le toucha personnellement puisque son jeune frère Björn fut enlevé et assassiné par un pédophile qui fut arrêté, condamné puis libéré après avoir effectué sa peine. Forcément troublé par cette nouvelle disparition touchant un enfant d'un âge approximatif de celui de son frère à l'époque, Nick va tout mettre en œuvre pour retrouver le responsable de ce qui n'était encore qu'un enlèvement jusqu'à ce que le petit corps sans vie de l'enfant soit découvert suspendu à la branche d'un arbre, la marque profonde d'une mâchoire d'homme sur l'omoplate droite...


Principalement interprété par l'acteur Geert Van Rampelberg, ce qui distingue Le traitement de la plupart des thrillers est évidemment le sujet de la pédophilie et des infanticides. Mais là où le réalisateur belge repousse un peu plus les limites du concevable demeure dans la description de certains actes qui restent proprement insoutenables. Cas rare, Hans Herbots va jusqu'à filmer l'autopsie partielle de la jeune victime, décrivant ainsi le calvaire vécu par l'enfant. En parallèle à ce drame sordide, le film déploie tout un panel de personnages troubles noyant l'enquête de Nick Cafmeyer et par là-même la concentration du spectateur dans tout un tas d'hypothèses dont beaucoup ne se confirmeront évidemment pas. En fait, la résolution de l'énigme entourant l'identité du responsable s'avérera beaucoup plus simple que prévu. Loin d'imaginer un ogre pervers tuant gratuitement, Hans Herbots envisage son tueur comme un individu atteint de troubles mentaux sévères anticipant de manière extravagante sur les raisons qui mènent à l'impuissance chez l'homme ! Cet aspect du récit renforce le côté moite et glauque d'une histoire qui n'en n'avait certes pas besoin pour déranger une partie des spectateurs comme semble le témoigner une large partie des critiques. Principal soucis : Le traitement demeure avant tout un sacré bordel concernant le déroulement de l'intrigue et donc de l'enquête. À trop accumuler les suspects, à vouloir passer d'un thème à l'autre (l'enquête sur la mort de l'enfant, le rapt d'une famille ou encore cette vieille dame qui garde séquestré dans une caravane un homme apparemment atteint de troubles psychiatriques), à créer un puzzle de pièces s'entremêlant à la ''vas- comme j'te pousse'', on s'y perd un peu. Voire même terriblement si on a le malheur de se lever pour aller boire un verre ou pour aller pisser. Tous ces noms imprononçables font qu'il faut d'abord s'accrocher à un visage pour pouvoir lui coller un patronyme ! Ensuite, le côté éprouvant qu'accordent les spectateurs au film est, me semble-t-il, un brin exagéré. Comme certains purent voir à l'époque de sa sortie des hectolitres de sang dans le fameux Massacre à la tronçonneuse (alors qu'il n'en est rien), d'autre voient dans Le traitement, un film perpétuellement plongé sous la pluie et l'obscurité. Ce qui est bien évidemment faux. Et même si quelques séquences restent imprimées, comme la visite des différents lieux où eurent lieux les drames, l’œuvre de Hans Herbots est bien moins sordide, sombre et désespérée qu'il n'y paraît. Reste un thriller de facture moyenne qui n'égale à aucun moment la concurrence scandinave...

 

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