Je l'écrivais dans un
précédent article : il semble désormais évident que les
films ayant pour but de nous faire frissonner doivent passer par une
phase psychologique beaucoup plus importante vis à vis du simple
fait d'étaler sur un écran des hectolitres de sang. L'hémoglobine
étant devenue un élément de divertissement qui fera généralement
sourire les nouvelles générations abreuvées à la violence des
réseaux sociaux, réalisateurs et scénaristes auront tôt fait de
trouver une issue s'ils veulent que leur public accède enfin au
saint Graal consistant à craindre de jeter un œil à tel ou tel
film d'horreur. You're not my Mother
est sans doute l'une des dernières grandes sensations qui sera mise
à disposition des spectateurs le 10 août prochain. Certains
privilégiés auront pu découvrir la bête lors du Toronto
International Film Festival
(TIFF)
de l'année passée ou entre le 26 et 30 janvier dernier à celui de Gérarmer. Un long-métrage d'origine irlandaise, mis en
scène par une femme (la réalisatrice Kate Dolan) et s'inscrivant
justement dans un cadre psychologique terriblement tendu. Du social,
de ceux qu'aiment les festivals comme celui de Sundance. Également
connu sous le titre Samhain,
cette étrange terminologie est directement liée à la mythologie
irlandaise. Il s'agit de la première des quatre fêtes religieuses
se déroulant durant l'année gaélique. Elle est surtout à
l'origine de la célèbre fête d'Halloween qui elle est honorée
chaque année à travers le monde occidental. C'est d'ailleurs cette
dernière qui est évoquée durant le film de Kate Dolan mais
rassurez-vous : ici, point de serial killer muni d'un masque
blanc et d'un couteau de boucher à la lame effilée. Non !
''Juste'' une adolescente vivant avec une mère malade, sa grand-mère
et son oncle, lequel est récemment réapparu afin de prendre soin de
ses proches. You're not my Mother
contient des éléments classiques que l'on retrouve dans ce type de
long-métrage qu'est le drame social. Char (la formidable actrice
Hazel Doupe) est victime de la tyrannie de certaines de ses
camarades...
De
ces gamines encore à peine formées qui déjà développent une
capacité à faire le mal autour d'elles. Incarnée par une Katie
White perverse, entourée de benêts auxquels la réalisatrice
irlandaise n'accorde jamais la parole, la jeune Kelly est à l'aune
du climat délétère qui gangrène l’œuvre de bout en bout. Char
étant d''un physique peu attrayant et s'éloignant des références
esthétiques de rigueur outre-atlantique, Kate Dolan plonge ses
spectateurs dans un cauchemar sans fin, où l'ambiance morose colle à
la peau comme une mauvaise suée... Car si la vie de Char n'est
jamais rose, si la jeune femme est victime de quolibets de la part de
ses camarades, si ses anciennes amies ont disparu, tout ceci n'est
rien en comparaison de ce qui l'attend lorsqu'elle rentre chez
elle... Tant qu'aucun élément fantastique ne vient gripper la
parfaite machine à fabriquer de la peur ou de l'angoisse, tout va
pour le mieux. Se pose alors la question de l'état psychologique de
la mère qu'interprète l'actrice Carolyn Bracken. Et de celui de la
grand-mère qu'incarne Ingrid Craigie. Une ambiance perpétuellement
sinistre que libère de temps en temps (mais pour de courts instants)
la réalisatrice en convoquant la personnalité inattendue de la
jeune Suzanne (l'actrice Jordanne Jones), soupape de sécurité à
laquelle se raccrochera notre jeune héroïne. Des moments qui
permettront à Char mais également aux spectateurs de reprendre
heureusement parfois leur souffle ! Sobriété et pudeur
semblent être les mots d'ordre pour la réalisatrice qui signe avec
You're not my Mother un
film réellement éprouvant dont on sort avec l'espoir secret que sa
réalisatrice n'attendra pas des années pour nous offrir un second
long-métrage. Une cinéaste, mais aussi des interprètes en majorité
féminines pleines de promesses. À découvrir absolument...
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