J'imagine que je ne suis
pas un cas isolé. Que dans l'entourage de n'importe quel fan de
cinéma, il est des amis ou de simples connaissances qui ponctuellement
lui conseillent de découvrir tel ou tel film. Une conversation qui se
termine toujours inlassablement par la même phrase : ''Ça a
l'air sympa. Faudrait que je le vois...''. Ou : ''Promis,
je me le mets de côté pour le week-end prochain'...'. Mais
combien de fois tenons-nous vraiment nos promesses ? Ça n'est
évidemment pas de la mauvaise volonté ni de la mauvaise foi mais
encore faut-il avoir le temps de jongler entre ceux qui attendent
depuis des lustres et ceux que l'on nous recommande. Et puis, il y a
ces longs-métrages qui servent à remplir des trous. Ceux que l'on
n'a pas spécialement envie de voir mais dont le propos s'agite si
bien devant notre nez que l'on finit par se laisser tenter. À
première vue, C'est magnifique
a tout pour ressembler à un ersatz du Fabuleux
destin d'Amélie Poulain
de Jean-Pierre Jeunet. Cette beauté angélique et surannée des
décors (pour celles et ceux qui connaissent, ça ressemble tout
d'abord à du Belle et Sebastien
revu à la sauce apiculture!) et cette naïveté qui n'existe que
dans les contes les plus fantaisistes. Je ne m'en étais pas aperçu
à l'époque, en 2017, mais Belle et Sébastien 3
: Le Dernier Chapitre que
ma chère et tendre, ma belle-fille Clémentine et moi avions vu sur
grand écran par ERREUR (humpf, j'ai quand même des doutes, n'est-ce
pas Clem... ?) était déjà l’œuvre de Clovis Cornillac.
N'étant pas un fan de l'acteur ni de ce film relativement mièvre,
C'est magnifique aurait
pu directement passer à la trappe sans passer par la case
''projection'' ! L'interprétation de celui qui s'y offre
d'ailleurs le rôle principal est comment dire... Mince, je ne
parviens pas à trouver les mots justes... Pitoyable ?
Invraisemblable ? Clovis Cornillac y est terriblement et tout
simplement... mauvais ! À moins qu'il ne s'agisse de sa propre
direction d'acteur qui elle aussi est aux fraises. Ou plutôt, aux
hibiscus... dont son personnage, un quarantenaire qui vit auprès de
ses parents dans les montagnes, cultive la fleur. Oui mais voilà.
Maman et papa Feuillebois décèdent dans un stupide accident (un
arbre tombe sur le toit de leur cabane). Héritier d'une somme
d'argent importante, Pierre quitte le milieu rural et arrive en ville
sans avoir jamais connu autre chose que la montagne et ses parents.
Un chèque de quarante-mille euros en poche et un vieil appartement
comme acquisition, Pierre a tout à apprendre de la vie. Lui qui
découvre en outre qu'il fut adopté. Totalement égaré dans un
monde qui lui est tout à fait étranger, il va heureusement pour lui
faire la connaissance d'Anna Lorenzi. Une ancienne alcoolique à
laquelle a été retirée la garde de sa fille Lize (Manon Lemoine).
Une jeune femme prête à tous pour récupérer la garde de la
gamine...
C'est magnifique,
c'est un peu comme une préparation culinaire que l'on placerait dans
un four et qui mettrait presque une heure avant de ressembler à
quelque chose de gourmand. Le principal soucis de ce long-métrage
que l'acteur/réalisateur a également écrit en compagnie de Lilou
Fogli, Tristan Schulmann est le personnage central lui-même. C'est
bien simple, on n'y croit pas une seule seconde. Et pourtant, ça
n'est pas faute d'avoir essayé de retrouver mon âme d'enfant, mais
rien n'y fait. Clovis Cornillac n'est absolument pas crédible dans
le rôle de ce quarantenaire à qui il reste encore tout à
apprendre ! Oh, des idées, C'est magnifique
en fourmille. Et pas que des mauvaises. Mais le fait est que la seule
présence de l'acteur dans la peau de cet homme infiniment plus naïf
que le plus innocent des hommes grille toutes les cartouches de cette
comédie pourtant sincère. C'est alors que le miracle a lieu. Mais
encore faut-il avoir le courage de tenir pendant une heure. Soixante
minutes ou presque lors desquelles la crédulité du personnage de
Pierre Feuillebois ne prend pas. Ce qui sauve le film, et même, le
transforme en petit miracle de poésie, c'est la présence à l'image
de l'actrice Alice Pol dont on pourrait pourtant s'agacer de la
cadence avec laquelle la jeune femme multiplie les rôles au cinéma
depuis quelques années. Elle, mais surtout son personnage. Anna
Lorenzi, qu'elle interprète parfois avec une déconcertante gravité
pour cette actrice habituée aux rôles en général, plutôt légers.
C'est magnifique
qui jusque là aurait mérité d'être renommé en ''C'est
pathétique''
se mue en conte déjà nettement plus maîtrisé. Voilà que dans sa
dernière demi-heure, le film mérite enfin de porter son titre
(contrairement au Brillantissime
de Michèle Laroque qui de la première à la dernière seconde aura
su demeurer insignifiant). On est enfin touché en plein cœur par le
personnage d'Anna, confrontée aux problèmes administratifs, à
certaines autorités (Véronique Kapoyan dans le rôle de Mme Sennac
est délicieusement exaspérante), mais aussi, l'on prend conscience
de la grande humanité de certains personnages secondaires à
l'origine étouffés par le jeu invraisemblable de Clovis Cornillac.
On pense notamment à Gilles Privat dans le rôle du travesti Doria.
Et d'autres, auxquels l'on n'aimerait certainement pas se frotter
(Laurent Bateau dans le rôle de l'immonde commissaire Marc Rocher).
Clovis Cornillac offre à la grande actrice Myriam Boyer le rôle de
Félicie Fontaine, la mère supposée du héros. Et puis, de manière
inattendue, l'univers prend corps et sens et réussi nous
enchanter... C'est magnifique,
c'est donc une heure à n'y croire pas un seul instant et une
dernière demi-heure absolument remarquable. Dans la balance,
malheureusement, celle-ci ne fait presque pas le poids et ce qui
aurait pu devenir un grand classique de la comédie poétique
française est entaché par deux premiers tiers quasiment imbuvables.
Quel dommage...
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