''Lucio Fulci
presents...''. Voilà qui a de
la gueule. Voilà qu'à celui qui fut l'auteur des chef-d’œuvre du
gore glauque et craspec L'enfer des Zombie,
Frayeurs ou
L'au-delà
fut confiée en 1988 la lourde tâche de superviser huit
longs-métrages prévus pour une diffusion sur les petits écrans
italiens. Les producteurs Antonino Lucidi et Luigi Nannerini de la
société de production Alpha
Cinematografica firent
donc confiance au réalisateur italien qui en profita pour y inclure
deux de ses œuvres intitulées Soupçons de mort
et
Les Fantômes de Sodome.
Autant dire, pas ce qu'a fait de mieux Lucio Fulci qui durant sa
carrière jongla entre comédie, giallo, policier, western et divers
films d'horreur. Parmi les huit longs-métrages du cycle, l'un
retiendra notamment l'attention des amateurs de nanars puisque
Massacro
fut, lui, réalisé par un certain Andrea Bianchi. Un nom qui déjà,
s'avère bien moins prestigieux, synonyme de poilades de fins de
soirées entre potes sous l'emprise de l'alcool. Car le bonhomme fut
à l'origine du très mauvais giallo Nue pour
l'assassin
en 1975, du médiocre Malabimba
en 1979 et du cultissime mais néanmoins navrant Le
manoir de la terreur
deux ans plus tard et sa célèbre ambiguïté portant sur le sujet
de l'inceste entre une mère et son gosse interprété par un acteur
improbable ! Massacro a
donc logiquement de quoi gâter les amateurs de nanars mais de quoi
décevoir les fans du Lucio Fulci de la période invoquée plus
haut...
Et
c'est un fait : Massacro est
une purge. De celle qui font briller aux yeux de certains
masochistes, les œuvres italiennes d'une certaine catégorie connue
sous le nom de Z.
Tout commence par le meurtre d'une prostituée par un type à
lunettes et capuche noires et armé d'un couteau à cran d'arrêt
ainsi que d'une hachette. Une scène plutôt gore puisque la jeune
femme y perd la tête ainsi que sa main droite. Si la réalisation de
cette séquence est plutôt foireuse, graphiquement, les amateurs de
gore peuvent se réjouir et plus ou moins s'attendre à un film
généreux en la matière ! Sauf que la suite ne fera que
confirmer tout le mal que l'on peut penser d'Andrea Bianchi. Tâcheron
devant l'éternel qui mettra en scène l'équipe de tournage d'un
film d'horreur dont les scènes de meurtres seront reproduites par un
tueur dont l'identité, Giallo
oblige, ne nous sera révélée qu'en toute fin de bobine. L'un des
principaux soucis de Massacro
est qu'une fois la séquence d'ouverture passée, il ne s'y passe
plus grand chose. À tel point que visionner ce film pourtant
cautionné par Lucio Fulci devient éprouvant. On s'y ennuie
terriblement en attendant que des meurtres du niveau de celui qui
ouvrit le bal s'interposent entre des séquences d'une niaiserie
abyssale et une bande musicale typique des années quatre-vingt
signée du compositeur italien Luigi Ceccarelli...
Mais
Andrea Bianchi étant visiblement davantage prédisposé à foutre à
poil ses actrices qu'à nourrir les fans de gore de scènes proposant
une profusion de sang, les séquences de nu totalement gratuites
s'enchaînent sans éveiller la moindre montée de sève chez le
spectateur. À dire vrai, ce qui retiendra l'attention du spectateur
n'est pas tant le récit, ni les courbes de ses interprètes
féminines, et sans doute encore moins les quelques Freaks
de
sexe masculin qui hantent cette engeance (Robert Egon, dans le rôle
de Jean, est quand même vachement chelou!), mais le fait même que
des producteurs aient pu prendre le risque de proposer pour la
télévision italienne une telle production quant en France ou en
Allemagne, les spectateurs avaient plutôt l'habitude de se taper les
soporifiques Commissaire Maigret
et Derrick.
Du sang, du cul... du spiritisme (voyez donc cette actrice simulant
sa possession par une entité de la manière la plus grotesque qui
soit) et surtout, du vide qui au final sera rangé dans ses cartons
pour n'être proposés par des diffuseurs locaux que trois ans plus
tard. À noter que Lucio Fulci prendra l'habitude pour la plupart des
huit programmes d'y prélever certains passages qu'il intégrera dans
Un Gatto nel Cervello,
l'un des derniers longs-métrages qu'il réalisera en 1990.
Concernant Massacro,
vous pouvez aisément passer votre chemin...
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