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dimanche 14 novembre 2021

Profession du père de Jean-Pierre Améris (2020) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Je m'étonne toujours de voir combien mon ressenti peut parfois diverger de celui de nombre de critiques. Profession du père est un bon exemple de ce genre de désarroi lorsque je lis ça et là qu'un long-métrage est au mieux un sympathique film ou au pire, une œuvre ratée. C'est à se demander si parfois certains spectateurs manquent d'émotion ou que d'autres, comme moi, en débordent un peu trop. Benoît Poelvoorde est en sa matière d'interprète tragi-comique, ce que le septième art a enfanté de meilleur depuis ses débuts cinématographiques. N'en déplaisent aux vieilles rombières qui s'offusqueront toujours devant C'est arrivé près de chez vous, le plus français des belges et du moins, celui qui parvient à sauver notre cinéma humoristique de l'indigence dans laquelle certains scénaristes, réalisateur, producteurs et interprètes se complaisent, parvient encore une fois à nous émouvoir dans cette étrange chose filmique qui intrigue bien avant l'entrée dans la salle de cinéma pour mieux nous tromper d'ailleurs avec son affiche en totale inadéquation avec son contenu. Une comédie comme semblent vouloir l'afficher (par contrainte?) Benoit Poelvoorde et le jeune Jules Lefebvre quand en réalité, Profession du père, c'est d'abord le drame d'une petite famille vivant dans les années soixante au cœur d'une petite ville de province. Une famille qui a tout pour être heureuse mais dont l'existence est minée par un traumatisme. Celui du père qu'interprète justement l'acteur belge avec toute la puissance qu'on lui connaît, entre retenue et terribles crises de démence. Parce qu'il a vécu les horreurs de la guerre d'Algérie, André Choulans a développé de drôles d’obsessions qu'il va très rapidement reporter sur son fils auquel il va confier des missions périlleuses est inconcevables pour un enfant de douze ans. Traumatisme, oui. Mais aussi sûrement, mythomanie et paranoïa, lesquelles semblent diriger les propos et les actes de ce père aussi bouleversant qu'inquiétant. D'où cette qualité qu'à Benoît Poelvoorde à camper ce père avec toute la fragilité qui semble émaner de l'acteur, bien avant qu'elle ne transparaisse chez lui une fois démarré le tournage...


Profession du père tourne autour de très peu de personnages à vrai dire. Car en dehors de Benoît Poelvoorde, de l'excellent Jules Lefebvre dont certains regards et certaines attitudes sont bluffantes de maturité, on retiendra aussi l'actrice Audrey Dana dans le rôle de Denise Choulans, cette épouse aimante, patiente, mais jamais tout à fait innocente dans cette attitude qu'elle adopte parfois lorsque son époux s'emporte contre leur enfant. Graduellement, le film s'enfonce dans un cauchemar ordinaire qui tend à évoquer ces cas d'enfants battus mais qui trouve ici une explication. Voire, il est terrible de l'énoncer, une justification. Benoît Poelvoorde passe du père héroïque qui fait rêver son fils, au dangereux paranoïaque qui finit même par se méfie même de ses proches. Adapté du roman éponyme de l'écrivain français Sorj Chalandon réputé pour être particulièrement sombre, Benoît Poelvoorde retrouve le réalisateur Jean-Pierre Améris avec lequel l'acteur avait déjà tourné à deux reprises dans les comédies Les émotifs anonymes en 2010 et Une famille à louer cinq ans plus tard. Autant dire qu'avec Profession du père, le ton emprunté est bien différent. On ne s'y jette pas pour rire. Ou alors faut-il avoir l'esprit sacrément tordu pour se délecter du climat tendu qui peu à peu s'installe au sein de cette attachante famille et qui se termine sur un final pas vraiment joyeux avec un Benoît Poelvoorde qui rejoint au panthéon de la folie, celles et ceux que réalisateur et scénariste ont choisi d'abandonner à leur triste sort. Profession du père est une expérience fascinante qui nous offre la subtilité de ne pas juger ses personnages pour ce qu'ils portent de ''mauvais'' en eux. Si l'on s'attache immédiatement au jeune Émile grâce au talent et à la grande expressivité de son interprète et si Audrey Dana est elle-même très touchante dans le rôle de cette épouse ''coincée'' entre son amour pour André et son instinct maternel, c'est pourtant bien Benoît Poelvoorde qui continue de nous hanter longtemps après la fin de la projection... Troublant...

 

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