Se traînant une
réputation de film dérangeant, glauque et voire même parfois
repoussant, le sixième long-métrage du réalisateur belge Hans
Herbots s'avère cependant très largement surcoté. Généralement
comparé au Se7ven
de David Fincher pour son approche crépusculaire du thriller, Le traitement (curieusement
retitré The Beast
en France) a effectivement la lourde charge d'endosser un sujet des
plus délicats : celui de la pédophilie et des meurtres
d'enfants. S'engager sur cette voie est forcément une prise de
risque conséquente et particulièrement osée (quant pourrons-nous
enfin découvrir chez nous aux formats DVD et Blu-ray la très belle
histoire d'amour entre l'adolescente et le quadragénaire de La
petite sirène
de Roger Andrieux?). Un thème que peu de réalisateurs ont choisi
d'aborder dans leur carrière de manière frontale (Mysterious
Skin de
Gregg Araki et Tras el Cristal
de Agusti Villaronga demeurant parmi les exemples les plus notables)
et que le réalisateur belge traite donc sous l'angle du thriller.
Mais pas n'importe quel genre de thriller puisque le sien ressemble
beaucoup à la vague de ceux que produisent les pays scandinaves
depuis un certain nombre d'années. On retrouve effectivement chez
Hans Herbots ce même choix pour les teintes décolorées et le ton
très premier degré de certains films policiers danois. Une absence
d'humour sans doute encore plus prononcée chez le belge que chez ses
voisins. En Belgique, l'ombre du pédophile Marc Dutroux plane
évidemment toujours beaucoup au dessus des têtes des habitants du
pays qui découvrirent avec effroi les horreurs perpétrées par cet
individu qui depuis 2004 est emprisonné à perpétuité. Dix ans
après son incarcération sort alors le film de Hans Herbots. Un
enfant de neuf ans disparaît et c'est le branle-bas de combat parmi
l'équipe d'inspecteurs chargés d'enquêter sur sa disparition. Nick
Cafmeyer se voit saisi de l'affaire par sa supérieure Danni Petit
(l'actrice Ina Geerts) qui connaît bien le passé de son subalterne
mais lui fait confiance. En effet, tout petit, Nick fut lui-même le
témoin d'une affaire similaire qui le toucha personnellement puisque
son jeune frère Björn fut enlevé et assassiné par un pédophile
qui fut arrêté, condamné puis libéré après avoir effectué sa
peine. Forcément troublé par cette nouvelle disparition touchant un
enfant d'un âge approximatif de celui de son frère à l'époque,
Nick va tout mettre en œuvre pour retrouver le responsable de ce qui
n'était encore qu'un enlèvement jusqu'à ce que le petit corps sans
vie de l'enfant soit découvert suspendu à la branche d'un arbre, la
marque profonde d'une mâchoire d'homme sur l'omoplate droite...
Principalement
interprété par l'acteur Geert Van Rampelberg, ce qui distingue Le
traitement de
la plupart des thrillers est évidemment le sujet de la pédophilie
et des infanticides. Mais là où le réalisateur belge repousse un
peu plus les limites du concevable demeure dans la description de
certains actes qui restent proprement insoutenables. Cas rare, Hans
Herbots va jusqu'à filmer l'autopsie partielle de la jeune victime,
décrivant ainsi le calvaire vécu par l'enfant. En parallèle à ce
drame sordide, le film déploie tout un panel de personnages troubles
noyant l'enquête de Nick Cafmeyer et par là-même la concentration
du spectateur dans tout un tas d'hypothèses dont beaucoup ne se
confirmeront évidemment pas. En fait, la résolution de l'énigme
entourant l'identité du responsable s'avérera beaucoup plus simple
que prévu. Loin d'imaginer un ogre pervers tuant gratuitement, Hans
Herbots envisage son tueur comme un individu atteint de troubles
mentaux sévères anticipant de manière extravagante sur les raisons
qui mènent à l'impuissance chez l'homme ! Cet aspect du récit
renforce le côté moite et glauque d'une histoire qui n'en n'avait
certes pas besoin pour déranger une partie des spectateurs comme
semble le témoigner une large partie des critiques. Principal
soucis : Le traitement demeure
avant tout un sacré bordel concernant le déroulement de l'intrigue
et donc de l'enquête. À trop accumuler les suspects, à vouloir
passer d'un thème à l'autre (l'enquête sur la mort de l'enfant, le
rapt d'une famille ou encore cette vieille dame qui garde séquestré
dans une caravane un homme apparemment atteint de troubles
psychiatriques), à créer un puzzle de pièces s'entremêlant à la
''vas- comme j'te pousse'', on s'y perd un peu. Voire même
terriblement si on a le malheur de se lever pour aller boire un verre
ou pour aller pisser. Tous ces noms imprononçables font qu'il faut
d'abord s'accrocher à un visage pour pouvoir lui coller un
patronyme ! Ensuite, le côté éprouvant qu'accordent les
spectateurs au film est, me semble-t-il, un brin exagéré. Comme
certains purent voir à l'époque de sa sortie des hectolitres de
sang dans le fameux Massacre à la tronçonneuse
(alors
qu'il n'en est rien), d'autre voient dans Le
traitement,
un film perpétuellement plongé sous la pluie et l'obscurité. Ce
qui est bien évidemment faux. Et même si quelques séquences
restent imprimées, comme la visite des différents lieux où eurent
lieux les drames, l’œuvre de Hans Herbots est bien moins sordide,
sombre et désespérée qu'il n'y paraît. Reste un thriller de
facture moyenne qui n'égale à aucun moment la concurrence
scandinave...
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