Bullet Train
confirme
bien tout le mal que je ressens à l'évocation du réalisateur
américain Quentin Tarantino : je demeure totalement hermétique
à son style. Alors, lorsque déboule sur grand écran le dernier
long-métrage de l'auteur de Atomic Blonde
en 2017 ou Fast & Furious : Hobbs & Shaw
en 2019, rien ne peut m'inquiéter davantage que la comparaison que
certains se sont amusés à établir entre les deux réalisateurs.
Pas même le fait que David Leitch ait mis en scène le clip vidéo
Ashes
pour la chanteuse canadienne Céline Dion en 2018. S'il est vrai que
le bonhomme injecte à Bullet Train
un style narratif parfois typique de l'auteur de Reservoir
Dogs
ou de Jackie Brown
(seul film acceptable de Tarantino à mon goût), c'est avec peine
qu'il parvient à se hisser au sommet d'un courant dont je reconnais
malgré tout certaines qualités. D'une manière générale, Bullet
Train peut
s'envisager comme le parent pauvre du cinéma d'action américain.
Car bien que ses interprètes y délivrent une certaine énergie et
que son look soit imprégné du style japonais auquel il se réfère,
question scénario, on frise l'anémie. Le script de Zak Olkewicz
basé sur le roman éponyme de l'écrivain japonais Kōtarō Isaka
n'est qu'un long tunnel (ou qu'une longue succession de wagons
devrais-je plutôt dire) parcouru de flash-back censés donner du
corps à une intrigue qui fait la part belle à toute une panoplie de
séquences d'action que certains aimeraient comparer aux divers
volets de l'excellente franchise John Wick créée
en 2014 par Chad Stahelski, le scénariste Derek Kolstad mais
aussi... David Leitch ! Oui, celui-là même qui cette année
vient donc justement de commettre ce Bullet Train
qui qualitativement demeure plutôt du niveau de Piège
à grande vitesse
de Geoff Murphy que de Snowpiercer, le
Transperceneige
de Bong Joon-ho auquel certains osèrent le comparer...
Pétant
de couleurs criardes et de néons qui rendent à l'ensemble du trajet
(de l'aventure, du récit, de l'épreuve, appelez l'expérience comme
bon vous semble) l'aspect d'une errance dans des rues tokyoïtes qui
peu à peu se désertifieraient de leur faune, Bullet
Train
est une comédie d'action totalement vidée de toute substance. Cinq
tueurs s'y retrouvent regroupés et débute alors un massacre qui n'a
pas le dixième du poids, de l'ampleur ou de la beauté chorégraphiée
de la plus anodine des séquences produites dans l'un des volets de
la franchise John Wick.
Ni même de celles du premier volet du diptyque The
Raid
si l'on devait évoquer deux types de collusions entre les cinémas
asiatique et américain. Avec sa brochette d'acteurs et leur attitude
de poseurs, on a parfois l'impression que David Leitch regrette cette
période pas du tout lointaine où il tournait le second volet des
aventures du super-héros de Deadpool.
Bullet Train ?
Kuésaco
?
Une comédie pas drôle. Un film d'action ennuyeux. Des combats
soporifiques, répétitifs, sans imagination ou presque et des
interprètes qui surjouent. Une sorte de Tex
Avery
live et ferroviaire auquel il manque une âme toute personnelle
puisque le film ne tente que de reproduire une recette mille fois
utilisée ailleurs sans avoir le pouvoir de se démarquer. Si la
présence de Brad Pitt a au départ quelque chose d'attrayant, son
bob et ses lunettes ont tendance à effacer de nos mémoires ce
charisme ahurissant qu'il avait notamment su cultiver sur les
plateaux de Kalifornia
de Dominic Sena, Seven
de David Fincher ou de L'Armée
des douze singes
de Terry Gilliam. À ses côtés, une brochette d'acteurs/pitres qui
s'en donnent à cœur joie mais également la présence toujours
impeccable de l'acteur japonais Hiroyuki Sanada qui, ne l'oublions
pas, devint célèbre à la toute fin des années soixante-dix dans
son pays et en France grâce à son interprétation de Ayato dans la
série télévisée de science-fiction culte San
Ku Kaï .
Pour le reste, Bullet Train
est un film sans aucun intérêt auquel sans doute les adolescents
trouveront un certain intérêt. Quant aux autres, on leur
conseillera plutôt d'éviter de perdre leur temps et leur argent à
aller voir cette quasi-purge sur grand écran...
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