Le joujou (The
Toy)
de Richard Donner, c'est au tout départ un scénario. Celui du
réalisateur et scénariste français Francis Veber. Puis dans la
foulée, un long-métrage, lui aussi français et lui aussi réalisé
par Francis Veber. Une comédie à l'humour parfois amer porté par
deux grands interprètes. D'un côté, Pierre Richard qui jusque là
s'était manifesté dans des œuvres humoristiques nettement plus
légères que celle à laquelle il allait donc s'attaquer en 1976
auprès de Michel Bouquet. Reprenant le rôle de François Perrin
qu'il incarna tout d'abord dans le diptyque d'Yves Robert Le
grand blond avec une chaussure noire
en 1972 et Le retour du grand blond
en 1974 (personnage qu'il réinterprétera à deux autres reprises
avant de passer le flambeau à Patrick Dewaere,Jean-Pierre Marielle
et Patrick Bruel), il incarnait cette fois là un rôle de
journaliste au chômage parvenant à se faire embaucher parmi les
employés du quotidien France
Hebdo dont
le président-directeur-général n'était autre que Michel Bouquet
dans le rôle de Pierre Rambal-Cochet. Un être froid, demeurant
indifférent aux préoccupations de ses employés, capable de faire
licencier l'un d'entre eux pour la simple raison qu'il a les mains
moites (Gérard Jugnot dans la peau de Pignier, un personnage faisant
directement référence au renvoi d'un employé de l'entrepreneur
Marcel Dassault qui n'hésita pas à renvoyer l'un de ses employés
pour la même raison !) et qui n'accorde qu'une part très
infime de son temps à son fils Éric qui lui est interprété par le
jeune Fabrice Greco dont Le jouet
demeurera l'unique occasion de se faire connaître sur grand écran.
Une œuvre hybride jouant autant sur la fibre humoristique de l'un
des acteurs comiques les plus populaires de France et sur l'austérité
et l'antipathie que dégageait avec un naturel déconcertant
l'immense Michel Bouquet...
La
plupart des longs-métrages écrits et réalisés par Francis Veber
ayant été adaptés outre-atlantique, Le jouet
n'a lui-même pas dérogé à la règle et quelques années plus
tard, voilà que l'auteur de La malédiction
en 1976, Superman
en 1978 et plus tard Les Goonies
en 1985 ou la série de films L'arme Fatale
allait signer avec Le joujou,
l'un de ses plus mauvais films, sinon le pire d'une filmographie
pourtant en partie exemplaire. C'est là tout le paradoxe qui réside
entre l'humour hexagonal et celui que l'on rencontre généralement
sur le territoire américain. Ça n'est pas faire preuve de
chauvinisme que d'affirmer que de l'autre côté de la planète l'on
est nettement moins à l'aise avec l'écriture raffinée des
dialogues que sur notre territoire. C'est sans doute alors la raison
pour laquelle Richard Donner et ses interprètes misèrent tout ou
presque sur la gestuelle de leur personnage respectif. Richard Pryor
a beau être alors une star du comique bien qu'un peu moins populaire
chez nous qu'Eddie Murphy à l'époque, il n'en est pas moins
décevant dans le rôle de Jack Brown, un afro-américain dont le
sort sera sensiblement le même que notre François Perrin national.
Mais alors que Pierre Richard réussissait à doser son personnage
entre pitreries et bons mots, l'acteur américain en fait des tonnes,
quitte à se rendre lui-même ridicule sans que cela ne génère
cependant le moindre rire. Quant à Jackie Gleason, le pauvre, passer
après Michel Bouquet afin d'interpréter à son tour le propriétaire
d'un journal relativement antipathique ne lui laissait aucune chance
de briller à l'image comme avait pu le faire l'acteur français six
ans auparavant. À dire vrai, celui qui s'en sort peut-être le mieux
reste le jeune Scott Schwartz dans le rôle du fils Eric Bates.
Acteur qui contrairement au français Fabrice Greco fera carrière
dans le cinéma et à la télévision et qui aujourd'hui encore
continue de tourner. Lourd et dénué du poids que représentait la
relation père/fils de l’œuvre originale, Le
joujou
est comme en grande partie basé sur le principe des remakes
américains de films français presque totalement ratés. Pas drôle
et dégageant une énergie proprement inutile. Reste maintenant à
savoir si dans notre pays l'on est soit-même capable d'écrire,
réaliser et interpréter un remake puisque l'année dernière est
sorti sur les écrans, Le nouveau jouet
avec Daniel Auteuil et Jamel Debbouze... Verdict très bientôt...
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