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mercredi 8 juin 2022

The Power de Corinna Faith (2022) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Premier long-métrage de la réalisatrice Corinna Faith, The Power semble être un film d'épouvante classique axé sur des phénomènes bien connus et appréciés par les amateurs de fantastique et de frissons : celui des esprits (frappeurs ou non), des fantômes et autres sinistres évanescences de type ectoplasmes. Mais ici, le message semble très clair puisque la très grande majorité des interprètes demeurent du même sexe que celui de la réalisatrice. La gente masculine y est donc représentée de manière drastiquement réduite et dans des conditions peu élogieuses. The Power ne donne pourtant pas forcément l'impression d'être essentiellement à charge contre celle-ci et paraît se vouloir être avant tout comme une vision féminine(iste) d'un genre qui d'un avis personnel brilla plus régulièrement du côté du Soleil Levant qu'outre atlantique. Mais ne s'agissant ni de l'une ni de l'autre de ces deux ''contrées'', le film de Corinna Faith trouve ses origines en Angleterre, au milieu des années soixante-dix. Et plus précisément en 1974, soit une année après que le monde ait été traumatisé par L'exorciste de William Friedkin, long-métrage que ne mentionne jamais la réalisatrice britannique mais qui pourtant plane parfois au dessus du récit. Car aussi étrange et somme toute très particulier que cela puisse paraître, Corrina Faith mêle et le film de fantômes, et celui du phénomène de possession diabolique. Tout ceci dans un contexte supposé être angoissant puisque s'agissant d'un hôpital partiellement vidé de ses patients dans lequel la jeune Val (l'actrice Rose Williams) va tout juste entamer sa profession d'infirmière. Très rapidement prise en grippe par la surveillante générale (Diveen Henry), elle sera contrainte d'assurer son tour de garde dès la première nuit. Au moment même ou justement, une coupure d'électricité généralisée doit avoir lieu...


The Power est l'accouplement, l'hybridation entre divers genres qui d'un côté n'a que rarement donné de bons résultats tandis que de l'autre, les surprises furent parfois bonnes. L'esprit de ces longs-métrages plongeant leurs protagonistes dans l'obscurité donna notamment de médiocres résultats à travers Vanishing on 7th Street (L'empire des ombres) du pourtant très talentueux Brad Anderson (son Session 9 peut être vu comme une alternative masculine ô combien brillante du long-métrage signé par la britannique) ou Lights Out de David F. Sandberg, prolongement raté de son excellent court-métrage éponyme d'une durée de trois minutes seulement. The Power semble également se repaître ou du moins s'inspirer de l'imagerie de deux jolis ''contes'' horrifiques hispano-mexicains respectivement réalisés par Juan Antonio Bayona et Guillermo Del Toro, El Orfanato (L'orphelinat) et El Espinazo del Diablo (L'échine du Diable). Mais la comparaison s'arrête aux portes de ces œuvres où communiquent entre elles les mauvais ''esprits'' et l'enfance puisque le cadre de The Power se montre nettement moins aventureux en terme d'imagerie. Surtout que la réalisatrice use de ficelles tellement grossières que le tout finit par devenir franchement laborieux et embarrassant. On parle là évidemment des nombreux, très nombreux Jump Scares qui gravitent autour des séquences censées effrayer les spectateurs. Un artifice qui fit sans doute ses preuves à ses tout débuts mais qui aujourd'hui a bien du mal à atteindre ses objectifs...


Auréolé d'une réputation relativement flatteuse, The Power bénéficie d'un soin tout particulier en terme d'ambiance. La photographie souvent terne de Laura Bellingham participe à l'élaboration d'un climat d’oppression qui ne cesse de grandir à mesure qu'entrent en scène des personnages pour le moins assez peu réconfortants (Emma Rigby dans le rôle de Babs) comme celui de cet étrange ''gardien des clés'' ou ces médecins au comportement ambigu. La réalisatrice emprunte notamment à Dario Argento période Profondo Rosso l'utilisation de dessins sur les murs pour acheminer son héroïne vers ce destin tragique qu'a connu une ancienne pensionnaire. On voit venir le climax à mille lieues à la ronde. Les actes de possession et les apparitions fantomatiques sont légion et surtout malheureusement redondants. C'est en effet un peu toujours la même chose et même si Rose Williams se contorsionne à l'écran avec réalisme et douleur, il est en réalité difficile d'éprouver le moindre sentiment d'angoisse devant ces longues séquences lors desquelles notre jeune et jolie héroïne parcourt les couloirs d'un hôpital plongé dans le noir et simplement éclairé par une lampe à huile. Dans le genre, on préférera à The Power, l'excellent Session 9 de Brad Anderson qui à l'aide de quelques bouts de ficelle, un lieu immense et délabré, une poignée d'interprètes mais aussi tout le génie de l'auteur de The Machinist, se montre nettement plus convainquant en terme d'effroi...

 

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