Alors que le réalisateur
italien Lucio Fulci venait de se lancer dans une épopée gore deux
ans auparavant en 1979 avec L'enfer des zombies,
laquelle fut poursuivie l'année suivante avec Frayeurs,
en 1981, juste avant d'y revenir avec L'au-delà,
l'un des grands maître de l'horreur putride signait Le
chat noir
qui, en comparaison, s'avérait déjà nettement plus timide en
matière de séquences sanguinolentes. Réalisé majoritairement dans
divers studios italiens parmi lesquels le Studio
Incir de Paolis
à Rome où furent notamment tournés en partie Macchie
Solari
d'Armando Crispino ou Quatre Mouches de velours
gris
de Dario Argento, Le chat noir (Gatto
Nero),
certains passages furent également réalisés dans divers lieux du
Buckinghamshire dans le sud-est de l'Angleterre. En vedette de ce
film mêlant ésotérisme, policier et épouvante, l'actrice
américaine Mimsy Farmer, celle-là même que l'on retrouvait
justement dans les deux films cités ci-dessus et qui marqua
notamment de sa présence l'excellent La traque
du français Serge Leroy en 1975. Film dans lequel elle incarnait le
rôle d'une touriste anglaise qui en Normandie devenait la victime de
notables venus chasser le sanglier, lesquels s'en prenaient à la
jeune femme avec les conséquences que l'on connaît. Visibles
également, l'acteur Al Cliver qui déjà apparaissait dans L'enfer
des Zombies
et reprendrait du service chez Lucio Fulci trois ans plus tard en
1984 dans Murder Rock.
Quant à David Warbeck, il sera l'un des personnages centraux du
crépusculaire L'au-delà
qui verra le jour sur notre territoire l'année de sa création
tandis que Le chat noir
devra quant à lui attendre deux ans avant de sortir dans
l'hexagone...
Enfin,
l'acteur nord-irlandais Patrick Magee tient ici le rôle du
Professeur Robert Miles. Pratiquant les sciences occultes, ce
troublant individu passe le plus clair de son temps à visiter les
cimetières de nuit afin de communiquer avec les morts. Mais alors,
quel est donc ce chat noir du titre qui semble faire directement
référence à deux événements? Car l'on pense bien évidemment
tout d'abord à la superstition qui entoure l'un de nos animaux
familiers, lequel est au centre d'une légende selon laquelle il est
signe de mauvais présage. Le film de Lucio Fulci évoque ensuite
très justement la nouvelle éponyme du poète et romancier américain
Edgar Allan Poe même si dans le cas présent, le réalisateur
italien et le scénariste Biagio Proietti l'adaptent très librement.
Au cœur du récit, un professeur, donc, qui à travers l'emploi d'un
chat, noir, et de bandes magnétiques, communique avec les morts. Les
différentes rencontres entre le félin et celles et ceux qu'il
croisent ne s'arrêtent pas aux portes de la simple superstition et
tous meurent dans d'étranges circonstances. Pas toujours très
crédibles d'ailleurs. L'on pense notamment à ce jeune couple
enfermé dans un hangar à bateaux et découverts morts, les corps
décomposés, parsemés de vers, et ici unique tentation morbide du
cinéaste envers des visions d'horreur. Car en général, l'horreur y
est majoritairement sobre. Un type est embroché, certes. Une femme
brûlée vive, ok. Mais en général, on a surtout droit à quelques
griffures au visage et aux membres. Rien que de très chaste en
comparaison de ce que sera capable de nous asséner Lucio Fulci entre
l'année 1979 et celle de son dernier classique de l'horreur,
L'Éventreur de New York...
L'un
des aspects les plus saisissants de ce Chat noir
sympathique mais jamais vraiment mirobolant demeure sans doute dans
l'incarnation de Patrick Magee dont l'interprétation de l'écrivain
Alexander dans le chef-d’œuvre de Stanley Kubrick Orange
Mécanique
n'est sans doute pas étrangère au choix de Lucio Fulci de lui faire
interpréter celle de ce professeur particulièrement ambigu.
Multipliant les apparitions du chat au point de prétendre qu'ils
seraient plusieurs, Le chat noir
apparaît cependant comme une tâche dans une filmographie qui entre
1969 avec Una sull'altra
et 1982 et le fameux éventreur à la voix de canard s'avérera
pratiquement irréprochable. Lucio Fulci apparaît là où on ne
l'attendait pas vraiment. Un film d'horreur trop avare en matière de
séquences gore pour que Le chat noir
s'inscrive dans l'apogée de ce cinéaste hors du commun. Le film
apparaîtra cependant bien plus réjouissant et nettement au dessus
de ce qu'il réalisera à partir de l'année 1982...
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