Lavaperros
ou, Les basses besognes
du réalisateur Carlos Moreno suit les aventures d'un certain nombre
de personnages quasiment tous issus de la pègre colombienne. Dans un
quartier apparemment tranquille vit Don Oscar (l'acteur Christian
Tappan), vieille garde du trafic de stupéfiants qui doit de l'argent
à un jeune prétendant au titre de patron de la drogue de la région.
Un type agressif qui vient tout juste de faire buter un proche de Don
Oscar par ses hommes. Lavaperros
qui en Colombie est un terme se rattachant aux membres des
organisation mafieuses situées dans les parties les plus basses de
la hiérarchie et que l'on traduira par Laveurs
de chiens
met donc en scène des petits bras. Des hommes sans véritables
valeurs morales autres que l'argent, le pouvoir, les armes, la drogue
et le sexe. Et un certain sens de la flemme qui se traduit par un
immobilisme qui se concrétise ici sous une forme que partagent
autant ces criminels que la police elle-même. Ne brillant
visiblement pas par leur intelligence, les représentants de cette
dernière n'ont de courage et la détermination que le nom. Assis aux
abords de la propriété de Don Carlos, le surveillant avec si peu de
discrétion qu'ils seront d'emblée repérés par le trafiquant de
drogue, ce duo de pieds nickelés des stups n'est ici qu'accessoire
et imprime une certaine forme d'humour qui d'une manière générale
sert une œuvre relativement originale dans son traitement. Comme si
le soleil colombien avait si bien tapé sur le crâne du réalisateur,
de son scénariste Andres Rios et de ses interprètes que tous
ressentaient le besoin de prendre leur temps pour nous raconter leur
histoire. Un peu comme un récit conté au bord d'une piscine, les
pieds pataugeant dans l'eau, un verre d'aguardiente à la main (une
liqueur typiquement consommée en Colombie)...
Lavaperros
vaut pour ses personnages hauts en couleurs puisque autour de ces
deux flics pas très courageux et encore moins malins, Carlos Moreno
choisi de faire de ses héros des types au fond pas très
recommandables mais qui d'un autre côté apparaissent moins
antipathiques que dans la plupart des films portant leur sujet sur
les réseaux de drogue. Ici, le rythme est reposant et les scènes
d'actions sont invisibles. À part une séquence lors de laquelle les
deux policiers auront bien du mal à se faire discrets alors qu'ils
suivront en voiture Don Carlos et l'un de ses hommes, il semble que
le réalisateur colombien ait choisit de traiter son sujet sous la
forme d'une comédie bien que son ''héros'' finisse par perdre la
tête à force de se défoncer en fumant de la méthamphétamine.
Riche d'idées Lavaperros,
semble cependant traiter celles-ci avec timidité, n'allant jamais
vraiment en profondeur. On pense notamment à ce jeune jardinier qui
en faisant une marche arrière dans le jardin de son employeur va
mettre à jour une forte somme d'argent cachée sous une sculpture de
la Vierge Marie qu'il vient de faire s'effondrer sur le sol. Diffusé
sur Netflix à partir du 5 mars de l'année dernière, le
long-métrage met en scène des personnages pathétiques, loin d'être
charismatiques, parfois stupides (dont l'obèse est très largement
représentatif) et de ce fait rendus moins cruels qu'envisagés par
le synopsis. Sans la moindre empathie pour eux, le spectateur pourra
au demeurant être touché par cette naïveté et cette bêtise
crasse qui participent du ton faussement sérieux et véritablement
humoristique du long-métrage. Des individus si peu passionnants
s'intégrant à un récit, une interprétation et une mise en scène
qui eux-mêmes ne font jamais l'effort d'intégrer un sens quelconque
du rythme. En conclusion, on regardera Lavaperros
avec
prudence et à l'esprit que l'on n'est ni chez Brian de Palma
(Scarface),
ni chez William Friedkin (French Connection),
ni chez Andrea Di Stefano (Paradise Lost)...
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