Si les remakes étrangers des longs-métrages réalisés dans
l'hexagone ne sont généralement pas très recommandables, il en va
parfois de même lorsqu'en France l'on s'intéresse à la production
d’œuvres adaptées de films issus d'autres contrées. Directement
sorti sur la plateforme de streaming Netflix
le 25 février de cette année, Sans répit
de Régis Blondeau semble être le premier long-métrage de ce
directeur de la photographie qui a notamment travaillé par le passé
sur les comédies Mais qui a tué Pamela Rose?,
Un ticket pour l'espace
et Prête-moi ta main d'Eric
Lartigau ainsi que sur On a marché sur bangkok
et Entre amis
d'Olivier Baroux. Le long-métrage de Régis Blondeau est le remake
du film sud-coréen Ggeutggaji Ganda (plus
connu sous le titre Hard Day)
que réalisa Kim Seong-hoon et qui vit le jour dans les salles en
2014. Reprenant dans sa quasi totalité le concept de l’œuvre
originale, Sans
répit
s'intéresse à Thomas, un lieutenant de police qui un soir en se
rendant à la mise en bière de sa mère récemment décédée
renverse en chemin un homme qui promenait son chien. La victime
décède sur le coup et voilà que le flic, plus ou moins intègre
comme le montrera une enquête menée par l'IGPN (Inspection Générale
de la Police Nationale) dans les premiers instants, choisit de se
débarrasser du cadavre plutôt que d'appeler les urgences.
D'ailleurs, pourquoi s'embarrasser d'une telle procédure puisque le
bonhomme est mort ? Sauf que rien ne va véritablement se
dérouler comme prévu puisque beaucoup plus tard, un homme va
contacter Thomas et le faire chanter afin d'obtenir la collaboration
du jeune lieutenant... On va tout d'abord éviter de comparer l’œuvre
originale avec son remake. Car si Hard Day
était plutôt une bonne surprise bien que s'éloignant des canons du
genre sud-coréens, Sans répit ne
fait malheureusement pas le poids face à la concurrence asiatique en
matière de thrillers d'action. Il serait facile de réduire le seul
nom de la vedette du remake Franck GastamBIDE à sa troublante
évocation pour excuser les faiblesses inhérentes à la mise en
scène ou l'interprétation mais pour un acteur plus régulièrement
employé sur les plateaux de tournage de comédies que de thrillers,
celui-ci s'en sort avec les honneurs. D'ailleurs, au vu des résultats
obtenus par le film de Régis Blondeau sur la plateforme Netflix,
ceux qui mirent des billes dans le projet peuvent s'estimer
satisfaits...
Rythmé
et plongeant ses protagonistes dans toute une série d'actes qui
permettent à Sans Répit
de transmettre une certaine énergie au récit, le film manque
cependant de profondeur et s'octroie quelques tranches de fous rires
que l'on jugera d'involontaires contrairement à l'humour qui faisait
partie intégrante de Ggeutggaji Ganda.
Franck Gastambide fait le taf dans la peau de ce flic un brin pourri
et sans états d'âme (ou si peu). Un ange pourtant, face à celui
qui va lui mener la vie dure. En effet, outre Michaël Abiteboul qui
a l'habitude d'interpréter des rôles de flics, et les charmantes
Jemima West et Tracy Gotoas qui interprètent respectivement la sœur
du ''héros'' Agathe et la policière stagiaire Naomi, le film est en
partie porté par la présence à l'image de Simon Abkarian qui
incarne quant à lui le directeur de la Brigade des Stups Marelli !
Un flic, donc, mais aussi et surtout un bon gros pourri aux méthodes
particulièrement violentes (la scène des chiottes montre de manière
concrète sa détermination). Bien que certaines séquences valent le
détour et tentent de bâtir des cathédrales de suspens, quelques
menus détails leur interdit toute crédibilité. On pense notamment
à la longue séquence succédant à la mise en bière de la mère de
Thomas, lorsque celui-ci trouve enfin le moyen de se débarrasser du
cadavre de l'homme qu'il a renversé et qui depuis repose dans le
coffre arrière de sa BMW grise ! À dire vrai, les événements
sont amenés de telle manière (comprendre grossière) que l'on a
beaucoup de mal à accepter que Thomas s'en sorte à chaque fois avec
autant de facilité. Qu'il s'agisse de l'examen concernant
l'enregistrement vidéo de l'accident, de la séquence lors de
laquelle le flic déplace et planque le corps de sa victime dans le
cercueil de sa propre mère, ou même d'emblée lors de la
vérification de son identité au début du film suivant l'accident
(le recours à une ellipse facilitant la résolution de cet épineux
problème), Thomas semble véritablement béni des Dieux (ou du
Diable lui-même) et s'en sort à chaque fois. L'autre soucis de Sans
répit
est que l'on devine assez facilement ce qui se produira plus tard.
Comme l'évocation du C4
qui aura, bien évidemment, son utilité. Bref, le film de Régis
Blondeau n'est pas un chef-d’œuvre du thriller à la française.
Mais il conviendra tout de même à ceux qui veulent se faire la main
sur un genre auquel ils ne sont pas encore habitués avant d'entrer
dans le vif du sujet avec les classiques sud-coréens et
outre-atlantiques...
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