Séances de photos, de
diapositives, portraits accrochés aux murs, pluie découvrant les
généreuses formes de son héroïne... tout ou presque est prétexte
à montrer des corps de femmes nues. Delirium
de Lamberto Bava est un giallo érotique qui vit le jour sur les
écrans en 1987. Un an après le second volet du diptyque Démons,
seule œuvre avec son premier long-métrage Macabro
en 1980 qui mérite vraiment que l'on s'arrête un temps sur sa
carrière de réalisateur. Car si Lamberto Bava est connu pour être
le fils de l'illustre Mario Bava, il ne sera jamais parvenu à faire
de l'ombre à ce grand cinéaste italien dont le rejeton aurait mieux
fait de se tourner vers une autre carrière que celle qu'il a choisi
de mener pour le malheur des amateurs de cinéma d'horreur.
Delirium
vient à point nommé confirmer tout le mal que l'on pouvait
ressentir pour l'auteur de La casa con la scala
nel buio
qu'il réalisa quatre ans auparavant. Deux œuvres qui l'une comme
l'autre bénéficient de surcroît de doublages en français
désastreux. On sent bien que les doubleurs de Serena Grandi, Daria
Nicolodi, George Eastman, Sabrina Salerno ou Vanni Corbellini ne sont
pas totalement voués à leur métier. Un métier qu'ils semblent
d'ailleurs prendre avec légèreté tant le doublage de leur
personnage respectif demeure ce que l'on peut encore trouver de nos
jours comme parmi les pires. Il devient donc quasiment impossible
d'accorder le moindre crédit à tel ou tel personnage tant chacun
d'entre eux semble caricatural. Les doubleurs semblent avoir été
choisis lors d'un congrès consacré aux sourds et au malentendants
car alors comment expliquer que les uns et les autres ne puissent
s'empêcher de s'exprimer d'une voix beaucoup trop haut perchée ?
Serena
Grandi débuta sa carrière en 1980 dans Anthropophagous
de Joe D'Amato avant d'être employée cinq ans plus tard pour ses
formes généreuses par Tinto Brass dans Miranda.
Mère d'Asia Argento et compagne de son père Dario, Daria Nicolodi
tourna à plusieurs reprises auprès de ce dernier (et notamment dans
son chef-d’œuvre Profondo Rosso
en 1975) mais également pour Mario Bava (Schock
en 1977), Luigi Cozzi (Paganini Horror
en 1989) ou encore Michele Soavi deux ans plus tard (La
Setta).
Bon, on va pas se le cacher mais Delirium fait
surtout sourire. Surtout en raison de ses nombreuses incohérences
qui ne servent en réalité qu'à exploiter les formes de ses
interprètes féminines. Car alors, comment expliquer que l'héroïne
du récit sorte dehors en nuisette alors qu'il pleut à verse quand
il lui suffisait de revêtir un manteau ou de se munir d'un
parapluie ? Ou plus tard, lorsque l'une des victimes d'un tueur
s'en prenant à des mannequins jette au sol la serviette qui cachait
sa nudité lors de l'attaque d'un essaim d'abeilles plutôt que de
s'en servir comme protection ? Reposant sur un scénario
classique et sur une piteuse mise en scène, Lamberto Bava semble
tout d'abord miser sur ses superbes interprètes pour faire passer la
pilule auprès des spectateurs. Le film n'est qu'un prétexte à
contenter l'éventuelle lubricité et le voyeurisme du public lors de
séquences franchement ridicules. Comme celle qui montre notamment un
paraplégique se levant de son fauteuil roulant pour agresser de nuit
l'héroïne sur fond de violons synthétiques du pire effet.
Une
bande-son souvent médiocre pourtant signée du compositeur
britannique Simon Boswell qui fut tout de même l'auteur des
partitions de quelques excellents longs-métrages parmi lesquels on
trouve notamment Santa Sangre
d'Alejandro Jodorowsky, Petits meurtres entre
amis
de Danny Boyle ou Perdita
Durango
d'Alex de la Iglesia. Même si l'on oubliera très vite ce Delirium
de piètre intérêt, on pourra cependant se laisser séduire sur le
coup par l'originalité de certains meurtres : fourche plantée
dans le ventre de la première victime, essaim d'abeille piquant à
mort la seconde... le bodycount s'avère franchement léger mais
quelques visions morbides viennent pimenter l'ensemble. Comme lorsque
le tueur photographie ses victimes dans des postures relativement
dérangeantes ou lorsqu'est offerte l'opportunité de découvrir la
vision qu'il possède de celles qu'il s'apprête à tuer. Mais à
part ces quelques détails demeurant en outre insignifiants face au
naufrage que représentent la mise en scène de Lamberto Bava,
l'interprétation que le doublage en français n'arrange en rien et
l'ambiance sonore qui repose beaucoup sur une partition musicale
souvent épouvantable, Delirium
confirme
tout le mal que l'on peut penser du réalisateur italien. Un
minuscule giallo peu représentatif de ce genre fort heureusement
sublimé en son temps par le grand Dario Argento...
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