Premier long-métrage de
la réalisatrice Corinna Faith, The Power
semble être un film d'épouvante classique axé sur des phénomènes
bien connus et appréciés par les amateurs de fantastique et de
frissons : celui des esprits (frappeurs ou non), des fantômes
et autres sinistres évanescences de type ectoplasmes. Mais ici, le
message semble très clair puisque la très grande majorité des
interprètes demeurent du même sexe que celui de la réalisatrice.
La gente masculine y est donc représentée de manière drastiquement
réduite et dans des conditions peu élogieuses. The
Power
ne donne pourtant pas forcément l'impression d'être essentiellement
à charge contre celle-ci et paraît se vouloir être avant tout
comme une vision féminine(iste) d'un genre qui d'un avis personnel
brilla plus régulièrement du côté du Soleil Levant qu'outre
atlantique. Mais ne s'agissant ni de l'une ni de l'autre de ces deux
''contrées'', le film de Corinna Faith trouve ses origines en
Angleterre, au milieu des années soixante-dix. Et plus précisément
en 1974, soit une année après que le monde ait été traumatisé
par L'exorciste
de William Friedkin, long-métrage que ne mentionne jamais la
réalisatrice britannique mais qui pourtant plane parfois au dessus
du récit. Car aussi étrange et somme toute très particulier que
cela puisse paraître, Corrina Faith mêle et le film de fantômes,
et celui du phénomène de possession diabolique. Tout ceci dans un
contexte supposé être angoissant puisque s'agissant d'un hôpital
partiellement vidé de ses patients dans lequel la jeune Val
(l'actrice Rose Williams) va tout juste entamer sa profession
d'infirmière. Très rapidement prise en grippe par la surveillante
générale (Diveen Henry), elle sera contrainte d'assurer son tour de
garde dès la première nuit. Au moment même ou justement, une
coupure d'électricité généralisée doit avoir lieu...
The Power
est l'accouplement, l'hybridation entre divers genres qui d'un côté
n'a que rarement donné de bons résultats tandis que de l'autre, les
surprises furent parfois bonnes. L'esprit de ces longs-métrages
plongeant leurs protagonistes dans l'obscurité donna notamment de
médiocres résultats à travers Vanishing on 7th
Street (L'empire
des ombres)
du pourtant très talentueux Brad Anderson (son Session
9
peut être vu comme une alternative masculine ô combien brillante du
long-métrage signé par la britannique) ou Lights
Out
de David F. Sandberg, prolongement raté de son excellent
court-métrage éponyme d'une durée de trois minutes seulement. The
Power
semble également se repaître ou du moins s'inspirer de l'imagerie
de deux jolis ''contes'' horrifiques hispano-mexicains respectivement
réalisés par Juan Antonio Bayona et Guillermo Del Toro, El
Orfanato (L'orphelinat)
et El Espinazo del Diablo
(L'échine du Diable).
Mais la comparaison s'arrête aux portes de ces œuvres où
communiquent entre elles les mauvais ''esprits'' et l'enfance puisque
le cadre de The Power
se montre nettement moins aventureux en terme d'imagerie. Surtout que
la réalisatrice use de ficelles tellement grossières que le tout
finit par devenir franchement laborieux et embarrassant. On parle là
évidemment des nombreux, très nombreux Jump
Scares
qui gravitent autour des séquences censées effrayer les
spectateurs. Un artifice qui fit sans doute ses preuves à ses tout
débuts mais qui aujourd'hui a bien du mal à atteindre ses
objectifs...
Auréolé
d'une réputation relativement flatteuse, The
Power bénéficie
d'un soin tout particulier en terme d'ambiance. La photographie
souvent terne de Laura Bellingham participe à l'élaboration d'un
climat d’oppression qui ne cesse de grandir à mesure qu'entrent en
scène des personnages pour le moins assez peu réconfortants (Emma
Rigby dans le rôle de Babs) comme celui de cet étrange ''gardien
des clés'' ou ces médecins au comportement ambigu. La réalisatrice
emprunte notamment à Dario Argento période Profondo
Rosso
l'utilisation de dessins sur les murs pour acheminer son héroïne
vers ce destin tragique qu'a connu une ancienne pensionnaire. On voit
venir le climax à mille lieues à la ronde. Les actes de possession
et les apparitions fantomatiques sont légion et surtout
malheureusement redondants. C'est en effet un peu toujours la même
chose et même si Rose Williams se contorsionne à l'écran avec
réalisme et douleur, il est en réalité difficile d'éprouver le
moindre sentiment d'angoisse devant ces longues séquences lors
desquelles notre jeune et jolie héroïne parcourt les couloirs d'un
hôpital plongé dans le noir et simplement éclairé par une lampe à
huile. Dans le genre, on préférera à The
Power,
l'excellent Session 9 de
Brad Anderson qui à l'aide de quelques bouts de ficelle, un lieu
immense et délabré, une poignée d'interprètes mais aussi tout le
génie de l'auteur de The Machinist,
se montre nettement plus convainquant en terme d'effroi...
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