Connu pour avoir tourné
un nombre impressionnants de classiques de la série B durant les dix
premières années de sa carrière (Les guerriers de la nuit en
1979, Sans retour
en 1981, 48 Heures
(et sa séquelle 48 heures de plus)
en 1982, Les rues de feu
en 1984, Extrême préjudice
en 1987 ou encore Johnny Belle Gueule
en 1989), le réalisateur américain Walter Hill signait en 1985
l'excellente comédie Comment claquer un million
de dollars par jour (Brewster's
Millions).
Autant dire, le rêve de n'importe qui mis à portée de main de
Monty Brewster, joueur de base-ball de la petite équipe des Bulls
de Hackensack, ville située dans l'état du New Jersey. Interprété
par l'acteur afro-américain Richard Pryor, principal rival d'Eddie
Murphy (les deux hommes seront régulièrement doublés chez nous par
l'acteur franco-mauricien Med Hondo), Montgomery Brewster de son vrai
nom est un jour convoqué dans les bureaux des avocats Granville &
Baxter à New York où il apprend que son grand-oncle Rupert Horn
(l'acteur Hume Cronyn) est décédé. Seul héritier de ce vieil
homme d'affaire excentrique et acariâtre parti de rien et devenu
multimillionnaire, Brewster se voit offrir l'opportunité d'hériter
de la faramineuse somme de trois-cent millions de dollars. Mais pour
cela, il devra en dépenser trente durant les trente prochains jours
sans pour autant rien posséder à son nom et en respectant certaines
règles : parmi celles-ci, il ne devra pas jeter l'argent par
les fenêtres et ne surtout rien révéler à quiconque (même pas à
son meilleur ami Spike Nolan qu'interprète l'acteur John Candy) du
pacte passé avec les dirigeants du cabinet d'avocats Granville &
Baxter...
Trente
jours durant lesquels Brewster va être régulièrement sollicité et
suivi de près par la charmante Angela Frake (Lonette McKee) qui
tiendra les comptes des dépenses et de son compagnon Warren Cox
(Stephen Collins) auquel Brewster offrira la responsabilité de
revoir toute la décoration des nouveaux bureaux du joueur de
base-ball. Mais ce que ne sait pas Brewster, c'est que l'homme en
question l'espionnera pour le compte de George Granville (David
White) et Norris Baxter (Jérôme Dempsey). Ces
derniers, comme le remarqueront très rapidement les spectateurs,
évoquent immédiatement le duo que formèrent Don Ameche et Denholm
Elliot dans le génial Un fauteuil pour deux
de John Landis deux ans auparavant. Et pour cause, si ceux qui
incarnèrent les frères Mortimer et Randolph Duke de la société
Duke & Duke Commodity Brokers semblent
si proches de George Granville et Norris Baxter, c'est sans doute en
partie parce qu'à l'écriture du scénario de Comment
claquer un million de dollars par jour l'on
retrouve l'écrivain de romans policiers et scénariste américain
Timothy Harris qui justement avait été chargé de celle du
classique de John Landis. Et pourtant, Comment
claquer un million de dollars par jour est
à l'origine l'adaptation d'un roman signé de George Barr McCutcheon
en 1902...
Un
ouvrage qui sera maintes et maintes fois adapté, et notamment sur
grand écran puisque dès 1914 et par Cecil B. DeMille et Oscar
Apfel, le roman sera plusieurs fois transposé au cinéma: En 1921,
1926, 1935, 1945, 1954, 1961, en 1985 (la même année que
l'adaptation de Walter Hill), puis en 1988, en 1997, en 2016 et
enfin en 2018. Walter Hill signe avec Comment
claquer un million de dollars par jour une
comédie qui donne le vertige. Moins pour son propos que pour la
vitesse avec laquelle les situations s'enchaînent. Entre le héros
cherchant par tous les moyens à perdre de l'argent (paris sur des
outsiders, financements de projets voués à l'échec) mais le destin
en ayant décidé autrement, la plupart des procédés mis en œuvre
ont malheureusement des conséquences contraires. Richard Pryor
déploie une énergie folle et si Walter Hill prouve qu'il est aussi
à l'aise dans la comédie que dans tout autres types de cinémas,
Comment claquer un million de dollars par jour
souffre
d'un handicap ayant tendance à ce généraliser dans le cinéma
comique outr-atlantique : en effet, cette comédie, comme bon
nombre d'entre elles se base davantage sur un humour axé sur la
gestuelle et un comique de situation que sur la profondeur de ses
dialogues. Au hasard des seconds rôles l'on a notamment l'occasion
de retrouver le toujours sympathique Rick Moranis (les franchises
Chérie, j'ai rétréci les gosses
et Ghostbusters)
dans le rôle de l'imitateur Morty King ! Pure comédie, Comment
claquer un million de dollars par jour
ne se départit cependant pas d'une certaine critique puisque l’œuvre
évoque en outre cupidité, fourberies et manigances avec un sens de
la délectation parfaitement jubilatoire... Culte !
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