Lucio Fulci ou l'un des
maîtres es Gore. De L'enfer des Zombies
jusqu'à L'éventreur de New York,
le réalisateur italien fut LE spécialiste de l'horreur putride et
dérangeante, multipliant les visions cauchemardesques, faisant de
l'Enfer un terrain de jeu qui trouvera son accomplissement avec
Frayeurs et
L'au-delà.
Mais avant de produire une poignée de classiques du genre, et bien
avant de se compromettre dans des bandes déplorables, le bonhomme
s'attaqua à la comédie, à la science-fiction, au western, au drame
historique et... au giallo ! Pour ce dernier, dont Dario Argento
est reconnu comme l'un des spécialistes incontestables (Profondo
Rosso
en témoigne notamment brillamment), Lucio Fulci offrira aux amateurs
du genre, l'excellent Non si Sevizia un Paperino
dont on peut se demander ce qui est passé par la tête des
distributeurs français qui plutôt que de le traduire littéralement
ont préféré lui donner un titre certes alléchant, mais n'ayant
cependant rien à voir avec son contenu. En effet, le film sortira
chez nous le 22 mars 1978 sous le titre La longue
nuit de l'exorcisme
et sera interdit aux moins de seize ans. Les dénicheurs de tous
poils le trouveront même à l'époque au format VHS
sous le titre Fureur Meurtrière
dans la collection CINE+.
Un titre tout aussi racoleur mais qui collait déjà beaucoup plus à
l'esprit du film. Si en cette année 1972 nous sommes encore très
loin des débordements sanglants visibles dès 1979 et au moins
jusqu'en 1982, Lucio Fulci fait déjà preuve d'un goût prononcé
pour la violence et les dégradations physiques. En témoigne une
séquence de torture lors de laquelle, une femme pratiquant les
sciences-occultes et malmenée par quelques habitants d'un village
dont les enfants sont tués les uns après les autres. Une scène que
reprendra le réalisateur italien en ouverture de son très gore et
très morbide L'au-delà...
Mais
ici, point de zombies ou d'éléments véritablement fantastiques. La
déliquescence est dans le cas de Non si Sevizia
un Paperino uniquement
liée à l'attitude de tout un village qui voit en ses marginaux, les
coupables éventuels d'une série de meurtres dont seuls sont
victimes de jeunes garçons. Y passent à la moulinette de la
suspicion, un attardé mental, une adepte de la magie noire, la
police allant même jusqu'à suspecter une jeune femme superbe mais
au comportement particulièrement troublant. En effet, la superbe
actrice germano-américaine naturalisée italienne Barbara Boucher
incarne Patrizia. Une jeune et très belle femme qui joue de ses
charmes non pas avec les rares hommes séduisants qui apparaissent à
l'écran (l'acteur français Marc Porel dans le rôle de Don Alberto
Avallone), mais avec les enfants qu'elle intimide avant que nous ne
les retrouvions morts étranglés. Comme dans tout bon Giallo,
le mystère demeure jusqu'à la fin quant à l'identité du tueur.
Les ficelles sont parfois si grosses que l'on se doute que les
suspects ne sont pas ceux que les policiers devraient interroger.
Lucio Fulci grossit le trait au point de faire du véritable
assassin, celui-là même que l'on suppose être irréprochable. Non
si Sevizia un Paperino
offre quelques plans sanglants. Comme les tortures infligées à la
Maciara,
très belle femme, redoutée dans son village pour sa pratique de la
magie noire et qu'interprète l'actrice brésilienne Florinda Bolkan.
Ou bien plus tard lorsque viendra au tour de l'assassin de mourir.
Entre enquête policière et meurtres sordides (la mort d'un enfant
n'est jamais le plus aisé à mettre en scène), le film offre
également la description d'un village en furie, où les esprits
s'échauffent au point où les habitants veulent se faire justice
eux-même...
Des
prostituées qui vendent leur corps pour quelques milliers de lires,
une femme supposée avoir des pouvoirs magiques, une autre qui joue
de ses charmes auprès de gamins n'ayant même pas atteint l'âge de
l'adolescence, des demeurés en veux-tu, en voilà et une enquête
qui piétine... Dans le genre ''malsain'', le film de Lucio Fulci
vaut bien le chef-d’œuvre de Pupi Avati, La
Casa dalle Finestre che Ridono
qui sortira quatre ans plus tard. Même climat de suspicion, même
personnages dérangeants arborant des visages d'arriérés. Non
si Sevizia un Paperino nous
offre une Italie d'arrière-pays où les mœurs semblent être à
l'exact opposé de celles qu'érigent nos sociétés. Entre
l'imaginaire lié à l'enfance et la crudité des meurtres et de
certains actes, Lucio Fulci tranche dans le lard et choisi la
chimère. Car comme l'indique si justement l'un des personnages :
''
ici, la vérité provoque des dégâts''.
À noter la présence à l'écran de l'actrice et chanteuse grecque
Irène Papas...
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