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mercredi 5 octobre 2022

C'est Magnifique de Clovis Cornillac (2022) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

 

J'imagine que je ne suis pas un cas isolé. Que dans l'entourage de n'importe quel fan de cinéma, il est des amis ou de simples connaissances qui ponctuellement lui conseillent de découvrir tel ou tel film. Une conversation qui se termine toujours inlassablement par la même phrase : ''Ça a l'air sympa. Faudrait que je le vois...''. Ou : ''Promis, je me le mets de côté pour le week-end prochain'...'. Mais combien de fois tenons-nous vraiment nos promesses ? Ça n'est évidemment pas de la mauvaise volonté ni de la mauvaise foi mais encore faut-il avoir le temps de jongler entre ceux qui attendent depuis des lustres et ceux que l'on nous recommande. Et puis, il y a ces longs-métrages qui servent à remplir des trous. Ceux que l'on n'a pas spécialement envie de voir mais dont le propos s'agite si bien devant notre nez que l'on finit par se laisser tenter. À première vue, C'est magnifique a tout pour ressembler à un ersatz du Fabuleux destin d'Amélie Poulain de Jean-Pierre Jeunet. Cette beauté angélique et surannée des décors (pour celles et ceux qui connaissent, ça ressemble tout d'abord à du Belle et Sebastien revu à la sauce apiculture!) et cette naïveté qui n'existe que dans les contes les plus fantaisistes. Je ne m'en étais pas aperçu à l'époque, en 2017, mais Belle et Sébastien 3 : Le Dernier Chapitre que ma chère et tendre, ma belle-fille Clémentine et moi avions vu sur grand écran par ERREUR (humpf, j'ai quand même des doutes, n'est-ce pas Clem... ?) était déjà l’œuvre de Clovis Cornillac. N'étant pas un fan de l'acteur ni de ce film relativement mièvre, C'est magnifique aurait pu directement passer à la trappe sans passer par la case ''projection'' ! L'interprétation de celui qui s'y offre d'ailleurs le rôle principal est comment dire... Mince, je ne parviens pas à trouver les mots justes... Pitoyable ? Invraisemblable ? Clovis Cornillac y est terriblement et tout simplement... mauvais ! À moins qu'il ne s'agisse de sa propre direction d'acteur qui elle aussi est aux fraises. Ou plutôt, aux hibiscus... dont son personnage, un quarantenaire qui vit auprès de ses parents dans les montagnes, cultive la fleur. Oui mais voilà. Maman et papa Feuillebois décèdent dans un stupide accident (un arbre tombe sur le toit de leur cabane). Héritier d'une somme d'argent importante, Pierre quitte le milieu rural et arrive en ville sans avoir jamais connu autre chose que la montagne et ses parents. Un chèque de quarante-mille euros en poche et un vieil appartement comme acquisition, Pierre a tout à apprendre de la vie. Lui qui découvre en outre qu'il fut adopté. Totalement égaré dans un monde qui lui est tout à fait étranger, il va heureusement pour lui faire la connaissance d'Anna Lorenzi. Une ancienne alcoolique à laquelle a été retirée la garde de sa fille Lize (Manon Lemoine). Une jeune femme prête à tous pour récupérer la garde de la gamine...


C'est magnifique, c'est un peu comme une préparation culinaire que l'on placerait dans un four et qui mettrait presque une heure avant de ressembler à quelque chose de gourmand. Le principal soucis de ce long-métrage que l'acteur/réalisateur a également écrit en compagnie de Lilou Fogli, Tristan Schulmann est le personnage central lui-même. C'est bien simple, on n'y croit pas une seule seconde. Et pourtant, ça n'est pas faute d'avoir essayé de retrouver mon âme d'enfant, mais rien n'y fait. Clovis Cornillac n'est absolument pas crédible dans le rôle de ce quarantenaire à qui il reste encore tout à apprendre ! Oh, des idées, C'est magnifique en fourmille. Et pas que des mauvaises. Mais le fait est que la seule présence de l'acteur dans la peau de cet homme infiniment plus naïf que le plus innocent des hommes grille toutes les cartouches de cette comédie pourtant sincère. C'est alors que le miracle a lieu. Mais encore faut-il avoir le courage de tenir pendant une heure. Soixante minutes ou presque lors desquelles la crédulité du personnage de Pierre Feuillebois ne prend pas. Ce qui sauve le film, et même, le transforme en petit miracle de poésie, c'est la présence à l'image de l'actrice Alice Pol dont on pourrait pourtant s'agacer de la cadence avec laquelle la jeune femme multiplie les rôles au cinéma depuis quelques années. Elle, mais surtout son personnage. Anna Lorenzi, qu'elle interprète parfois avec une déconcertante gravité pour cette actrice habituée aux rôles en général, plutôt légers. C'est magnifique qui jusque là aurait mérité d'être renommé en ''C'est pathétique'' se mue en conte déjà nettement plus maîtrisé. Voilà que dans sa dernière demi-heure, le film mérite enfin de porter son titre (contrairement au Brillantissime de Michèle Laroque qui de la première à la dernière seconde aura su demeurer insignifiant). On est enfin touché en plein cœur par le personnage d'Anna, confrontée aux problèmes administratifs, à certaines autorités (Véronique Kapoyan dans le rôle de Mme Sennac est délicieusement exaspérante), mais aussi, l'on prend conscience de la grande humanité de certains personnages secondaires à l'origine étouffés par le jeu invraisemblable de Clovis Cornillac. On pense notamment à Gilles Privat dans le rôle du travesti Doria. Et d'autres, auxquels l'on n'aimerait certainement pas se frotter (Laurent Bateau dans le rôle de l'immonde commissaire Marc Rocher). Clovis Cornillac offre à la grande actrice Myriam Boyer le rôle de Félicie Fontaine, la mère supposée du héros. Et puis, de manière inattendue, l'univers prend corps et sens et réussi nous enchanter... C'est magnifique, c'est donc une heure à n'y croire pas un seul instant et une dernière demi-heure absolument remarquable. Dans la balance, malheureusement, celle-ci ne fait presque pas le poids et ce qui aurait pu devenir un grand classique de la comédie poétique française est entaché par deux premiers tiers quasiment imbuvables. Quel dommage...

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