Après
une absence de vingt ans suivant un premier film, le réalisateur
Alex McAulay est réapparu sur les radars avec deux longs-métrages
réalisés en 2020 et 2021. Nous ignorerons ses deux premières
œuvres pour nous pencher sur A House on the
Bayou.
Véritable cas d'école qui semble volontairement se faire l'apologie
de l'incohérence bien qu'il apparaîtra sans doute en réalité
comme une œuvre insuffisamment réfléchie par son auteur. Qu'il a
d'ailleurs lui-même scénarisée. On ne reprochera donc qu'à lui
seul les innombrables invraisemblances du récit dont la somme est
telle qu'il semble que le quadragénaire se soit fait un devoir de
proposer non pas une anthologie de l'épouvante ou du fantastique,
mais plutôt un recueil, un florilège de contradictions qui opposent
notamment des points de vues radicalement antagoniques. Un exemple ?
Dans un récit qui oppose un couple et leur fille à deux rednecks
dans une somptueuse demeure perdue dans les bayous (attention, dans
le cas présent, inutile d'espérer retrouver les anxiogènes décors
de Southern Comfort
de Walter Hill), imaginez un vieux barbu aux idées pas tout à fait
claires demander à une adolescente de verser de l'essence sur une
voiture à l'intérieur de laquelle est enfermée la maîtresse de
son père avant que n'y soit mis le feu. Toute protectrice que peut
être sa mère, et ne voulant pas que sa progéniture soit
traumatisée, celle-ci se saisit du jerrican que tient son
adolescente de fille entre les mains afin de verser l'essence à sa
place. Pourtant, quelques instants plus tard, cette même mère ne
mettra-t-elle pas entre les mains de sa fille un fusil de chasse
avant de lui conseiller de ne pas hésiter à faire feu sur le
''rejeton'' du vieux barbu en cas de danger ? Cet exemple n'est
que la partie la plus émergée d'une quantité presque
hallucinatoire d'invraisemblances telle qu'on peut se demander dans
quelles mesures le réalisateur n'est pas allé volontairement dans
le sens opposé à toute cohérence, offrant ainsi à son œuvre,
tout ou partie de son étrangeté...
Car
en bon Home
Invasion,
A House on the Bayou démarre
de manière plutôt convaincante si l'on passe outre le préambule
lors duquel une femme (l'actrice Angela Sarafyan dans le rôle de
Jessica Chambers) annonce à son époux qu'en partie pour leur fille
Anna (Lia McHugh), elle a l'intention de consolider son couple en les
emmenant tous les deux en vacances dans une immense demeure située
dans un bayou. Cela même alors qu'elle vient de découvrir des
photos compromettantes le montrant dans les bras d'une jeune
étudiante. Le caractère particulièrement inattendu de cette
séquence devrait logiquement mettre la puce à l'oreille du
spectateur. Non pas qu'elle soit révélatrice de l'intrigue à venir
mais plutôt de la mise en scène et du scénario totalement farfelus
et manquant très clairement de maîtrise de la part d'Alex McAulay.
Le père de famille adultère prénommé John est interprété par
l'acteur Paul Schneider. Quant aux deux rednecks Isaac et
''Grand-père'' à priori conviviaux, ils sont respectivement
incarnés par Jacob Lofland et Doug Van Liew. Si dans un premier
temps ces deux-là s'avèrent on ne peut plus ambigus et donc
passablement inquiétants, tout part véritablement en vrille
lorsqu'ils s'invitent chez les nouveaux locataires de l'immense et
luxueuse demeure qu'à loué Jessica. Petite précision qui
d'ailleurs a son importance comme le découvriront plus tard les
spectateurs. Home
Invasion,
donc. Mais aussi épouvante et fantastique. Un scénario complètement
barré. Mais pas forcément dans le bon sens. Entre coyote maléfique
enfermé dans une pièce au néon bleu clignotant. Enregistrement sur
vinyl d'une conversation entre le mari et sa maîtresse diffusé
devant l'épouse et leur fille. Isaac semble en outre doté de
pouvoir dépassant les frontières de la magie...
Un
soupçon de démonologie, un ''vieux bouc'' un peu sénile, un couple
qui se déchire, une gamine amorphe qui saigne régulièrement du nez
sans que l'on ne connaisse jamais les origines du mal. Et puis,
sommet du genre, arrivée soudaine de la maîtresse, sans qu'on ne
sache si elle survient au moment opportun ou non ! Le
scénario souffre d'immenses carences en terme d'écriture, avec pour
conséquence, une crédibilité au ras des pâquerettes. Soit le
réalisateur est d'un amateurisme crasse, soit il se joue de son
public durant presque quatre-vingt dix minutes en ayant dans son seul
esprit, un objectif des plus clair, et là, difficile de nier le
génie du bonhomme. Sauf que l'on n'y croit à aucun moment. A
House on the Bayou est
plus proche du film bourré de bonnes idées mais terriblement mal
exécutées. Il est tentant de jeter en pâture toutes les
incohérences. Mais ce serait ôter aux éventuels intéressés
l'opportunité de passer un agréable moment en listant les dizaines
de mises en situation improbables. D'ailleurs, à trop enchaîner ces
dernières, le film, à défaut de traumatiser les spectateurs, les
fera certainement pouffer de rire.
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