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jeudi 7 avril 2022

You're not my Mother de Kate Dolan (2022) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Je l'écrivais dans un précédent article : il semble désormais évident que les films ayant pour but de nous faire frissonner doivent passer par une phase psychologique beaucoup plus importante vis à vis du simple fait d'étaler sur un écran des hectolitres de sang. L'hémoglobine étant devenue un élément de divertissement qui fera généralement sourire les nouvelles générations abreuvées à la violence des réseaux sociaux, réalisateurs et scénaristes auront tôt fait de trouver une issue s'ils veulent que leur public accède enfin au saint Graal consistant à craindre de jeter un œil à tel ou tel film d'horreur. You're not my Mother est sans doute l'une des dernières grandes sensations qui sera mise à disposition des spectateurs le 10 août prochain. Certains privilégiés auront pu découvrir la bête lors du Toronto International Film Festival (TIFF) de l'année passée ou entre le 26 et 30 janvier dernier à celui de Gérarmer. Un long-métrage d'origine irlandaise, mis en scène par une femme (la réalisatrice Kate Dolan) et s'inscrivant justement dans un cadre psychologique terriblement tendu. Du social, de ceux qu'aiment les festivals comme celui de Sundance. Également connu sous le titre Samhain, cette étrange terminologie est directement liée à la mythologie irlandaise. Il s'agit de la première des quatre fêtes religieuses se déroulant durant l'année gaélique. Elle est surtout à l'origine de la célèbre fête d'Halloween qui elle est honorée chaque année à travers le monde occidental. C'est d'ailleurs cette dernière qui est évoquée durant le film de Kate Dolan mais rassurez-vous : ici, point de serial killer muni d'un masque blanc et d'un couteau de boucher à la lame effilée. Non ! ''Juste'' une adolescente vivant avec une mère malade, sa grand-mère et son oncle, lequel est récemment réapparu afin de prendre soin de ses proches. You're not my Mother contient des éléments classiques que l'on retrouve dans ce type de long-métrage qu'est le drame social. Char (la formidable actrice Hazel Doupe) est victime de la tyrannie de certaines de ses camarades...


De ces gamines encore à peine formées qui déjà développent une capacité à faire le mal autour d'elles. Incarnée par une Katie White perverse, entourée de benêts auxquels la réalisatrice irlandaise n'accorde jamais la parole, la jeune Kelly est à l'aune du climat délétère qui gangrène l’œuvre de bout en bout. Char étant d''un physique peu attrayant et s'éloignant des références esthétiques de rigueur outre-atlantique, Kate Dolan plonge ses spectateurs dans un cauchemar sans fin, où l'ambiance morose colle à la peau comme une mauvaise suée... Car si la vie de Char n'est jamais rose, si la jeune femme est victime de quolibets de la part de ses camarades, si ses anciennes amies ont disparu, tout ceci n'est rien en comparaison de ce qui l'attend lorsqu'elle rentre chez elle... Tant qu'aucun élément fantastique ne vient gripper la parfaite machine à fabriquer de la peur ou de l'angoisse, tout va pour le mieux. Se pose alors la question de l'état psychologique de la mère qu'interprète l'actrice Carolyn Bracken. Et de celui de la grand-mère qu'incarne Ingrid Craigie. Une ambiance perpétuellement sinistre que libère de temps en temps (mais pour de courts instants) la réalisatrice en convoquant la personnalité inattendue de la jeune Suzanne (l'actrice Jordanne Jones), soupape de sécurité à laquelle se raccrochera notre jeune héroïne. Des moments qui permettront à Char mais également aux spectateurs de reprendre heureusement parfois leur souffle ! Sobriété et pudeur semblent être les mots d'ordre pour la réalisatrice qui signe avec You're not my Mother un film réellement éprouvant dont on sort avec l'espoir secret que sa réalisatrice n'attendra pas des années pour nous offrir un second long-métrage. Une cinéaste, mais aussi des interprètes en majorité féminines pleines de promesses. À découvrir absolument...

 

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