Les amateurs de récits
fantastique et d'épouvante en général et de maisons hantées en
particulier connaissent tous le 112 Ocean Avenue.
Une adresse située dans la petite ville côtière d'Amityville où
au beau milieu des années soixante-dix se sont joués toute une
série de faits divers tragiques. À commencer par la nuit du 13
novembre 1974 lors de laquelle un certain Ronald Joseph Defeo Junior
a tué ses deux parents, Ronald Defeo Sr et Louise, ainsi que ses
quatre frères et sœurs, Dawn, Allison, Mark et John. Rapidement
reconnu coupable du sextuple homicide, ni la folie ni les propos de
Ronald qui affirmait avoir été poussé au meurtre par le Diable ne
lui épargnèrent la prison où il finira par mourir près de
quarante-six ans plus tard, le 12 mars 2021. Treize mois plus tard,
le 18 décembre 1975, une famille constituée de George Lutz, de son
épouse Kathy et de leurs trois enfants emménagent malgré
l'horrible passif de la demeure. Dès lors, de nombreux événements
inexplicables et terrifiants vont se produire et les Lutz quitteront
la demeure vingt-huit jours seulement après y avoir pénétré pour
la première fois. Il était fort logique que l''histoire de ces deux
familles vienne un jour frapper à la porte de la littérature et du
septième art. Deux ans après le fait divers entourant les
événements paranormaux dont furent les témoins les Lutz, le
romancier Jay Anson voit son adaptation littéraire sortir sous le
titre The Amityville Horror: A True Story.
Il faudra deux années supplémentaires pour assister sur grand écran
à l'adaptation par le scénariste Sandor Stern et le réalisateur
Stuart Rosenberg de ce même roman. Pour un budget estimé à environ
quatre millions et sept-cent mille dollars, le film intitulé
Amityville : La Maison du diable
sera un succès puisqu'il en rapportera sur le seul territoire
américain, un peu plus de quatre-vingt cinq...
Trois
ans plus tard sort sur les écrans Amityville 2 : Le
Possédé
qu'une partie des amateurs considèrent fort justement comme le
meilleur opus de la longue, trop longue franchise qui continue
aujourd'hui à faire des petits. Réalisé par Damiano Damiani et
visible chez nous sur grand écran dès le 5 janvier 1983, le film
n'est pas une séquelle du premier volet mais une préquelle
puisqu'elle se penche non plus sur le cas de la famille Lutz mais sur
celui des Defeo et notamment du fils meurtrier. Dès lors, les
épisodes pousseront comme des champignons. Plus de vingt ont été
réalisés depuis et la majorité demeurent d'infâmes purges dont
certaines n'ont pratiquement rien de réellement commun avec les
différents faits-divers ayant eu lieu dans le courant des années
70. En 2005, Andrew Douglas réalisera le remake de l’œuvre
originale sortie vingt-six ans auparavant tandis qu'en 2018 sera mis
à disposition des amateurs du genre, celui de la préquelle de
Damiano Damiani sous le titre The Amityville
Murders.
En cessant de s'éloigner du mythe et en choisissant lui aussi de se
pencher sur le cas de la famille Defeo, le réalisateur Daniel
Farrands s'assurait là de proposer l'un des tout meilleurs opus de
la franchise. Pas l'un des trois, certes, mais au moins l'un des cinq
longs-métrages les plus honorables. Un film tout d'abord en forme de
clin d’œil à l'une des vedettes de
Amityville 2 : Le Possédé
puisque l'on y retrouve dans le rôle du grand-père de Dawn et Butch
(!!!) Defeo, l'acteur Burt Young qui dans le second volet de la
franchise interpréta lui-même le rôle d'Anthony, le père violent
de la famille Montelli (le nom remplaçant celui des Defeo) qui s'en
prenait tout particulièrement au fils aîné Johnny. Celui-là même
qui allait montrer des signes d'emprise diabolique avant de passer à
l'acte en tuant toute sa famille. En 2018, le vrai nom Defeo
réapparaît enfin et le réalisateur Daniel Farrands propose une
alternative intéressante en situant l'action durant les trois
semaines précédent le drame. On y fait donc la connaissance de la
célèbre famille, soudée même si le père s'avère comme dans
l’œuvre de 1982, particulièrement violent...
Dépassant
même l'incarnation de Burt Young dans ses agissements, l'acteur Paul
Ben-Victor incarne l'élément fondateur de ce qui pourrait
s'apparenter pour les cartésiens, comme le déclencheur des troubles
dont sera atteint le fils aîné. Car si des éléments fantastiques
viennent étayer l'hypothèse selon laquelle une entité vit
réellement dans le sous-sol de la maison (les pièces en lévitation
témoignent de ce fait), on pense souvent à des troubles d'ordre
psychiatriques. Dédoublement de la personnalité ou schizophrénie.
Contrairement à la plupart des séquelles et autres longs-métrages
usant par opportunisme du patronyme Amityville
qui furent produites depuis le remake de 2005, The
Amityville Murders
est une surprise plutôt agréable. Même si le film n'a pas la
moindre de chance de faire de l'ombre à Amityville
2 : Le Possédé,
les amateurs du genre seront plutôt plaisamment surpris de découvrir
une œuvre attachée à reproduire le fait-divers de manière
relativement respectueuse même si forcément, des éléments de
fiction y sont introduits librement. Pour un budget de cinq millions
de dollars, The Amityville Murders
se contente surtout d'exposer la relation compliquée entre le fils
aîné et son père ou celle de l'adolescent en question avec sa sœur
Dawn. Contrairement au long-métrage de 1982 où l'évocation d'une
relation incestueuse était clairement exposée, dans le cas présent,
le fait n'est que très superficiellement survolé. Pourtant moins
glaçant et effrayant que Amityville 2 : Le
Possédé,
le long-métrage de Daniel Farrands n'en demeure pas moins une
surprise plutôt attrayante. Bonne mise en scène et interprétation
correcte...
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