A Ghost Story
''made in
France''.
Voilà comme l'on pourrait juger de prime abord le second
long-métrage du réalisateur français Baptiste Drapeau (après
Venir sur ses pas
qui en 2016 échappa au format moyen à sept minutes près!).
Pourtant, si le film de David Lowery pouvait déconcerter par sa
lenteur et même agacer par sa trop grande prétention, les effets
néfastes que pourrait avoir celui de Baptiste Drapeau sont d'un tout
ordre. Messe basse
n'est pas dénué de défauts, loin s'en faut. Des ''tares'' qui ne
demeurent pas pour autant rédhibitoires pour une œuvre qui elle
aussi se penche sur une certaine idée des fantômes ou des
revenants. Ici, pas d'esprits frappeurs (les fameux poltergeists),
pas d'ectoplasmes façon slime (Ghostbusters 1
& 2)
non plus. Juste un mannequin de vitrine endossant les différents
costumes d'un homme mort il y a des années en arrière et dont
l'épouse conserve un souvenir maladif. Cette femme, c'est Elizabeth
qu'interprète l'immense Jacqueline Bisset qui, une fois n'est pas
coutume, nous fait l'honneur d'une interprétation en français. Face
à elle, l'actrice Alice Isaaz qui, n'en doutons pas un seul instant,
est la véritable vedette de ce film malgré la présence
charismatique de son aînée. Et qui interprète quant à elle, le
personnage de Julie, jeune étudiante qui apprend le métier
d'aide-soignante et qui va le temps de ses études, venir s'installer
dans la demeure d'Elizabeth. Une étrange septuagénaire qui n'a
apparemment pas accepté le décès de son époux et qui cultive son
souvenir en parlant avec lui malgré son absence. D'abord troublée,
Julie finit par accepter ce jeu étrange auquel s'adonne la vieille
femme avant de ressentir elle-même de drôles de sensations. Comme
si Victor était toujours en vie et apparaissait ponctuellement. Très
vite, Julie se fait à cette idée et se laisse séduire par cet
étrange ''fantôme'' qui semble lui-même conquis par la jeune
femme... au détriment d'Elizabeth dont le comportement, peu à peu,
va changer...
Une
fois atteint le générique de fin, Messe basse
laisse une impression aussi incertaine que l'étrange sentiment qui
nous étreint lors de la projection. Entre hommage sublime à la
solitude, l'absence, le souvenir et le déni et mise en scène naïve
confinant peut-être parfois à cet humour involontaire typique du
nanar, le cœur du spectateur balance. Tout aussi talentueuse que
puisse être Jacqueline Bisset, ses quelques crises de démences
convainquent assez mal. L'antagoniste qu'elle interprète pourrait
faire fuir, mais pas pour les bonnes raisons. Plutôt que d'effrayer,
Messe Basse
a plutôt tendance à faire sourire. La noirceur des univers parfois
décrits par Roman Polanski, François Ozon ou Michaele Hanecke s'y
retrouvent. Malheureusement, le cachet ''téléfilm''
du long-métrage tente à rabaisser sa valeur. Des qualités
légitimes que l'on retrouve notamment dans l'interprétation d'Alice
Isaaz, contrainte de converser avec un mannequin de vitrine et de
nous faire croire à cet improbable récit romanesque entre une jeune
étudiante (trop mûre pour son âge?) et ce qui s'apparente
éventuellement à une apparition fantomatique. Si certains
événements nous poussent à donner du crédit à cette approche
vaguement fantastique, Baptiste Drapeau semble préférer laisser
planer le doute et l’ambiguïté. L'apparition d'un Victor fait de
chair et d'os (dans la peau duquel se fond parfois l'acteur
François-Dominique Blin) aurait-il pris le pas sur le fantasme et
l'illusion de ses héroïnes ? Pas évident, surtout lorsque le
film s'achève sur un plan aussi brut et automnal que celui qui
clôturait l'étrange histoire d'amour qui nouait dans un même élan
Sophie Marceau et Jacques Dutronc dans le sublime Mes
nuits sont plus belles que vos jours
d'Andrzej Zulawski. Messe Basse,
malgré ses quelques défauts parmi lesquels certaines longueurs,
reste une œuvre honnête. Fantastique, drame et même thriller se
rejoignent en un même lieu clôt. Sans doute maladroit mais
parfaitement exécuté par son actrice principale, le premier mot qui
vient à l'esprit devant ce film est peut-être...''touchant''...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire