Des mouches faisant
directement référence aux abeilles de Candyman de
Bernard Rose. Une séquence reprenant quasiment plan par plan la
rencontre entre le T-800
et
Sarah Connor dans l'asile de Terminator 2 de
James Cameron. Le monstre du film accouchant d'une créature dont les
soubresauts ressemblent à s'y méprendre à ceux du petit alien de
l'une des séquences finales de Prometheus de
Ridley Scott. Et surtout, un récit plongeant quatre amis à deux
époques distinctes séparées par deux décennies renvoyant au récit
du génial It
de Stephen King. Si ces références ne vous donnent pas envie de
tourner les talons, alors bienvenue dans l'univers de Achoura,
le second et actuellement dernier long-métrage du réalisateur
franco-marocain Talal Selhami. Et qui dit franco-marocain dit, double
usage de la langue, le film se partageant avec plus ou moins d'équité
le français et l'arabe. L'inconvénient d'un film dont le budget
n'atteint pas les cimes des blockbusters est de se voir affligé de
défauts rédhibitoires. À sa décharge, Achoura
parvient à éluder ce type d'inconvénients sans pour autant faire
preuve de prouesses techniques ébouriffantes ! L'on retiendra
une fois encore l'emploi de références lorsque apparaîtra dans son
entier la créature du film, laquelle doit sans doute tout au Mimic
de
Guillermo Del Toro. Si à première vue le nouveau long-métrage de
Talal Selhami paraît posséder tous les atours du drame social
exotique situant son action au Maroc (pays du Maghreb où a été
tournée l'action), la beauté et la jeunesse sidérantes de
l'actrice Jade Beloued provoque lors de la séquence d'ouverture un
choc culturo-traditionnel dont les attributs demeurent fort
heureusement inenvisageables dans notre pays. Cette gamine qui lors
de l'Achoura,
cette fête typiquement orientale lors de laquelle est
traditionnellement respecté le jeûne purificateur, apparaît à
l'écran tel un ange de pureté. Accompagnée d'un homme dont la
laideur n'a d'égal que sa méchanceté, la jeune fille, à son bras,
témoigne indéniablement de la zone territoriale où se situe
l'action...
L'Occident
risque de trembler ne fut-ce qu'un poignée de seconde devant cette
''horreur'' tout à fait réelle mais pourrait par contre ensuite
très rapidement se tourner les pouces devant ce film pourtant
encensé dans sa grande majorité. Talal Selhami a beau tenter de
nombreuses choses durant l'aventure que se partagent ses quatre héros
et la créature dont il vont tenter de se défaire, l'ombre du roman
de l'écrivain américain plane tant et si bien au dessus du film que
l'on a souvent le sentiment d'assister à une adaptation low cost de
It.
D'autant plus qu'il n'y a pas si longtemps que ça, le réalisateur
argentin Andy Muschietti nous a offert sur grand écran une brillante
actualisation du mythe du plus effrayant clown de la littérature et
du septième art (nettement plus ambitieuse que la version que
réalisa Tommy Lee Wallace au tout début des années quatre-vingt
dix). Pourtant, malgré ses maigres moyens, Talal Selhami parvient à
dresser le portrait d'une créature issue de la mythologie arabique
préislamique : le Djinns. À ce propos, je ne saurais trop vous
conseiller de vous procurer et de dévorer de la première à la
dernière ligne l'un des nombreux chefs-d’œuvre de l'écrivain
écossais Graham Masterton sorti sous le titre Le
Djinn
chez Néo
ainsi que chez Pocket
dans
la collection Terreur !
Beaucoup d'effets-spéciaux et une volonté sincère de bien faire de
la part du réalisateur franco-marocain. Une générosité qui
malheureusement explose maladroitement à l'écran. À commencer par
l'épique partition de Romain Paillot qui dans nombre de
longs-métrages aventureux d'héroic-fantasy façon Le seigneur
des anneaux aurait parfaitement fait illusion mais qui dans
le cas présent ressemble davantage à un concert philharmonique
interprété dans un placard à balais ! Belle et entraînante,
la musique du jeune compositeur parisien se mue alors en envolées
grandiloquentes totalement décalées par rapport au peu d'ampleur du
récit. Les interprètes sont plutôt majoritairement convaincants,
les effets-spéciaux, quoique parfois perfectibles le sont également.
Par contre, Achoura n'est absolument pas effrayant. De
plus, on aurait aimé que Talal Selhami se saisisse du cadre exotique
que peuvent revêtir certains territoires du Maroc pour nous faire
voyager hors de notre zone de confort. Chose que le réalisateur omet
malheureusement volontairement. À voir... sans plus...
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