L'année précédent le
film culte de Serge Leroy La traque
sortait sur les écrans de cinéma Les suspects
de Michel Wyn, autre film à mettre en scène l'actrice américaine
Mimsy Farmer dont les personnages connaissaient dans les deux cas un
sort tragique. Pourtant interprété par une sacrée brochette
d'acteurs français parmi lesquels Michel Bouquet, Bruno Cremer,
Michael Lonsdale, Paul Meurisse ou Jean-Claude Dauphin, Les
suspects s'avèrait
au final relativement anecdotique. Dans sa grande rigueur, sa
recherche de l’esthétisme, Michel Wyn oubliait un élément
essentiel : Divertir son auditoire. Un film qui m'offrit
cependant une belle perspective : celle de redécouvrir
l'actrice américaine dans le très curieux Frissons
d'horreur
(Macchie Solari)
d'Armando Crispino, l'auteur la même année du nanardesque Plus
moche que Frankenstein tu meurs
avec l'acteur italien Aldo Maccione dans le rôle de la créature. Un
film dont le ton sera aux antipodes de celui de Frissons
d'horreur,
lequel propose quelques séquences particulièrement morbides.
Souvent considéré comme un giallo, le long-métrage d'Armando
Crispino n'en est pas vraiment un. Il est entendu qu'un tueur
mystérieux y perpétue des meurtres avant de les faire passer pour
des suicides (contrairement aux premières images qui exhibent des
femmes et des hommes se donnant ouvertement la mort de différentes
manières). Un meurtrier dont nous ne connaîtrons l'identité que
vers la fin du récit. Mais alors, n'importe quel film partant du
principe qu'un tueur dont l'identité demeure inconnue jusqu'à la
fin fait partie de ce genre typiquement italien, n'importe quel
thriller ou film policier pourrait immédiatement prétendre en faire
partie...
Frissons d'horreur
est une œuvre très particulière. Non pas que cela lui confère une
quelconque aura de chef-d’œuvre ou de film culte, mais la chose
est si étrange qu'il est difficile de savoir si le réalisateur
italien a réalisé très exactement le film qu'il avait en tête ou
s'il a échoué dans son projet. Mais il suffira peut-être de jeter
un œil sur sa version humoristique et désastreuse du mythe de
Frankenstein pour se convaincre de la seconde hypothèse... Mimsy
Farmer interprète dans Frissons d'horreur le
personnage de Simona Sanna, une jeune pathologiste qui prépare sa
thèse sur le suicide (tout un programme). Au même moment, une série
de meurtre touche la ville de Rome et ses habitants et fait les gros
titres des journaux locaux. Assaillie de terribles cauchemars dans
lesquels elle voit les cadavres de la morgue où elle travaille se
lever, c'est alors qu'elle fait la connaissance du père Paul Lenox
(l'acteur, scénariste et réalisateur américain Barry Primus que
l'on pu notamment découvrir dans The Rose
de Mark Rydell en 1979), un ancien pilote victime d'un très grave
accident lors d'une course et désormais reconverti en prêtre.
L'homme vient de perdre sa sœur, soit disant suicidée bien qu'il
soit convaincu qu'elle ait été en réalité assassinée... Frissons
d'horreur
démarre sur ce postulat on ne peut plus classique. C'est en
enquêtant ensemble que Simona et Paul découvrent bientôt que
d'autres meurtres semblent avoir été eux aussi maquillés en
suicides. D'autres cadavres viennent bientôt rallonger la liste des
morts, mettant la vie de la jeune femme et du prêtre en danger...
Autant
se l'avouer tout de suite : Frissons
d'horreur
est une œuvre passablement ennuyeuse. La faute non pas à un rythme
(déjà) soporifique, mais à une mise en scène qui sort totalement
des sentiers battus. On ne sait pas où Armando Crispino est allé
chercher cette idée saugrenue (en fait, si on sait : dans sa
propre imagination ainsi que celle du scénariste Lucio Battistrada)
de convoquer autant de personnages qu'il semble y avoir de
sous-intrigues mais le résultat à l'écran est parfaitement
imbuvable. Frissons d'horreur
donne à penser que son auteur n'a pas su gérer son sujet et s'est
perdu dans les méandres d'un script trop confus pour être adapté
sur grand écran. Mais ça n'est là qu'une impression car la vérité
est ailleurs : Armando Crispino est tout simplement mauvais.
Incapable de tenir son cahier des charges, son film atteint un degré
d'incompréhension particulièrement marquant. Mais la mise en scène
n'est pas la seule en cause. Le montage de Daniele Alabiso est
chaotique et un modèle pour tous les monteurs en herbe voulant
apprendre tout ce qu'il ne faut surtout pas faire en la matière.
Concernant Mimsy Farmer, la pauvre , soit l'actrice est elle aussi
mauvaise, soit c'est la direction d'acteurs à laquelle on doit
reprocher l'incohérence de son jeu. Passant du rire aux larmes de
manière souvent inappropriée, l'américaine ne convainc pas dans le
rôle de Simona. Et vu qu'Armando Crispino a foiré son entreprise,
on n'aura pas de scrupules à lui mettre sur le dos le jeu pitoyable
généralement constaté parmi les acteurs. Reste comme je l'évoquais
plus haut, l'ambiance malsaine du long-métrage que l'on doit
notamment à la partition musicale du célèbre compositeur italien
Ennio Morricone faite de sonorités électroniques et de soupirs
(souffrance ? Plaisir?) ainsi qu'aux quelques plans sinistres qui
ponctuent l'intrigue (Musée consacrant un thème au suicide avec
photos réelles à l'appui, scènes de la morgue et quelques petits
détails comme ce médecin légiste qui caresse le sein d'un
cadavre!). Mais à part cet aspect quelque peu macabre, Frissons
d'horreur
n'offre vraiment rien d'enthousiasmant...
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