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vendredi 23 septembre 2022

L'été nucléaire de Gaël Lépingle (2021) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Les dystopies n'étant pas légions sur le territoire cinématographique français, il est semble-t-il de bon ton de s'y arrêter un instant lorsqu'un réalisateur a la bonne idée de se pencher sur ce sous-genre de la science-fiction passionnant offrant une vision généralement angoissante de notre avenir. Il y a dans L'été nucléaire de Gaël Lépingle comme le pressentiment d'un avenir tout sauf radieux. Une œuvre qui, si elle sonne comme ces dizaines de longs-métrages opportunistes qui furent produits durant ou après la pandémie de Covid-19, est pourtant antérieure à ce qui retint l'attention de notre gouvernement, des médias et du public durant plus de deux ans. Un film qui paraît à priori se rapprocher de l'excellente surprise que fut le 2021 du suisse Cyril Delachaux, son premier, réalisé, écrit et interprété par ses soins. Avec un budget se montant à quatre-vingt milles francs suisses (soit environ quatre-vingt quatre milles euros), le film se montrait brillant et anxiogène. À priori, L'été nucléaire ne semble tout d'abord pas avoir coûté beaucoup plus cher. Encore faut-il avoir payé les acteurs qui passent ici de l'unique personnage à la poignée de potes qui à la suite d'un accident survenu dans une centrale nucléaire vont être contraints de se réfugier à l'intérieur d'une ferme. Parmi eux, l'actrice Carmen Kassovitz, fille du réalisateur, acteur et... complotiste (ce qu'il peut m'agacer celui-là!) Mathieu Kassovitz qu'il eu avec Julie Mauduech, Shaïn Boumedine que l'on a pu récemment voir dans Placés de Nessim Chikhaoui ou le plus connu d'entre tous, l'acteur Dominique Thomas qui depuis près de quarante ans vogue entre théâtre, télévision et cinéma (Élisa de Jean Becker en 1995, Le Placard de Francis Veber en 2001 ou L'Immortel de Richard Berry en 2010)...


A une époque où la France prévoyait la fermeture de quatorze réacteurs nucléaires d'ici 2035, le film pouvait s'observer comme un objet de propagande pro-dénucléarisation ! C'est du moins l'impression que semble avoir donné le film auprès d'une partie du public, rageant devant l'ambition d'un projet cinématographique qui n'était peut-être au fond qu'un pur produit de militantisme visant à corrompre les esprits encore réfractaires à l'idée de démanteler les centrales nucléaires ! L'été nucléaire ne nous indique tout d'abord rien sur les origines territoriales de nos cinq ''héros'', jetés au beau milieu d'un champ situé non loin de Nogent-sur-Seine. Mais à moins que le ''parler-racaille'' se soit étendu jusque dans nos vertes contrées, il est probable que l'un ou plusieurs d'entre eux proviennent d'un milieu nettement plus urbain ! Ces cités faites de béton que le film a l'excellente idée de nous épargner. Ce qui paraît paradoxal, d'ailleurs, est ce vent frais, ces espaces verdoyants qui donnent envie d'y déployer ses voies respiratoires alors que l'on sait le danger qui vient de s'y déclarer. Cet ennemi invisible, sournois, qui tue silencieusement à court, moyen ou long terme : les radiations ! Sujet passionnant qui fut notamment à l'origine de l'excellent documentaire La bataille de Tchernobyl de Thomas Jonhson en 2006 ou de la formidable mini-série Chernobyl de Johan Renck en 2019. Une fiction et un documentaire inspirés tout deux par le drame bien réel de la catastrophe qui survint le 26 avril 1986 à la centrale nucléaire soviétique Lénine de Prypiat. Dans le cas de L'été nucléaire, fort heureusement, il ne s'agit que d'un récit fictif. Et pourtant, Gaël Lépingle ayant lui-même vécu dans sa jeunesse près de la centrale de Saint-Laurent-des-Eaux, les questions se bousculent dans son esprit après avoir tout d'abord passé une enfance tranquille, sans questionnement quant aux risques éventuels liés à une catastrophe...


Contrairement à la vague de science-fiction dystopique à caractère post-apocalytique qui devait notamment s'abattre sur l'Italie et les États-Unis dans le courant des années soixante-dix/quatre-vingt, L'été nucléaire ressemble davantage à une œuvre auteurisante dans laquelle le réalisateur donne la parole à de jeunes acteurs majoritairement inexpérimentés. On sent ainsi pointer dans l'approche de Gaël Lépingle son ''passé'' de documentariste. Son œuvre aborde non seulement la question d'une éventuelle catastrophe liée à un accident nucléaire mais aussi celle du confinement qui, fruit du hasard, s'abattra sur notre pays peu de temps après. Tourné à la pellicule, on a parfois l'impression d'assister à un cours éducatif sur la manière dont on doit se comporter en cas de catastrophe. Encore plus infantilisant que ne le furent les conseils prodigués à longueur de journées par nos médias et nos politiques de santé, les messages diffusés en boucle à la télévision ont la naïveté de ceux auxquels, adolescents, nous pouvions assister en cours de biologie. Naïfs et donc relativement désuets! Le spectateur se positionne tout comme les personnages en tant qu'observateur d'une situation qu'il ne contrôle pas. Heureusement que les médias relèguent d'ailleurs en permanence les informations vu que les activités de nos cinq adolescents se montrent relativement restreintes. Maladroitement, le réalisateur tente d'ajouter une pincée de sel à un récit plutôt fade qui fait alors appel à l'angoisse de certains de ses personnages. Claustrophobie, anxiété, coups de sang... Le film est surtout sauvé par une ambiance parfois intrigante. Les plans extérieurs, vides, agrémentés par la menace prochaine d'un nuage contaminé et par une bande musicale signée du compositeur Thibaut Vuillermet plutôt discrète demeurent encore les aspects les plus intéressants du long-métrage. Le fait est que le film se mord la queue en enfermant ses protagonistes et aurait sans doute gagné en intensité si le script les avait davantage plongé au cœur de son village totalement vidé de ses habitants plutôt que de nous imposer de longues séquences de confinement sans trop d'intérêt...

 

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