Dire que j'attendais le
nouveau long-métrage de Brad Anderson avec impatience est un
euphémisme. Qu'il s'attaque à la comédie romantico-fantastique
(Happy Accidents),
au film d'épouvante (Session 9)
ou au thriller (The Machinist,
Transsiberian,
The Call,
Hysteria,
La fracture),
son cinéma ne m'a presque jamais déçu (en dehors du très décevant
L'Empire des Ombres).
Nous attendions le drame In search of Captain
Zero
et le film d'horreur Book of Leaves
mais c'est finalement Blood
qui a finalement fait son apparition au festival Gerardmer... Si l'on
peut émettre des doutes à son sujet, c'est peut-être parce qu'avec
L'Empire des Ombres,
le réalisateur américain n'était pas vraiment parvenu à ses fins
et nous avait laissé avec sur les bras, une œuvre terriblement
anecdotique. Ce qu'est prête à accomplir une mère par amour pour
son fils, voilà comment nous pourrions résumer en partie le thème
du dernier long-métrage de Brad Anderson. Car sous ses allures de
film au sujet relativement classique (un gosse, mordu par son chien,
est atteint d'une maladie étrange le poussant à se nourrir
exclusivement de sang humain), le script du scénariste Will Honley
regorge de tout un tas d'idées qui permettent à Blood
de sortir du carcan étriqué du simple film de vampire... Cette
définition du mal qui ronge un enfant n'est d'ailleurs peut-être
pas celle qui convient puisqu'il faudrait pour s'en assurer, remonter
jusqu'aux origines du mal. Quelle est donc cette chose que Owen (le
jeune Finlay Wojtak-Hissong dont il s'agit là du cinquième rôle au
cinéma en quatre ans) et sa sœur ont découverte le jour où ils
avaient l'intention d'aller pêcher au bord d'un lac qui s'est avéré
asséché ? S'impose à Jess, la mère, un choix moral
particulièrement crucial : Obéir à son instinct maternel et
agir de manière contraire à ce que veut son métier d'infirmière,
lequel est donc de sauver des vies et non de les enlever ? Ou
bien refuser à son fils le sang, cette seule nourriture que son
organisme est désormais en mesure d'accepter, sans lequel il ne peut
survivre ? L'on retrouve comme dans La
fracture,
le sens de la famille si cher à Brad Anderson et dont les
implications sont ici démultipliées. En effet, outre le cas de
conscience d'une mère vis à vis du comportement à adopter face aux
besoins de son enfant, cette douloureuse épreuve est accompagnée
d'une certaine idée de rédemption. L'on apprend en effet très
rapidement que Jess est séparée depuis peu de son mari. Ancienne
dépendante à certaines drogues, elle ne s'est jamais vraiment
occupée de son fils et de sa fille et maintenant que son ex-mari
entreprend avec son avocat de revoir les termes concernant la garde
d'Owen et de sa sœur, la mère doit prouver qu'elle est désormais
capable d'en avoir la charge...
Brad
Anderson ne simplifiant pas les choses, le réalisateur plonge ses
personnages dans un contexte qui semble tout faire pour que Jess
(l'actrice Michelle Monaghan) perde la garde de ses deux enfants. Des
petits détails qui vont peu à peu consumer cette mère et la
pousser à prendre des décisions a priori inenvisageables. Blood
rassure sur les capacités du réalisateur à plonger ses
protagonistes dans une œuvre teintée de fulgurances horrifiques
mais aussi et surtout au cœur d'une histoire touchante entre un
ex-époux (l'acteur Skeet Ulrich) que l'on aime détester même si
ses propos sont généralement justifiés et une ex-épouse
désemparée Le fait est que l'on se place d'emblée du côté de
cette mère fragile qu'incarne très justement l'actrice. Mais là où
le scénario de Will Honley et la mise en scène de Brad Anderson
font preuve d'un certain sadisme demeure dans les changements
d'humeur que le long-métrage provoque chez le spectateur. Justifiant
tout d'abord les actes perpétrés par Jess, celui-ci éprouvera de
moins en moins d'empathie pour la mère de famille, jusqu'à
réprouver totalement sa fonction de mère nourricière. Concentrant
son action entre l’hôpital où est soigné Owen mais plus
généralement dans la demeure familiale, Blood
n'est certes pas le meilleurs long-métrage de son auteur ni même le
film de l'année mais offre une singulière vision de ce que peut
être l'amour maternel ! Notons parmi les interprètes, la
présence de la jeune Skylar Morgan Jones dans le rôle de Tyler, la
sœur d'Owen ou celle de June B. Wilde dans celui de Helen, une
vieille dame mourante qui fera les frais des besoins de l'enfant.
Notons également que dans le rôle d'Owen, Finlay Wojtak-Hissong est
souvent saisissant et campe donc à merveille ce pseudo-vampire
s'enivrant de sang. Blood
poursuit la mode des mères de famille monstrueuses comme l'avait
entreprit deux ans auparavant Aneesh Chaganty en offrant à l'actrice
Sarah Paulson le rôle principal de Run.
Mais comme le constateront rapidement les spectateurs de Blood,
Brad Anderson emprunte une trajectoire bien différente. Voire
justifiée, dotée d'une belle photographie et d'une bande musicale
parfois envoûtante...
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