Cinq ans après Stuart
Gordon et son Re-Animator
adapté de la nouvelle
Herbert West, réanimateur
de l'écrivain américain Howard Phillips Lovecraft, le réalisateur
culte Frank Henenlotter (auteur de la trilogie Frère
de sang,
de Elmer, le remue-méninges,
de Sex Addict
et du documentaire Herschell Gordon Lewis: The
Godfather of Gore)
reprenait à son compte et également en toute liberté l'ouvrage en
question dans son tout aussi culte, Frankenhooker !
Le titre parlant de lui-même, son héros Jeffrey Franken incarné
par l'acteur James Lorinz termine de convaincre quant à la filiation
entre le film et la nouvelle. Et pour celles et ceux qui
continueraient d'en douter, les personnages de Mr et Mrs Shelley
mettent un terme à toute ambiguïté. Car faut-il le savoir, la dite
nouvelle de Howard Phillips Lovecraft, n'était-elle pas elle-même
une parodie assumée de l'écrivain américain du roman de l'écrivain
britannique Mary Shelley ? Au-delà même de ces seules
considérations, l'intrigue continue de creuser le sillon de
l'hérédité à travers ce personnage un peu fou aimant mener des
expériences sur des bouts de cadavres. Des applications qui vont le
pousser à tenter de ramener à la vie celle qu'il était supposé
épouser mais qui par accident fut déchiquetée par une tondeuse à
gazon de sa propre invention (le jeune homme œuvrant effectivement
dans divers domaines). Alors que James Lorinz continue de poursuivre
sa carrière, aussi loin que l'on puisse remonter dans le temps,
c'est en 1987 que le jeune homme alors âgé de vingt-trois ans
apparu pour la toute première fois sur grand écran dans l'un des
plus célèbres et les plus cultes films gores de l'histoire du
genre : le très saignant et très coloré Street
Trash
de Jim Muro de 1987 dans lequel il interprétait le petit rôle d'un
portier de nuit qui avait maille à partir avec son boss !
Avant
d'apparaître subrepticement dans le chef-d’œuvre d'Abel Ferrara
The King of New York
en 1990, James Lorinz revenait donc au cinéma d'horreur trois ans
après ses débuts au cinéma. Cette fois-ci, la vedette, c'est lui.
Connaissant le goût immodéré du réalisateur Frank Henenlotter
pour les aberrations d'ordre génétique, on se doute très
rapidement que le contenu de son quatrième long-métrage ne
différera que très peu de celui de ses trois précédents
longs-métrages ! N'ayant rien à envier à son alter ego Herbert
West interprété à l'époque par le génial Jeffrey Combs
(Jeffrey ??? Encore un hommage !), le jeune scientifique
semble cependant avoir une certaine morale tout d'abord définie par
le désarroi qui est le sien lorsque survient le décès de sa
fiancée. Contraction de Franken
(du
nom du personnage principal mais également du célèbre docteur
Victor Frankenstein du roman initial) et de
Hooker (qui
en anglais signifie deux choses : d'une part talonneur, mais
dans le contexte du long-métrage, plus probablement prostituée !),
le film de Frank Henenlotter ne choisit pas de faire d'emblée dans
la finesse et la volupté. Alors que beaucoup possèdent chez eux des
aquariums abritant diverses espèces de poissons, Jeffrey Franken a
plongé dans le sien un cerveau possédant un œil aux mêmes
exorbitantes proportions. Exemple des délires habituels du cinéaste
dont l'imagination semble toujours aussi florissante ! La mère
du héros lui posant ainsi cette question : ''À
quoi ça sert ?''.
Et à Jeffrey de répondre alors : ''J'en
sais rien''.
Cette réponse définit à elle seule le désordre affectif du jeune
homme, le visage blême et l’œil glauque...
On
est loin ici des débuts de Frank Henenlotter et des aspects
relativement amateurs et underground du premier volet de la trilogie
Basket Case
(qui n'est autre que le titre original de Frère de
sang). Plutôt bien écrite,
la personnalité du héros le décrit comme un jeune homme à la
dérive qui se désocialise et perd peu à peu toute valeur morale.
En cela, Jeffrey Franken peut être vu comme le modèle original de
celui qui incarna le scientifique fou de Re-Animator,
lequel sera alors dès
le départ perçu comme un médecin fou dénué de toute émotion.
Contrairement aux méthodes du docteur Herbert West qui employait un
sérum afin de faire revenir à la vie divers bouts de cadavres et
des corps complets, Jeffrey Franken revient à un processus plus
classique faisant appel à l'électricité. Mais avant cela, encore
faut-il qu'il soit en mesure de trouver les différents membres qui
permettront de reconstituer le corps de sa fiancée dont il n'a pu
conserver que la tête. D'où une séquences assez délirante lors de
laquelle notre fou de laboratoire organise une soirée très
particulière en compagnie d'une petite dizaines de prostituées.
Bénéficiant d'un budget presque trois fois supérieur à celui de
Re-Animator,
les deux millions et cinq-cent mille dollars ne se voient pourtant
pas vraiment à l'écran. Du moins ne semblent-il pas avoir été
majoritairement consacrés aux effets-spéciaux. L'usage de latex et
apparemment de mannequins d'exposition offre un résultat pas
vraiment à la hauteur. Le film est surtout doté d'un humour certes
nanardesque mais parfois dévastateurs (un bras et une tête volant à
travers une pièce où se déroule une soirée sexy en compagnie des
''hookers''
du titre). Bricolé, parodique mais finalement assez peu sanguinolent
(les corps qui explosent ne laissent pas échapper la moindre goutte
de sang), Frankenhooker mérite
sans doute moins son statut de film culte que Basket
Case ou les quelques
références auxquelles il renvoie et ne devient réellement
intéressant que lorsque revient à la vie la fiancée de Jeffrey. Un
point de plus pour le final... totalement délirant !
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