Le roi est mort !
Vive le roi ! Depuis la disparition de l'acteur américain
Charles Branson il y aura bientôt dix-neuf ans, les rues de New York
ne sont plus sûres. Son alter ego cinématographique le plus célèbre
a rendu les armes en 1994 avec Le Justicier : L'Ultime Combat
(Death Wish 5: The Face of Death) d'Allan A. Goldstein,
soit vingt ans après avoir commencé à nettoyer les rues de la
célèbre cité dans Un justicier dans la ville (Death
Wish) de Michael Winner. Pourtant, par un heureux hasard, le
célèbre défenseur de la veuve et de l'orphelin a vu l'acteur
hongrois Robert Bronzi prendre la relève de Paul Kersey dès son
second long-métrage Death Kiss
en 2018. Un an après avoir interprété son premier rôle dans le
western horrifique From Hell to the Wild West de
Rene Perez. Poursuivant tranquillement sa carrière jusqu'à
maintenant dans une poignée de longs-métrages, l'acteur est
réapparu en 2021 dans The Gardener de
Scott Jeffrey et Rebecca Matthews, un autre actionner dans lequel on
retrouve un Robert Bronzi singeant la star du cinéma d'action à
connotation ''auto-défense'' et ''expédition punitive''. Mais
revenons en 2018 avec Death Kiss,
donc. D'emblée, les fans de Charles Bronson seront ravis de
découvrir un acteur dont la ressemblance avec la star disparue
s'avère relativement spectaculaire. Robert Bronzi allant même
jusqu'à singer notre idole notamment adepte du pistolet
semi-automatique Colt
M1911 (lorsqu'il n'usait pas d'un lance-roquettes ou d'explosifs). Le
réalisateur Rene Perez n'y va pas par quatre chemins et assène en
apéritif une séquence assez violente lors de laquelle celui qui se
fait alors appeler ''l'étranger'' bute un maquereau et le client
d'une gamine qu'il abandonne derrière lui une fois le massacre
accompli. D'entrée de jeu, Death Kiss sent
le DTV
à plein nez. Image beaucoup trop propre pour nous rappeler le grain
de la franchise Death Wish
démarrée en 1974, la bande-musique signée de Rene Perez est
également loin, très loin d'atteindre les qualités de celle que
composa à l'époque le génial Herbie Hancock !
Il
va falloir se farcir une musique terriblement indigeste, faisant de
Death Kiss un
film d'action carrément décevant, du genre de ceux qu'interprète
en général l'acteur Bruce Willis depuis quelques années. Si
Charles Bronson n'était pas l'acteur le plus expressif au monde,
Robert Bronzi apparaît quant à lui complètement éteint, figé,
genre : la paupière gonflée du gars qui vient tout juste de se
lever et le sourcil presque perpétuellement froncé. La musique,
envahissante et collant rarement à l'action, on comprend très vite
que l'hommage rendu à la célèbre franchise est l’œuvre d'un
réalisateur de peu de talent. Quelques clics plus tard, on découvre
sur la toile une filmographie impressionnante non pas pour ses
qualités mais par le nombre de long-métrages réalisés en moins de
quinze ans de carrière. Si l'on excepte ses deux prochains films
désormais terminés et un Nightfall
en pré-production, le compteur de longs-métrages du réalisateur en
affiche vingt-six en douze années ! Un nombre impressionnant
mais, allez savoir pourquoi, pas un seul film ou presque ayant sans
doute passé le seuil d'un cercle de fans réduit au minimum. Allez,
on notera tout de même The Burning Dead
en 2015 dans lequel Danny Trejo tenait la vedette. Rien d'étonnant à
ce que Death Kiss
(Le baiser de la
Mort
en français) ne soit pas à la hauteur de nos espérances. Car si
Robert Bronzi ressemble effectivement à Charles Bronson, son jeu
monolithique consistant en fait surtout à montrer sa trogne à
l'écran (histoire de faire mouiller les groupies de Mister Bronson)
est à l'orée de la mise en scène et de la plupart des aspects
techniques du film...
Le
concept est on ne peut plus simple : un justicier nettoie la
ville de sa criminalité sans autre forme de procès que de coller
une ou plusieurs balles dans le coffre de ses victimes, gerbes de
sang à l'appui (ici, la ''case prison'' est une notion superflue),
tout en venant en aide à une mère et sa fille clouée dans un
fauteuil roulant. Incarnée par Eva Hamilton, la charmante Ana vit
avec sa fille Tanya (la jeune Stormy Maya) dans une maison située en
un lieu reculé de la ville et semble redouter l'éventuelle venue
d'un dangereux malfaiteur. Parmi les interprètes, nous retrouvons
également l'acteur Daniel Baldwin (le frère de...) dans le rôle
(parfaitement inutile) d'un animateur radio ou encore Richard Tyson
(Mary à tout prix
des frères Peter et Bobby Farrely, La chute du
faucon noir de
Ridley Scott, mais également l'immense purge Battlefield
Earth,
adaptation ratée du roman de science-fiction indigeste du fondateur
de la Scientologie
L.
Ron Hubbard, Terre, champ de bataille)
dans celui de Tyrell, le grand méchant psychopathe du film. On
notera que la même année est sorti sur les écrans le remake cette
fois-ci officiel de Death Wish
réalisé par Eli Roth et dont Death Kiss
permet finalement de relativiser les critiques, car relativement
malmené par la presse de l'époque. Pourtant, dans la carrière de
Bruce Willis qui y prendra le relève de Charles Bronson, Death
Wish
apparaissait comme un sursaut ! Tout le contraire du
long-métrage de Rene Perez qui entre ventres mous, séquences
d'action mal fichues, dialogues ultra-sommaires et direction d'acteur
pathétique (auquel on joindra des dialogues bas du front) n'est rien
moins qu'un navet. Et je ne vous parle même pas du doublage en
français, monument d'inconsistance en ce qui concerne notamment
celui de l'acteur-vedette...
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