Ah, ah, ah, quel rigolo
ce Ping Lumpraploeng. Originaire de Bangkok en Thaïlande, ce
réalisateur plus couramment habitué à mettre en scène des
comédies (pour certaines, romantiques) débarque avec un sixième
long-métrage qui en théorie, et au vu du synopsis, devrait
radicalement changer de genre. Thriller, horreur, The Pool
s'inscrit dans cette mode où requins, crocodiles et autres créatures
plus ou moins maritimes font la misère aux protagonistes. Sous un
titre imprononçable signifiant en réalité Enfer
à six mètres,
le réalisateur thaïlandais propose de plonger avec son principal
interprète Theeradej Wongpuapan au fond d'une piscine... vide !
Day est le directeur artistique d'une agence dont l'équipe vient de
finaliser le tournage d'une publicité. Après avoir fêté
l'événement la veille au soir, le jeune homme décide au petit
matin de se détendre dans une piscine profonde de six mètres.
Jusque là, rien d'anormal. Son chien est attaché à une laisse et
le réalisateur de la pub vient tout juste de lui commander une pizza
avant de le laisser seul et de partir pour l'étranger. Ah !,
j'oubliais de préciser qu'avant de partir, le bonhomme a également
décidé de vider la piscine dont le niveau va alors peu à peu, mais
inexorablement, descendre. Inconscient du danger ( la piscine ne
possède pas d'échelle à laquelle s'accrocher), Day se prélasse
sur un matelas gonflable jusqu'au moment où il comprend qu'il risque
de ne pas pouvoir en sortir. Réagissant un peu trop tard, le voilà
condamné à demeurer au fond de la piscine qui bientôt va se
retrouver entièrement vidée de son eau...
Sauf
que, ben, comme on s'en doute, le type ne va pas se dorer la pilule
durant quatre-vingt minutes suivantes. Day aurait mieux fait de
rester couché plutôt que d'avoir cette idée saugrenue d'aller
faire un plongeon dans une piscine qui n'a pas l'air très propre et
au moment même où le temps semble se gâter. Pas très malin, le
Day ! On sent très rapidement qu'avec The
Pool,
on va pas avoir le temps de se faire chier. Quitte à ce que le film
accumule les invraisemblances (quel chat noir, ce Day tout de même),
Ping Lumpraploeng imagine faire subir à son interprète tout un tas
de mésaventures dont celui-ci se serait fort bien passé. Ça
commence avec son chien qui manque de s'étrangler avec sa laisse
alors qu'il tente de rejoindre son maître dans l'eau. Ça se
poursuit avec le téléphone portable de Day qui après avoir vibré
et donc lentement glissé jusqu'au bord, échappe au malchanceux
jeune homme pour faire ''plouf'' jusqu'au fond de la piscine. Mais je
n'en dis pas davantage car la suite est si bien gratinée en matière
d'imprévus que les évoquer ici serait faire injure à l'imagination
fertile d'un Ping Lumpraploeng non seulement réalisateur mais
également scénariste. Bon, juste un tout petit détail qui a son
importance mais que l'on découvre de toute manière dès les
premières minutes : en raison d'inondations, un crocodile s'est
échappé de sa réserve. Maintenant, vous savez où veut en venir le
réalisateur thaïlandais...
On
rit, mais on ne se moque pas... Les amateurs de franche rigolade vont
pouvoir s'en servir une belle tranche parce qu'avec le menu que
propose de nous présenter Ping Lumpraploeng, va y avoir de quoi
faire travailler ses zygomatiques. Est-ce consciemment ou par pure
naïveté, mais son protagoniste accumule tant d'adversité qu'il
doit être né un vendredi 13. C'est sûr, les bonnes fées devaient
être en grève le jour de sa naissance. D'un autre côté, on
applaudira l'imagination du réalisateur qui d'un concept ultra
basique parvient à relancer l'intrigue chaque fois que cela
s'avérera nécessaire. Quoiqu'il arrive aussi à The
Pool
de se traîner en longueur... parfois.... mais heureusement pas trop
régulièrement. Fauché comme les blés, cette petite production
thaïlandaise est pourtant généreuse en terme d'interactivité. Il
arrive même que l'on ressente une certaine appréhension face à ce
crocodile plus vrai que nature. Certaines séquences s'avèrent
d'ailleurs diablement anxiogènes. On pense notamment à celles qui
se situent dans le système d'évacuation de la piscine même si là
encore, certains choix narratifs semblent tellement improbables que
l'on pouffe de rire au lieu de trembler pour le personnage de Day. Et
de son épouse d'ailleurs, qui comble de malchance va très vite le
rejoindre dans cette galère. Sans être un joyau, The
Pool
a les qualités de ses défauts. En faisant fi des nombreuses
invraisemblances qui auraient dû miner l'intérêt du film, Ping
Lumpraploeng les transforme en une source d'intérêt permanente. Le
résultat est étonnant et surtout, jamais inintéressant...
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