En 2005 sortait sur les
écrans Le Couperet de
Costa-Gavras dans lequel un homme, interprété par José Garcia,
perdait le fil de la raison en éliminant systématiquement tous les
concurrents qui briguaient le même poste de manager que lui dans
l'entreprise Arcadia.
Inspiré par l'ouvrage éponyme signé de l'écrivain et scénariste
américain Donald E. Westlake publié en 1997, le film fut une
brillante réussite. On ne sait si Sébastien Marnier fut conscient
d'être l'auteur d'un script très proche de celui du Couperet
au moment de l'écriture du scénario de Irréprochable
ou s'il a délibérément repris le concept au moment de tourner son
film mais toujours est-il que les deux longs-métrages cultivent de
troublantes similitudes. Au point que l'on pourrait presque
considérer le second comme un plagiat du premier. Cependant, les
qualités de Irréprochable
sont telles que l'on préférera y voir tout un jeu de coïncidences
plutôt que le détournement d'un excellent thriller à la française.
À l'époque, Sébastien Marnier est presque un inconnu puisqu'il n'a
à son actif que deux courts-métrages (Le grand
avoir
en 2002 et Le beau Jacques
l'année suivante) et ne reviendra donc à la mise en scène que
douze ans plus tard avec Irréprochable.
Je ne sais pas ce qu'en pense la plupart des cinéphages/philes mais
Marina Foïs demeurait pour moi jusque là, un épineux problème.
Révélée au beau milieu des années quatre-vingt dix pour sa
participation au sein de la troupe d'humoristes Les
Robins des Bois,
la jeune femme faisait montre d'un réel talent comique. Une aptitude
qu'elle a su également transmettre sur grand écran. Drôle dans la
plupart des comédies qu'elle incarne, je dois avouer avoir
généralement eu beaucoup plus de difficultés à la cerner dans ses
rôles dramatiques. Sans doute parce qu'à chacune de ses apparitions
dans des drames ou des thrillers, j'avais toujours en tête le
personnage de Sophie
Pétoncule
qu'elle avait régulièrement incarné lors de ses passages télévisés
aux côtés de ses camarades Pierre-François Martin-Laval, Maurice
Barthélemy, Jean-Paul Rouve, Pascal Vincent et l'autre représentante
féminine de la troupe des Robins
des Bois,
Élise Larnicol...
Il
me semblait que certaines critiques, hissant un peu trop haute la
performance de l'actrice dans le Darling
de Christine Carrière, j'avais abandonné l'idée de la retrouver
autre part que dans le genre qui avait lancé sa carrière. Peut-être
devrais-je un jour m'y recoller ? Toujours est-il que
Irréprochable
a marqué, chez moi, une réelle surprise. Débarrassé de la tenace
image de Sophie
Pétoncule, voilà
que je trouve Marina Foïs brillante. Dans un tout autre genre que
celui de la comédie. Dans un rôle équivalent à celui que tenait
justement José Garcia dans Le couperet.
Celui d'une femme qui elle aussi est sans emploi et survit comme elle
peut en ne bénéficiant que du RSA.
Sauf qu'ici l'on est bien face à un personnage qui d'emblée est
parfaitement lucide des manigances dont elle fait preuve tout en
étant quelque peu psychologiquement dérangée. Marina Foïs ne
force pas le trait et c'est avec un déconcertant naturel qu'elle
impose un personnage trouble, mythomane et dont les ressources
semblent inépuisables lorsqu'il s'agit de manipuler son entourage.
Accentué par la musique du duo de musiques électroniques français
Zombie Zombie,
le récit est convainquant, parfois même glaçant et Marina Foïs
aussi ambiguë que le personnage interprété par l'acteur Sergi
López dans Harry un ami qui vous veut du bien de
Dominik Moll. Plus le récit avance et plus l'on sent l'étau se
resserrer devant l'inquiétante personnalité de l'héroïne. Autour
d'elle orbitent des seconds rôles eux aussi particulièrement
probants : Benjamin Biolay dans le rôle de Gilles Lenquin,
l'amant de Constance Beauvau qu'interprète donc Marina Foïs.
Jérémie Elkaïm dans celui de Philippe Ferrand, l'un des
collaborateurs de l'agence dans laquelle la jeune femme espère
obtenir un poste. Ou encore Joséphine Japy qui interprète Audrey
Pailleron, la nouvelle employée de la dite agence autour de laquelle
Constance va rôder avant d'entrer en contact avec elle pour le
malheur de la pauvre jeune femme. Dérangeante, malfaisante,
crispante et parfois terrifiante Marina Foïs porte le film à bout
de bras et offre à son réalisateur Sébastien Marnier l'incarnation
idéale du personnage qu'il créa aux côtés du documentariste et
scénariste Samuel Doux...
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