Auteur dès l'année 2000 de la saga Ju-On, de Marebito en 2004, de Réincarnation l'année suivante, de Tormented en 2011 ou du très mauvais The Shock Labyrinth en
2009, le réalisateur Japonais Takashi Shimizu semblait incapable de
retrouver la force du long-métrage qui fit connaître son œuvre à
travers le monde. En parallèle à son compatriote Hideo Nakata qui se
lança lui-même dans une série de longs-métrages d'épouvante deux ans
plus tôt mettant en scène des fantômes japonais aux cheveux longs (la saga Ringu, le sublime Dark Water),
Takashi Shimizu a consacré la quasi totalité de sa carrière de cinéaste
aux genres horreur, épouvante et fantastique, fantômes et autres
esprits malfaisants demeurant en gros, son fond de commerce. Alors que
l'on n'attendait plus de sa part, le moindre miracle depuis des années,
voici que l'année dernière débarquait sans crier gare et tout sauf en
grandes pompes, le retour du ''héros''...
De celui qui su nous faire frissonner vingt ans en arrière. Le fruit de ce miraculeux retour se nomme 犬鳴村, Inunaki Mura, à l'internationale Howling Village et chez nous, Inunaki : le Village Oublié.
Pour une fois que la traduction, à défaut d'être tout à fait fidèle,
donne vraiment envie de se plonger dans le récit, le public français
n'aura pas eu à se plaindre d'avoir été floué. Il y a dans ce nouveau
projet où les esprits prennent encore une large place, une vision qui
rappellera peut-être (je dis bien, peut-être) aux plus anciens,
l'univers d'un certain Lucio Fulci. Une approche relativement sombre et
crépusculaire qui nous fera sans doute parfois confondre ces esprits
avec des morts-vivants. Le thème lui-même évoque l'un des chefs-d’œuvre
du cinéaste transalpin. Le bien nommé Frayeurs dans
lequel le suicide d'un prête avait pour conséquence l'ouverture des
portes de l'enfer. Libérant ainsi une vague de morts-vivants, à l'époque
plus déliquescents que partout ailleurs...
Inunaki : le Village Oublié démarre
sensiblement de la même manière, avec ces deux adolescents qui en
pénétrant un long tunnel menant jusqu'au village du titre, vont
réveiller les fantômes d'Inunaki dont la présence nous sera expliquée un
peu plus tard. Si fondamentalement, ce nouveau long-métrage de Takashi
Shimizu est nettement moins effrayant que son Ju-On,
le réalisateur japonais a cependant une vision, et mêmes DES visions
qui confinent au sublime. Ses esprits sont remarquablement mis en scène
lors de séquences visuellement bluffantes. Qu'il s'agisse de la scène de
l’hôpital, de celle située près d'un pont dans une cabine téléphonique
ou plus simplement dans le tunnel et le village d'Inunaki, Inunaki : le Village Oublié propose
un spectacle parfois grandiose... auquel quelques idées plus ou moins
bonnes viennent cependant nuire. Car comme l'évoque stupidement le titre
international, Takashi Shimizu ne se contente plus seulement de
quelques apparitions de fantômes mais désigne un type de créatures chez
lui jusque là inédites... et pas forcément bienvenues...
À l'aide de vieilles bobines, le cinéaste évoque un souvenir tragique presque aussi puissant que celui du Dark Water de
Hideo Nakata, apportant ainsi une réponse aux agissements des habitants
du village en question. Concernant les interprètes, qu'il s'agisse de
Ayaka Miyoshi, Ryota Bando, Tsuyoshi Furukawa ou des autres, ils
demeurent tous convaincants. Beaucoup moins brouillon qu'il n'en a
l'air, il faudra cependant rester attentif pour ne pas échapper à
certaines clés du récit. Si Inunaki : le Village Oublié n'est
sans doute pas le chef-d’œuvre de Takashi Shimizu, il reste cependant
l'un de ces meilleurs films. S'il était besoin de se convaincre que le
bonhomme à encore des choses à raconter, un seul conseil : filez voir
son dernier long-métrage...
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