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mercredi 1 juin 2022

La neuvième configuration de William Peter Blatty (1980) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

La seule évocation de William Peter Blatty réveille de vieux souvenirs. De ces cauchemars qui sur pellicule ont empêché de dormir des générations de cinéphiles. Car derrière ce nom se cache l'auteur de L'exorciste, roman qui eut les honneurs d'une adaptation sur grand écran en 1973. Et pas par n'importe quel cinéaste puisque William Friedkin réalisa lui-même ce qui demeure toujours comme l'une des expériences les plus traumatisantes ayant vu le jour dans les salles de cinéma. Si la légende aura d'abord retenu le nom du réalisateur, William Peter Blatty n'en est pas moins rattaché à l’œuvre pour l'éternité. De son côté, ce dernier aura réalisé en tout et pour tout, deux films. Pas un de plus. En 1990, il réalisera The Exorcist III: Legion, le troisième volet d'une franchise qui aurait peut-être dû s'arrêter à l'issue du chef-d’œuvre de William Friedkin. Une bouture bien fade au regard de l'original même si elle possède des qualités qui lui sont propres. Il est par contre relativement intéressant de revenir dix ans en arrière, soit en 1980. Cette année là, William Peter Blatty se lance lui-même dans la réalisation avec La Neuvième Configuration. Une œuvre logiquement écrite par ses soins mais qui n'a plus rien à voir avec le Diable tel qu'il le décrivait presque dix ans plus tôt en 1971 dans son plus célèbre roman. Ce premier longs-métrage que l'on aurait tôt fait de ranger dans la catégorie des O.F.N.I.s est effectivement une œuvre très particulière. Le genre de film qui peut incommoder de diverses manières ou réjouir les amateurs de bizarreries...


Une certitude rejoindra cependant ces différents cas de figures : La Neuvième Configuration ne laissera personne indifférent. On pourrait en parler durant des heures. Discuter de ces quatre-vingt premières minutes lors desquelles la folie des personnages rejoint celle du script et à la suite desquelles, le spectateur finira par cesser de rire. La farce se mue en une tragédie et l'on se demande alors pour quelles raisons William Peter Blatty a attendu si longtemps pour nous servir ce drame que l'on aurait aimé voir gagner du terrain sur les trop longues divagations qui l'ont précédé. Après avoir lâché ses interprètes durant plus des deux tiers du récit, à les laisser jouer comme des enfants indisciplinés entre les murs d'un stupéfiant château à l'architecture gothique situé au sommet d'une montagne, le réalisateur durcit le ton. Son équipe technique et ses deux principaux interprètes (les formidables Stacy Keach et Scott Wilson) sont transportés dans un bar sordide tenu par une bande de bikers particulièrement violents à la tête desquels trônent l'acteur Steve Sandor et son ''lieutenant'' Richard Lynch. Jusque là, La Neuvième Configuration nous promena dans un drôle d'établissement consacré au traitement psychiatrique d'anciens soldats supposément atteints de folie. Le Colonel Vincent Kane (Stacy Keach) intègre donc l'endroit en tant que psychiatre afin d'y étudier les patients et de voir qui parmi eux est vraiment malade et qui simule...


Et là, le spectateur a droit à une galerie de personnages hauts en couleurs. À commencer par le duo formé autour des lieutenants Frankie Reno et Spinell (le second empruntant le nom authentique de celui qui l'interprète, soit l'acteur Joe Spinell, formidable monstre humain dans le traumatisant Maniac de William Lustig sorti la même année), le premier faisant passer des castings à des chiens dans le but de monter une pièce de théâtre inspirée de William Shakespeare. En passant par un schizophrène dont l'une des personnalités n'hésite pas à revêtir une robe chasuble de nonne ! Mais surtout, ce sera pour le colonel Vincent Kane, l'occasion de faire la connaissance du capitaine Billy Cutshaw (l'acteur Scott Wilson). Un ancien astronaute qui lors du lancement d'une fusée à destination de la Lune fut pris de panique et interrompit le décollage. Quatre-vingt minutes d'un grand n'importe quoi, lors desquelles les dialogues perdent complètement le spectateur dans le même esprit que ces improvisations dont seuls ceux qui en sont les acteurs savent de quoi ils parlent. Notons que la présence à l'image de Stacy Keach tempère quelque peu le climat de folie qui baigne littéralement et qu'il sera lui-même l'objet central d'un très intéressant Twist. Ensuite, c'est le choc. Dix ou quinze minutes lors desquelles William Peter Blatty plonge la tête du spectateur dans une bassine remplie d'eau et le contraint à vivre une double humiliation sous apnée ! Une longue séquence rendue plus difficile encore par l'aspect humoristique (et plus ou moins drôle) de tout ce qui a précédé cette séquence pénible à supporter. Dans le genre ''changement de ton'', le réalisateur a réussi l'exploit de plomber l'ambiance sans espoir pour le spectateur de retrouver le sourire. D'une manière générale, soit on adhère au concept de départ, soit l'on abandonne au bout d'une demi-heure. Ce qui serait au fond, une grave erreur puisque la patience des spectateurs étant mise à rude épreuve, la récompense n'en sera que plus grande. Un film unique en son genre et une vraie curiosité servie par une jolie brochette d'interprètes...

 

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