Aie, aie, aie ! Ça
commence mal. Un ralenti, une image floue, des couleurs dégueulasses
et... un Bruce Willis qui s'afflige d'emblée une grimace qui a l'air
davantage de souligner l'épreuve difficile qu'il vit désormais
plutôt qu'un cahier des charges propre au personnage qu'il incarne.
Le temps d'un éclair il aura involontairement ému son public, navré
de le voir ainsi continuer à apparaître à l'écran. Diminué,
attristant ainsi ceux qui ont longtemps loué l'ancienne gloire du
septième art qu'il fut. Mais bon dieu ! Combien de temps encore
vont-ils se servir de lui ? L'user jusqu'à la corde. Hommage ou
exploitation ? Le voir ainsi s'accroupir une arme à la main est
touchant, bouleversant, mais a bien du mal à nous rappeler le grand
homme d'action que l'on a connu... Wire Room
est le septième long-métrage du réalisateur iranien Matt Eskandari
et le quatrième mettant en scène Bruce Willis. Malheureusement pour
ce dernier, l'auteur de État de choc
en 2019 ainsi que Survivre
et Open Source en
2020 ne brille pas par ses qualités de metteur en scène. C'est donc
avec la quasi certitude d'assister une fois encore à un très
mauvais film que l'on se lance dans la projection de ce qui à ce
jour est l'une des dernières incarnations de l'acteur.
L'introduction est d'une telle laideur artistique que l'on ne se fait
pas d'illusion pour la suite. Pour un film d'action, Wire
Room est
étonnamment mou. Alors que sur l'affiche trône Bruce Willis,
l'essentiel du récit tourne autour de Kevin Dillon, le frère de
l'acteur Matt Dillon. Sa carrière étant loin d'atteindre celle du
frangin, on retiendra surtout The Blob
de Chuck Russell en 1988, The Doors d'Oliver
Stone en 1991 ou Absolom 2022
l'année suivante. Wire Room
appartient à cette race de longs-métrages tournés à la va-vite
pour le marché du DTV.
Le scénariste Brandon Stiefer propose une idée plutôt alléchante
mais qui une fois transposée à l'écran montre ses limites. Kevin
Dillon interprète le personnage de Justin Rosa, un agent fédéral
auquel est confiée la mission de surveiller et de protéger à
distance Eddie Flynn (l'acteur Oliver Trevena), un contrebandier
spécialisé dans la vente d'armes. Alors que celui-ci doit bientôt
témoigner contre le cartel de Baja avec lequel il est en affaire, un
commando va tout tenter pour le faire taire alors qu'il est installé
dans une immense demeure truffée de caméras directement liées à
une salle d'écoute. Salle depuis laquelle Justin Rosa va tenter
d'aider l'homme à se sortir de cette périlleuse situation...
Si
je sais que la remarque suivante va objectivement paraître bête et
méchante, je ne puis cependant pas me contenter de la glisser sous
le tapis: je me demande dans quelles mesures la présence de Bruce
Willis sur le tournage de Wire Room
n'aurait pas provoqué une vague d'aphasie parmi la totalité des
interprètes et de l'équipe technique. Même les moins assidus des
étudiants en cinéma constateront combien la mise en scène de
chaque plan s'avère d'un désolant conformisme. La caméra n'est
jamais aventureuse et fixe les personnages comme lors d'un vulgaire
Soap Opera ! D'entrée de jeu, Matt Eskandari abandonne toute
idée de créer la moindre surprise. Je m'explique : Alors que
dans le dernier quart d'heure Kevin Dillon tient Bruce Willis en
joue, cherchant ainsi à semer le trouble quant aux intentions de ce
dernier, la scène d'introduction rend cette future séquence
parfaitement superficielle. Le film repose sur d’innombrables
dialogues sans intérêts cassant un rythme qui dès le départ, fait
défaut. Les compositeurs Rhyan D'Errico et Jared Forman s'y sont
mis à deux pour proposer une partition musicale à peine digne de
trôner au générique des séries télévisées policières, genre
Les experts.
À force de lister la montagne de défauts qui parsèment le
long-métrage, on finira par se résoudre à tirer profit de
certaines séquences tellement improbables qu'elles généreront
davantage des sourires polis que d'authentiques moments de tensions.
Si Bruce Willis est victime du mal qui l'étreint, d'autres n'ont pas
la même excuse. Texas Battle (Destination finale
3
de James Wong en 2006, Détour mortel
2 de Joe Lynch en 2007) interprète un shérif Roberts douteux assez
pénible à entendre et à regarder jouer. Et l'on ne parle pas là
du personnage mais de l'acteur lui-même dont on ne s'étonnera pas
d'apprendre que son rôle le plus célèbre reste celui de Marcus
Forrester dans le soap opera Amour, Gloire et
Beauté !
Il ne faudra pas chercher bien loin pour trouver pire que
l'interprète afro-américain puisque la palme du plus mauvais jeu
d'acteur revient sans conteste à Olivier Trevena. Dans le rôle
d'Eddie Flynn, celui-ci se montre d'une incompétence crasse.
Incapable d'exprimer la moindre émotion quant à la mort de sa
compagne, son personnage repousse les limites de l'amateurisme, avec,
comme cerise sur le gâteau, une séquence lors de laquelle le
bonhomme (que le héros s'épuisera pourtant à tenter de sauver,
c'est dire si le scénario branle du chef !!!) se jettera
volontairement dans la gueule du loup. Dans toute son incongruité,
cette scène demeure celle que l'on retiendra pourtant tant elle
paraît fort improbable et involontairement drôle ! Bref, rien
de nouveau à l'horizon. Triste destin que celui de Bruce Willis...
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