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dimanche 4 décembre 2022

Isolerad de Johan Lundborg et Johan Storm (2010) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

S'il n'est pas tout à fait inenvisageable qu'un jour Johan Lundborg retourne à la réalisation d'un long-métrage, le suédois n'a en tous les cas rien tourné depuis ce Isolerad de 2010. Contrairement à son compatriote Johan Storm qui se manifesta en 2018 à travers le court-métrage East-West-Side Story et avec lequel il réalisa ce huis-clos sans doute pétri de maladresses mais également doté de certaines qualités. Un long-métrage que l'on rangera aux côtés de certaines œuvres paranoïaques situant leur action dans des environnements restreints. S'il n'atteint pas la qualité des chefs-d’œuvre de Roman Polanski Répulsion et Le locataire, Isolerad (bêtement mais tout de même logiquement traduit chez nous sous le titre Terreur à domicile) met en scène l'acteur Emil Johnsen dans le rôle du jeune étudiant en médecine Frank. Un type pas vraiment facile d'accès et tellement obnubilé par ses études qu'il en oublie de se sociabiliser avec les autres. Un trait de caractère qui semble spécifiquement se rattacher au futur métier du jeune homme comme en témoignent ces séquences d'autopsie montrant des étudiant impassibles devant la mort et les actes de chirurgie pratiquée sur des cadavres. Le scénario et la mise en scène de Johan Lundborg et Johan Storm instaurent un climat étrange. Presque glaçant, ponctué par la discrète partition musicale du compositeur Jukka Rintamäki. Des nappes froides, électroniques, mimant un air glacial et hivernal que n'arrange certainement pas l'appartement dans lequel vit Frank. Un environnement construit, ou du moins, filmé de telle manière que l'on a l'impression que chaque propriétaire ou locataire est isolé de ses voisins. Et à contrario, le bruit que subit le jeune étudiant de la part des voisins qui vivent au dessus de son appartement crée une proximité génératrice d'un certain malaise. Débarque alors la locataire qui vit justement à l'étage supérieur. Tout le contraire de Frank. Sociable au point ''d'envahir'' le quotidien du jeune homme, Lotte (l'actrice Ylva Gallon) pénètre son intimité, s'incruste chez lui et bouleverse ses habitudes. D'autant que la jeune femme vit avec un homme violent qu'interprète l'acteur Peter Stormare dont la présence à l'écran va s'avérer tardive. Son absence régulière du champ de la caméra participe du climat de paranoïa qu'instaure le duo de réalisateurs. Frank se retrouve alors ''piégé'' dans son propre appartement. Et ce qui pouvait apparaître comme de simples ''jeux érotiques'' entre une femme et son amant sera traduit par des actes de violence là encore produits tantôt par des éclats, tantôt par des murmures.


Isolerad traduit l'attitude d'un individu faussement marginal, évitant tout contact extérieur avec les autres étudiants, vivant quasiment reclus chez lui, le nez plongé dans l'étude d'ouvrages médicaux, mais qui par la force des choses va se retrouver contraint de venir en aide à la voisine du dessus. Et ce, avec des moyens qui ne valorisent pas le jeune homme. En effet, pour Johan Lundborg et Johan Storm, Frank n'est pas de ces êtres qui se parent des oripeaux des (supers)héros. Bien au contraire. Pleutre, fuyant devant l'adversaire, le film le met en scène dans des situations qui le montrent décampant à chaque alerte. Il est donc difficile de s'attacher à ce personnage. L'espoir de voir le héros se sociabiliser est en pure perte. Car même si la froideur du personnage laisse parfois place à ce sourire qui lui fait souvent défaut, l'arrivée de Lotte dans son existence va l'enfoncer toujours davantage dans le mutisme et l'emprisonner entre les quatre murs de son appartement. L'on regrettera le trop petit temps de présence de Peter Stormare à l'écran. Car même si les deux réalisateurs jouent justement, et tout d'abord, sur l'absence d'identité précise du compagnon violent afin d'accentuer le climat de terreur que dégage en théorie l'intrigue, c'est au moment de sa découverte et donc de son apparition à l'image que l'on regrette de ne pas l'avoir ''rencontré'' plus tôt. Maladroit sous ses airs de petite série B un peu fauchée, Isolerad possède les traits de caractère de toute petite production ambitieuse coincée par un budget restreint. Mais en même temps, la ''rusticité'' des décors, la mise en scène parfois grossière et la lente montée d'adrénaline participent de ce malaise véritablement prégnant que se dégage de ce drame social et clinique se muant dans son dernier acte en thriller hitchcockien plus ou moins crédible. L'on notera un maniérisme dans l'accomplissement de certaines séquences. Les habitudes quotidiennes filmées à la manière des prises de drogue du chef-d’œuvre de Darren Aronofsky Requiem for a Dream (tout comparaison s'arrêtant là). Bancal mais généreux, Isolerad reste une curiosité nordique pour amateurs de huis-clos paranoïaques...

 

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