Emily the criminal...
Derrière ce titre passe-partout et à vrai dire, un peu naze se
cache le genre de long-métrage qu’apprécient tout
particulièrement les amateurs de films indépendants. Il s'agit du
premier grand pas effectué par le réalisateur John Patton Ford qui
jusque là n'avait tourné qu'un court-métrage nommé Patrol
en 2010. Principalement incarné par les américains Aubrey Plaza et
Theo Rossi, la première a notamment tourné dans la sitcom Parks
and Recreation ou
le film d'horreur Child's
Play : La Poupée du mal de
Lars Klevberg tandis que le second a participé aux tournages de
Cloverfield
de
Matt Reeves, Army of the
Dead
de Zack Snyder et la série Sons
of Anarchy
de 2008 à 2014. Réunis ensemble dans l'oeuvre de John Patton Ford,
ils campent un duo qui bientôt va se former à la suite d'une
opération à but lucratif. Une arnaque à la carte bleue qui va
plonger l'héroïne Emily au coeur d'un trafic mené par une
organisation d'origine iranienne. C'est là qu'elle fera la
connaissance de Youcef, l'un des dirigeants du réseau avec son frère
Khalil. Le principe est simple: à l'aide de fausses cartes bleues,
les candidats potentiels auxquels est proposé de participer au
trafic se voient contraints d'acheter des écrans plats avant de les
remettre à leurs commenditaires. Une fois l'opération exécutée,
ils empochent deux cent dollars. Youcef voit alors en Emily, une
valeur sûre et lui propose de passer à l'étape suivante. Le début
d'une aventure pleine de danger qui va cependant rapprocher la jeune
américaine et l'immigré d'origine iranienne...
Pour
son premier long-métrage, John Patton Ford réussi à produire une
oeuvre forte mais cependant dénuée du clinquant typique du cinéma
d'action américain. Ici, le réalisateur opte pour un contexte
réaliste, filmant son héroïne au plus près, caméra à l'épaule
et sans les apparats habituels. Pas d'effets sonore ou de bande
musicale grandiloquents. Juste les sons habtiuels d'une cité
regorgeant de monde, de lumière et de dangers. Plutôt que de
dresser le portrait de dangereux criminels, armes à la main, Emily
the criminal
met en scène une jeune femme financièrement aux abois.
Quarante-mille dollars à rembourser et un boulot de livreuse qui ne
rapporte malheureusement pas grand chose. Prête à tout pour
rembourser ses dettes, celle qui déjà par le passé à eu maille
avec la justice pour coups et blessures est plus solide qu'elle n'en
a l'air. Tout aussi fragile que puisse paraître l'actrice Aubrey
Plaza, la jeune femme est crédible dans le rôle d'Emily. Les mains
tremblantes mais le regard plein de volonté et de courage, on la
découvre déambulant dans un univers qui paraît n'être pas fait
pour elle mais dont la succession des événements prouvera le
contraire. Theo Rossi campe un Youcef charismatique qui s'attache
rapidement à notre héroïne, prenant le risque de se compromettre
aux yeux de son propre frère Khalil (l'acteur Jonathan Avigdori)...
Surtout,
le film dont l'intrigue repose sur un scénario écrit de la main
même du réalisateur crédibilise le propos à travers les galères
de son héroïne, justifiant ainsi chacun de ses actes.
L'attractivité de l'argent ''facilement'' gagné étant également à
prendre en compte. Le film décrit de manière fascinante le milieu
social dans lequel vit la jeune femme et le poids d'une
administration qui ne tolère que dans toutes petites proportions les
chemins de travers entrepris par de potentiels candidats à l'emploi.
C'est ainsi que s'ouvrent les hostilités et que l'on découvre une
Aubrey Plaza qui ne s'apprête pas physiquement et ajoute une touche
de réalisme à son personnage. Si la plongée dans la criminalité
se fait parfois rude (Emily pissant le sang du nez après le vol
d'une voiture de luxe), nous ne sommes pas ici devant un spectacle
gore ni outrageusement violent. Sans voyeurisme ni jugement, le film
de John Patton Ford n'est ni moralisateur ni une apologie du crime.
Juste le portrait d'une jeune femme qui veut s'en sortir et se laisse
aller à l'ivresse de l'argent, quitte à le gagner de façon
dangereuse et malhônnete! Au final, l'on tient là une excellente
expérience, dans laquelle l'on s'angoisse tout de même parfois pour
la frêle jeune femme. Une complète réussite...
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